Il y a exactement vingt ans, je suis entré dans une salle de cinéma, j’ai pris place et me suis laissé embarqué par le second film de David Fincher : Seven.
J’en suis sorti, comme la plupart des spectateurs, bouleversé par l’histoire, anéanti par la scène finale. J’avais la sensation d’avoir vu une sorte de chef d’œuvre…
Depuis, ce film demeure pour moi un modèle du genre. Sombre à souhait, remarquablement écrit, totalement maîtrisé, abouti. Un entonnoir d’ombres et d’enfers dont on ne peut sortir. Ni les personnages, ni le spectateur.
Sans oublier cette incarnation du mal absolu incarnée par Kevin Spacey.
Dix ans plus tard, quand j’ai créé le personnage d’Aïcha Sadia, je savais qu’un jour je la plongerai dans un univers comparable à celui de Seven.
Et puis l’heure du noir absolu est arrivée.
Pendant quelques mois, j’ai laissé de côté mon champ de travail habituel : le roman noir, poétique, politique et social.
Je me suis immergé dans l’univers de Hyenae.
J’ai construit l’histoire, agencé chaque chapitre. À mesure de l’écriture, j’ai commencé à avoir peur. Et là, je me suis dit que j’étais sur la bonne voie.
L’écriture de Hyenae fut une sacrée expérience. M’immerger dans le psychisme d’un tueur sans limite, me frotter à l’enfance bafouée, guider mes personnages sur une voie sans issue, les condamner à aller jusqu’au bout. Au-delà même de qu’ils peuvent imaginer.
Je me souviens du jour où j’ai terminé le roman. De l’instant où j’ai écrit la dernière phrase.
J’étais soulagé d’être allé jusqu’au bout. De ne pas avoir flanché.
Deux heures plus tard, l’idée d’une suite m’est devenue urgence. Contrairement à Seven, ne pas laisser mes personnages principaux là où je les avais abandonnés.
Sans attendre, j’ai entamé l’écriture de Parjures. Une suite comme une délivrance…