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(anthologie permanente) Jean-François Mathé

Par Florence Trocmé

Laurent Albarracin a publié cette note de lecture du livre de Jean-François Mathé sur le liste de Pierre Campion et a choisi ces extraits pour Poezibao.
Dans certaines journées
passées sous silence
j’attends qu’une ombre,
sur les pages d’un roman ouvert,
glisse un autre récit,
une légère aventure
(d’oiseaux ou de nuages)
qui sans mots
embarquerait mes yeux
puis les abandonnerait
vides contre la page vide
de la lumière.
*
      à Cécile Guivarch
J’ai cherché aujourd’hui dans ma vie
ce qui aurait la simplicité d’une source.
Mais où sont les sources
maintenant qu’on a jeté sur elles
tout ce temps qui les a emmurées
Et qu’au-dessus
il ne reste plus dans les herbes
que du vent,
et les battements de mon cœur
seuls sauvés du silence ?
Je garde les yeux ouverts
dans mon rêve sans sommeil
où ce que j’avais autrefois caressé
devient un chien qui montre les dents.
*

      à Gwen Garnier-Duguy
Je laisserai la porte ouverte
et le vent sur le seuil sera
l’autre porte de la vie sans limite
que l’on enferme pas.
Allez, mes pas,
oublier l’étreinte de la terre
par les pentes qui sont déjà du ciel.
M’accompagneront ceux
qui toujours avancent
parce qu’ils n’ont plus rien
où appuyer leur dos.
Parce que tout est devant,
dans le nouveau paysage.
Toutes les couleurs ont attendu
la fin de la pluie
et font danser l’étoffe du monde.
Jean-François Mathé, Retenu par ce qui s’en va, éditions Folle Avoine, 2015, pp. 12, 23 et 26.
Bio-bibliographie de Jean-François Mathé.


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