Comment financer un tour du monde d'un an ?
J'adore faire des calculs, des budgets. Jouer avec les chiffres, imaginer comment financer un voyage autour du monde, combien mettre de côté pour faire les voyages dont j'ai toujours rêvé.
Je ne peux pas vous faire un budget estimatif - cela dépend tellement des pays, des billets d'avion, des offres, du niveau de vie local, que ça n'aurait aucun sens. Mais 10 000 € semble être une bonne moyenne - basse - d'après les conversations que j'ai pu avoir avec ceux qui ont fait un tour du monde d'un an. En tout cas, moi, ça m'a suffit.
1 / Mettre de l'argent de côté
La solution la plus évidente et la plus courante ! Si vous avez du mal à épargner et à garder une certaine discipline, ou si vous finissez toujours par piocher dans votre compte épargne pour boucler votre fin de mois, je vous conseille une astuce que j'ai très récemment découverte.
Allez-voir votre banquier. Dites lui de vous créer un compte bloqué, alimenté par des prélèvements invisibles sur TOUTES les entrées d'argent de votre compte en banque. Lorsque l'argent (de votre paie, de la CAF, d'une bourse) apparaitra sur votre compte en banque, sans que ne le " sachiez ", un montant (ou un pourcentage) lui aura été préalablement soustrait.
Imaginons que vous gagnez 1500 € net par mois. Si vous demandez à votre banquier de prélever 10% de l'ensemble de vos revenus pour les mettre automatiquement sur un compte bloqué sans pouvoir y toucher jusqu'à atteindre une certaine somme, il vous faudra 5 ans et demi pour accumuler suffisamment d'argent pour faire le tour du monde.
2 / Utiliser les allocations chômages de Pôle Emploi (ARE)
Parmi ceux qui font le tour du monde, il y a généralement deux catégories de voyageurs français :
- Ceux qui ont demandé une année de césure (et sont donc assurés de retrouver un emploi à leur retour)
- Ceux qui ont quitté un poste (et sont donc, normalement, inscrits à Pôle Emploi).
Le montant de votre ARE est évidemment variable suivant le salaire qui était le votre. Mais, même avec un tout petit salaire, même avec le SMIC, l'ARE permet souvent de financer une bonne partie du voyage. Si votre salaire annuel brut était de 16 000 €, vous êtes censé pouvoir toucher environ 850 € par mois. Personnellement, je dépense entre 600 et 800 € par mois lorsque je voyage !
3 / Recourir aux Visas Working Holiday
Le Programme Vacances Travail (PVT) ou Working Holiday, permet aux voyageurs de voyager tout en travaillant dans les pays dans lesquels ils se trouvent.
Liste des destinations PVT / Visa Working Holiday pour les Français :
- Argentine
- Australie
- Canada
- Chili
- Colombie
- Corée du Sud
- Hong Kong
- Japon
- Nouvelle-Zélande
- Singapour
- Taïwan
Bref, il y a de quoi faire le tour du monde avec ça !
4 / Recourir à un prêt bancaire
Un prêt bancaire pour financer un voyage autour du monde ... Ca peut faire peur, mais si vous ne voulez pas attendre cinq ans avant de franchir le pas (parce que vous êtes en couple et que c'est avec cette personne que vous voulez voyager, parce que dans cinq ans vous aurez surement des enfants, etc), le prêt bancaire est une solution qui mérite réflexion.
Si l'offre de votre banque ne vous convient pas, vous pouvez toujours jeter un oeil à Prêt d'Union, une jeune startup qui permet de contracter des prêts personnels entre particuliers et donc, à des taux souvent plus avantageux que dans les banques classiques. Les prêts se font en ligne - donc de n'importe où, ce qui peut permettre de sortir en urgence d'une mauvaise situation à l'autre bout du monde.
Exemples de TAEG pour un prêt de 3000 € sur 24 mois :
- Prêt d'Union : 130,05 €/mois (TAEG : 7,58 % - montant total : 3121,20 €)
- Cetelem : 150 €/mois sur 23 mois (TAEG : 15,99 % - montant total : 3458,88 €)
- Cofidis : 126 €/mois sur 29 mois (TAEG : 19,98 % - montant total : 3732,60 €)
Ces simulations dépendent évidemment du profil de l'emprunteur (salaire mensuel? Inscrit au FICP ? etc).
1 / Créer un blog de voyage et compter là-dessus pour gagner de l'argent
Je tire l'essentiel de mes revenus de ce blog. Pour autant, je ne me risquerais pas à compter là-dessus pour financer un voyage autour du monde car les revenus sont beaucoup trop aléatoires. Certains mois, je ne gagne rien du tout ; je m'en sors grâce à des mois précédents plus heureux, mais imaginez le soucis lorsqu'il faut faire face à un imprévu au beau milieu des Etats-Unis ou de la Chine !
2 / Espérer vendre des reportages aux journaux depuis l'étranger
Le journalisme est un métier qui ne s'improvise pas. Et, même pour ceux qui se revendiquent de cette profession, vendre des piges aux rédactions est de plus en plus difficile. Manque de budget, nombre de jeunes journalistes qui est en constante augmentation, titres de presse en crise, manque d'intérêt pour la plupart des endroits du monde qui ne sont pas concernés par une actualité immédiate (élections américaines, catastrophes naturelles ...) ou par le terrorisme ; bref, ça réduit fortement les possibilités. Et puis, travailler en vacances est toujours une mauvaise idée.
3 / Penser que ses photos sont tellement belles qu'on vous les achètera
Là encore, peut-être que vous, lecteur, vous particulièrement, vous êtes un excellent photographe. Peut-être avec vous déjà publié des photos dans Paris Match, dans Libé, dans le National Geographic ; peut-être que Polka s'est dit intéressé par l'un de vos portfolios, peut-être que vous avez remporté un ou plusieurs prix de photographie. Pour tous les autres, les photos que vous prendrez sur place serviront à vous constituer un book et des portfolios que vous pourrez, dans un second temps, présenter aux pros à votre retour en France. Mais les vendre en étant sur place sera difficile, à moins d'être au milieu d'un gros évènement imprévisible (catastrophe naturelle, attentats, manifestations d'une ampleur inédite, guerre, etc).
4 / Travailler sur la route
Comprenez-moi bien : travailler sur la route, c'est possible, et c'est même assez facile. A l'accueil d'une auberge de jeunesse ou d'un hôtel, par exemple - c'est ce que font pas mal de backpackers qui se laissent volontairement exploiter en échange d'un lit dans un dortoir ou d'une chambre, souvent sans être rémunéré.
Mais, voilà : ok, vous économisez le prix d'une nuitée. Mais le coût de la vie, de la nourriture, des petits extras, reste là. A moins d'être rémunéré correctement, travailler sur la route consiste davantage à ralentir l'inexorable écoulement du portemonnaie et retarder le moment de rentrer chez soi, qu'à permettre de mettre des sous de côté pour continuer le voyage.
La plupart de ceux qui liront cet article partiront pour un tour du monde d'un an, qui sera vécu comme une année de césure ; des vacances à durée déterminée, où le plus important, selon moi, est de vivre un maximum de choses sans se priver, en se faisant plaisir le plus possible, en multipliant les rencontres ; pas forcément compatible avec la sédentarité requise lorsqu'on choisit de s'installer un moment pour travailler quelque part.
En revanche, si vous avez du temps devant vous, si vous n'avez pas d'impératif de retour, trouver un endroit où l'on se sent bien, où l'on peut travailler et où l'on peut se créer un petit quotidien, même éphémère, reste pour moi la plus belle et la plus enrichissante façon de voyager.