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12 juin 1925/Première exposition Miró à Paris

Par Angèle Paoli
Éphéméride culturelle à rebours


  Du 12 au 27 juin 1925 a lieu, Galerie Pierre, rue Bonaparte, à Paris, la première exposition Miró. Organisée par Jacques Viot. La préface de l'exposition est signée par Benjamin Péret et l’invitation par tous les surréalistes. Sont exposés trente et une peintures et quinze dessins de Juan Miró. Dont La Ferme (1921-1922), qui sera achetée par Ernest Hemingway.


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Miró, La Ferme (1921-1922),
Huile sur toile, 123,8 x 141,3 cm
Ancienne collection Ernest Hemingway (La Havane)
National Gallery of Art, Washington, D.C.


LA FERME

  Commencée à Montroig — la montagne rouge —, poursuivie à Barcelone et achevée à Paris, cette toile « détailliste » témoigne du « bonheur d'atteindre dans le paysage à la compréhension du brin d'herbe. »
  « Ce qui m'intéresse par-dessus tout », déclare alors le peintre, « c'est la calligraphie d'un arbre ou des tuiles d'un toit, feuille par feuille, rameau par rameau ». De fait, ce qui frappe dans la toile de La Ferme, c'est, au tout premier plan, le maïs aux feuilles chantournées et l'eucalyptus exubérant, mains ramifiées lancées vers le ciel. Un ciel d'un bleu presque trop éclatant, qui fige la lune blanche dans l'espace immobile. C'est aussi l'époque où Miró se livre à un inventaire minutieux de l'univers de la ferme catalane de Montroig, propriété de ses parents où l'artiste aime à séjourner. De cet univers observé avec la plus grande précision, La Ferme offre un exemple ordonnancé. Où alternent intérieur et extérieur. Le cheval dans l'étable ou la fermière à son lavoir. Les dépendances offrent au regard leurs murs lézardés, grignotés par le temps ou donnent à voir leurs étagements secrets — échelles et escabeaux, étagères et poutres ; greniers et mansardes, chèvre et coq, lapins et tourterelles. Tous présentés de dos ou de profil. Jusqu'aux outils et aux menus objets laissés aux abords des sillons du potager et aux menus habitants de la Terre, dispersés entre les mottes de terre et les légumes en cours de germination.

  Fortement individualisés, ces détails, isolés les uns des autres et figés au cœur même de l'énumération qui les rassemble, se posent d'ores et déjà comme « signes plastiques purs ». L'inventaire de La Ferme signe la fin de l'époque réaliste de Juan Miró. Et annonce par la schématisation et la stylisation des objets, le répertoire poétique et onirique des formes de demain.

Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli



Voir aussi :
- (sur Terres de femmes) Joan Miró/Étreintes.



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