Magazine Culture

Serge Gainsbourg-L'Etonnant-1961

Publié le 23 février 2016 par Numfar
Serge Gainsbourg-L'Etonnant-1961

AVRIL 1961

Ce mois-ci, sortie du troisième 25 cm de Serge Gainsbourg: "L'Etonnant Serge Gainsbourg".

Un titre étrange pour un disque très inégal.

La chanson de Prévert (Serge Gainsbourg)

En relisant ta lettre(Serge Gainsbourg)

Le rock de Nerval (G. De Nerval-S.Gainsbourg)

Les oubliettes(Serge Gainsbourg)

Chanson de Maglia (V.Hugo-S.Gainsbourg)

Viva Villa(Serge Gainsbourg)

Les amours perdues(Serge Gainsbourg)

Les femmes c'est du chinois (S.Gainsbourg-A.Goraguer)

Personne(Serge Gainsbourg)

Le sonnet d'Arvers (AF. Arvers-S.Gainsbourg)

Gainsbourg est menacé par la nouvelle vague mais s'entête dans la chanson réaliste littéraire, reprenant trois nouveaux textes classiques en jazz ou rock.

"La chanson de Prévert" a été créée par Michèle Arnaud, "En relisant ta lettre" et "Les oubliettes" par Jean-Claude Pascal, quant aux "Amours perdues", elle avait été créée par Juliette Gréco deux ans auparavant.

"Le rock de Nerval" est une adaptation en slow chaloupé (et non en rock) d'un texte de Gérard De Nerval.

"Allons mon andalouse,

Puisque la nuit jalouse,

Etend son ombre aux cieux,

Fais à travers son voile,

Briller sur moi l'étoile,

L'étoile de tes yeux".

"Chanson de Maglia": musique langoureuse, ambiance déprime, pour un texte de Victor Hugo.

"Vous êtes bien belle, et je suis bien laid.

A vous la splendeur de rayons baignés.

A moi la poussière, à moi l'araignée,

Vous êtes bien belle, et je suis bien laid."

Pour "Viva Villa", Gilles Verlant parlait (je cite) de "flutes mexicaines énervantes" et effectivement, je n'ai pas trouvé mieux.

Gainsbourg tente de pondre une bio sur Pancho Villa, le révolutionnaire mexicain, mais c'est aussi chiant que du Gloria Lasso.

On peut presque y voir les prémices de "Bonnie & Clyde" pour le côté histoire de personnages mythiques qui termine mal, et "La guérilla" qu'il écrira pour Valérie Lagrange, mais le génie en moins.

"Deux fusils, quatre pistolets,

Et un couteau à cran d'arrêt,

Allaient à Guadalajara.

Ce fut un fameux carnaval,

Quand on fit sauter l'arsenal,

Qui s'appelait Pancho Villa.

Il est là au pied du calvaire,

Il vient de mordre la poussière,

Les vautours ne lui laisseront,

Que les os et les éperons.

Viva Villa, Viva Villa, Viva Villa!"

"Les femmes c'est du chinois" est le meilleur titre du disque, avec un texte de pur génie, un peu oublié de l'histoire, malheureusement.

"Les femmes c'est du chinois,

Le comprenez-vous? Moi pas.

Celle-ci est une gamine,

qui tient tellement à sa peau,

Qu'elle baisse ses yeux encre de chine,

mais jamais son kimono.

...

Telle autre quand elle se couche,

est avide de sensations,

Vous riez jaune, la fine mouche,

Compte les autres au plafond.

Celle-là quand elle perd la bataille,

Pour ne pas se donner à l'ennemi,

De votre sabre de samouraï,

Elle se fait hara-kiri.

A genou vous demandez grâce,

mais celle-ci rien ne l'attendrit.

Il vous faut mourir par contumace,

Au 13e coup de minuit."

"Personne" ressemble à ces standards américains style Frank Sinatra ou Dean Martin.

"J'ai peur de ne prendre intérêt à rien du tout,

Mais à personne.

Je ne m'en irai plaindre même pas à vous,

Belle personne.

Vous que j'aime, que j'aimerais, que j'ai aimée,

Plus que personne.

Vous qui faites l'innocente vous le savez,

Mieux que personne."

"Le sonnet d'Arvers" est une adaptation rock d'un poème d'Alexis Félix Arvers.

"Ma vie a son secret, mon âme a son mystère,

Un amour éternel en un moment connu.

Le mal est sans espoir aussi j'ai dû me taire,

Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su."

En bref, de belles chansons, d'autres plus médiocres, mais surtout, l'impression que Serge Gainsbourg s'éloigne du public, se raccrochant à une chanson moribonde et des références littéraires qui passent largement au-dessus de la tête des fans de Johnny Halliday.

Encore une fois, "La chanson de Prévert" passe beaucoup à la radio, mais ce nouveau disque ne se vend toujours pas.

© Pascal Schlaefli

Urba City

23 Février 1961

Du même auteur:

Serial Angel Vol.1:

Anastase & Perfidule (2014-gratuit sur Itunes)

The Blacksouls (2015)

Serial Angel Vol.2:

Runaway Suzi (à paraître)

 Blog: Serialangel.centerblog.net

Partager : J'aime

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Numfar 50 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte