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Brunetti entre les lignes, polar de Donna Leon

Par Mpbernet

entreleslignes

Le nouvel ouvrage de Donna Leon se lit d’un trait, évoquant des sentiments profondément humains, des passions comme l’amour des livres anciens, l’ambition d’être admis dans un cercle restreint de relations par le biais du mécénat … mais aussi la dissimulation, le gout de l’argent facile, la perversion menant au crime …

Comme dans tous les livres de Donna Leon, l’important est l’ambiance. Nous voici, pénétrant à la suite du commissaire Guido Brunetti, dans celle d’une bibliothèque riche de volumes du XVIème siècle, humant l’odeur des reliures de cuir ornées de dorures, circulant entre les rayonnages étroits, feuilletant le vélin cassant, page après page, à la recherche des marques des précédents propriétaires et, hélas, de moignons de pages – généralement des cartes illustrant des récits de voyages ou des descriptions de végétaux – qu’un vandale éclairé a coupées pour les vendre à des amateurs. Détresse de la directrice, inquiète des réactions de la comtesse qui a confié sa collection à l’institution. Cependant, bien peu de monde fréquente la bibliothèque … et tous doivent communiquer leur identité. Ici, on se souvient de deux habitués : un américain professeur d’université et un lecteur quasi permanent, lisant dans le texte les Pères de l’Eglise. Le personnel lui a donné un nom : Tertullien.

Brunetti ne connait pas la valeur des livres anciens, même s’il lit avec ferveur les auteurs antiques. Il a donc bien du mal à évaluer l’ampleur du préjudice. Cependant, il a déjà rencontré la comtesse, une relation de sa belle-famille. Les investigations scientifiques vont tenter de retrouver les empreintes de ceux qui ont manipulé les ouvrages … mais leurs auteurs ne figurent probablement pas dans les fichiers habituels de la police. Jusqu’à ce qu’on découvre le cadavre violemment agressé de celui qu’on surnomme Tertullien, juste avant que le commissaire ne vienne l’interroger … et ne découvre, sur les rayons de sa bibliothèque personnelle, un certain nombre des ouvrages dérobés …

A priori donc, une intrigue simple. Pimentée, comme d’habitude, par des considérations sur la corruption des administrations italiennes et le scandale du passage à travers le Grand Canal des gigantesques paquebots de croisière qui dégradent ses quais.

On finit par se faire une raison face à la dénonciation récurrente de ces travers italiens. On ne retiendra que les personnages complexes et attachants, et, finalement, la solution inattendue de l’énigme, donc une excellente cuvée de ce nouveau Donna Leon.

Brunetti entre les lignes, "By Its Cover", polar de Donna Leon, traduit par Gabriella Zimmermann, édité par Calmann-Lévy, 300 p., 21,50 €.


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