Il y avait longtemps que nous n'étions pas revenus dans ce superbe endroit, passant pourtant si souvent au coin de la rue de Varenne ...
Après plusieurs mois de travaux rendus indispensables pour mettre le musée aux normes d'accessibilité, et reprendre cloisons, plafonds et parquets, et remettre au goût du jour le parcours muséographique, ce lieu de culture est de nouveau à la disposition du public dans son intégralité depuis le mois de novembre dernier.
L'écrin d'abord : un bâtiment d'une beauté formelle sans équivalent à Paris ou presque, terminé en 1730. C'es le duc de Lauzun, Louis-Antoine de Gontaut, Maréchal de Biron (1701 - 1788) qui lui a laissé son nom : un "pays" ! Avant que le grand sculpteur ne s'y installe, l'hôtel a connu des fortunes diverses : loué pour l'organisation de bals après la Révolution, institution religieuse pour jeunes filles de bonne famille, résidence pour artistes au début du XXème sièle. Rodin s'y installe en 1908, mais aussi Cocteau, Matisse, Isadora Duncan.
La rénovation, réalisée sous la responsabilité de l'architecte Dominique Brard (Atelier de l'Ile), remet en valeur somptueusement le décor rocaille de l'immeuble : les boiseries de chêne des rotondes du rez-de-Chaussée, les parquets, les supports sobrement modernes des sculptures et surtout les subtiles nuances des murs, choisies par la maison Farrow & Ball. Des gris-bleus veloutés qui mettent en valeur les marbres blancs, le gris-taupe du rez-de-chaussée spécialement créé pour le musée - Biron gray - ce vert-bleu plus léger ... C'est décidé, lorsque nous repeindrons notre salon parisien, ce sera dans cette gamme de coloris !
Les trésors exposés enfin : la progression dans le style, les plâtres préparatoires - par exemple le buste de Clémenceau - la hardiesse de l'homme au nez cassé, les groupes torturés, la collaboration avec Camille Claudel. En outre, on peut voir désormais la collection personnelle de l'artiste : le portrait du Père Tanguy par Van Gogh, le sublime nu de Renoir, le penseur d'Edward Munch, l'importante collection d'antiques.
La donation à l'Etat par Rodin, en 1916, représente 6600 sculptures, 8000 dessins, 7000 objets d'art, des photographies ... Un patrimoine inouï à la portée du public qui ne s'y trompe pas puisque le musée reçoit chaque année plus de 700000 visiteurs.
Ne pas oublier non plus les grandes oeuvres présentées dans le jardin : la porte de l'Enfer, jamais achevée, le penseur, les trois ombres ...même en hiver, les bosquets du jardin, paysagés de façon contemporaine, forment un décor magnifique vu du haut des grandes fenêtres de l'étage noble ...
Bref, un musée aussi enrichissant par son enveloppe que par son contenu, à visiter préférentiellement un dimanche de vacances scolaires, à l'heure du déjeuner, pour s'éviter autant que possible une queue interminable