Les vampires ne sont pas tous de redoutables séducteurs ténébreux et puissants. Et si ils étaient bien loin de cette idée romantique un peu mièvre? Voilà le propos de cette anthologie qui regroupe douze auteurs. Sortons des sentiers battus et proposons une vision moins romantique de ce concept. Pari tenu?
Et bien je vous dirai, ça dépend. J’attendais d’être surprise, car c’est un sujet que je trouve très éculé et qui me lasse. Dans la plupart des cas je l’ai été et j’ai trouvé très intéressante l’approche des auteurs qui n’hésitent pas à utiliser les caractéristiques du vampire dans des intrigues déroutantes et marquantes. C’est le cas notamment de Neverland, où un jeune enfant essaie de comprendre pourquoi il ne peut pas mourir, et pourquoi ni les autres enfants du centre médical qui l’accueille ne vieillissent. Dans Pétrus, c’est à un chat domestique que la parole est donnée, chat bien particulier qui n’a aucun scrupule à laisser son maître se demander pourquoi il retrouve toujours ses conquêtes exsangues dans le lit au petit matin. On n’hésite pas à aborder la version absurde, teintée d’humour, de ce vampire qui ne supporte que le sang pur, sans aucune substance ajoutée, si rare de nos jours, dans Dis-moi qui tu manges, ou même la question du changement de sexe rendu impossible par une vampirisation inattendue dans Mademoiselle Edwarda, particulièrement touchante et mélancolique.
D’autres sont allés encore plus loin dans l’originalité, pour mon plus grand plaisir. Dans Les Naomis par exemple, on nous emmène dans une expédition en Amérique du Sud à la rencontre d’une tribu d’enfants qui vénèrent une race particulière de chauve-souris, une race qui se nourrit de sang. Il faut y attendre un moment pour voir réapparaître le thème vampirique et c’est réussi. On a aussi décalé le contexte, pour placer une vieille mamie vampire au fond d’une salle de classe pour défendre sa petite-fille contre ses professeurs, ou lutter contre un autre vampire à coup de gros calibre, dans Noblesse d’âme.
J’ai eu plus de mal avec d’autres nouvelles qui tentaient de renouveler le genre en le mélangeant à d’autre. Qu’il s’agisse de la SF avec Cuttle Fish où le vampire devient une créature à tentacule dont le métier est d’être acteur, du steampunk dans Comme un coeur qui bat où le vampire se lamente de l’omniprésence de créatures mécaniques à la place d’êtres de chair et de sang, ou de Déchéances où le vampire affronte une apocalypse zombie, le mélange ne m’a jamais paru très heureux. Même dans Si tous les rois de la terre, malgré l’idée séduisante de situer les vampires parmi les hautes têtes couronnées de l’empire napoléonien, avec urgence à les cacher, et malgré une plume particulièrement raffiné, j’ai peiné à retrouver un motif vampirique convaincant.
Malgré ces quelques textes qui m’ont moins touché, j’ai trouvé le concept de l’anthologie très intéressant et le résultat convaincant.
La note de Mélu:
Pari gagné!