12 juin 2008
Quel redressement !
La tour de Pise a interrompu sa course vers l'abîme. «Nous pouvons dire d'une manière sûre qu'elle est à l'abri pour 300 ans», affirme Michele Jamiolkowski, ingénieur qui a dirigé le collectif scientifique responsable de la consolidation de l'édifice. En 1993, l'inclinaison par rapport à l'axe vertical avait atteint la limite extrême, 4,47 mètres. La tour, construite en deux étapes entre 1174 et 1275, surplombant de 56 mètres la place des Miracles, risquait à tout moment de s'effondrer.
Des travaux titanesques ont aussitôt démarré :
excavation des fondations, coulage de centaines de tonnes de béton pour
la stabiliser, cerclage des anneaux, drainage du sol pour alléger la
nappe phréatique sur laquelle elle a été érigée.
En quatorze
ans, la construction de près de 15 000 tonnes a été redressée d'un
demi-mètre. Aujourd'hui, elle ne penche plus que de 3,99 mètres. Elle
continue de bouger vers l'ouest, par exemple quand le soleil se lève ou
en fonction des mouvements de la nappe phréatique, mais il s'agit
d'oscillations physiologiques de faible amplitude.
Dès l'été
2004, le monument avait retrouvé sa stabilité. Les experts ont
cependant attendu quatre ans pour être certains de leurs mesures. Les
travaux, qui ont coûté 27 millions d'euros, ont permis de surprenantes
découvertes. La tour a été construite sur une opulente villa
patricienne du IIIe siècle de notre ère, elle-même érigée sur une
nécropole romaine surplombant un cimetière étrusque. Deux corps
momifiés ainsi que des fragments de mosaïque romaine ont été récupérés.
D'ici
à l'automne, les experts veulent la débarrasser des aménagements
obstruant les étages. Il redeviendra alors possible, comme il y a
soixante-treize ans, de voir le ciel de l'intérieur, comme dans un
gigantesque télescope.