Paradise lost - 7/10

Un film de Andrea Di Stefano (2014 - France, Espagne, Belgique, Panama) avec Benicio Del Toro, Josh Hutcherson, Claudia Traisac, Brady Corbet

Incomplet.

L'histoire : Un jeune Canadien, Nick, s'est installé sur une plage de Colombie avec son frère, pour tenir une petite boutique et donner des cours de surf. Il tombe amoureux d'une jeune beauté locale, Maria, et se trouve chaleureusement invité dans la famille, dont le patriarche, chef de clan aimé et respecté, Pablo Escobar, est l'oncle de Maria. Visiblement très riches, les Escobar mènent grand train et lorsque Nick demande à sa fiancée dans quoi ils ont fait fortune, elle répond avec une naïveté déconcertante : cocaïne. Devant la tête que fait son amoureux, elle précise que la culture de la plante fait travailler des milliers de gens et que Pablo redistribue une grande partie de sa richesse aux pauvres. Faisant désormais partie de la famille, Nick se trouve bientôt complètement déchiré : quitter Maria à tout jamais ou se mettre au service de Pablo. Comme tout le monde.

Mon avis : Pablo Escobar est une légende. Une légende du grand banditisme, bien sûr, en tant que trafiquant de drogue, l'un des plus gros qu'on ait connus ; une légende pour les pauvres gens aussi, pour lesquels il faisait construire des maisons, des routes, des hôpitaux... J'attendais depuis longtemps un vrai bon biopic. Ce film n'est pas mal, mais le fait d'avoir inventé ces personnages fictifs, la nièce et son amoureux, faussent complètement la donne et cette histoire parallèle se déroule au détriment de celle d'Escobar. Dommage, vraiment. Le personnage méritait une plus ample description, depuis l'origine de son trafic jusqu'à sa mort et en mettant bien en balance, et toute objectivité, tous ses paradoxes, charme et toxicité, bien et mal, avec en toile de fond une violence qui elle ne souffre aucune justification. Je trouve qu'on voit un peu trop ici le pater familias que le chef de gang, meurtrier sans scrupule.

Au final, on n'a pas appris véritablement grand-chose sur Pablo Escobar.

Le gros atout du film, c'est Benicio, absolument épatant. Cet acteur est extraordinaire, il se fond dans ses personnages, c'est une merveille. Je n'en dirais pas autant de Josh Hutcherson, aucun charisme, toujours la même grimace au carré et un air niais franchement agaçant. Pas du tout crédible dans les situations cornéliennes, et très inattendues, auxquelles Nick se trouve confronté... Par contre la jeune Claudia Traisac est fraîche comme un bouton de rose ; incroyable de grâce et de naturel. 

Sinon, la facture est assez classique. C'est intéressant, suffisamment bien mené pour entretenir une certaine tension tout au long du film. Ca peut faire penser au Dernier roi d'Ecosse (bien plus fort cependant) : un étranger, fasciné par le charme exotique d'un pays, puis d'un "méchant", et qui se retrouve malgré lui entraîné à travailler pour lui.

A noter la présence (quelques secondes par ci par là), d'Ana Girardot, production française oblige.

Les critiques sont plutôt bonnes. Les plus acides regrettent la place de la romance qui met des paillettes sur un sujet qui devrait être traité frontalement, car ignoble. C'est un peu le même topo côté public. 130.000 entrées en France.

Mais je crois que je vais néanmoins assez vite l'oublier...