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Interview de Franck Thilliez par Mosésu

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir
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C’est en 2003 que Franck Thilliez sort son premier roman, “Train d’enfer pour l’ange rouge“… Premier livre, première nomination pour le prix du polar français de la SNCF. La suite fut une ascension fulgurante dans le milieu du polar français… Dernièrement, il a écrit une nouvelle dans « Irradié », recueil qu’il a également parrainée au profit des « Enfants de Tchernobyl ». C’est ainsi qu’il a été sensibilisé au don d’organes, sujet de “[ANGOR]“, son prochain roman à paraître en octobre.

En 2005 il publie “La Chambre des morts“, le succès de ce livre rencontré auprès du public lui permet de cesser son travail d’ingénieur en nouvelle technologie.
Orfèvre de l’écriture à suspense, auteur faisant un énorme travail de recherche afin de coller au mieux à la réalité, en onze années de carrière littéraire, Franck est toujours au sommet. Chacun de ses livres est attendu avec impatience. Mais l’homme au best-seller annuel, celui qui est aussi scénariste, celui dont le producteur américain des films de Wes Anderson, “Indian Paintbrush“, a acquis les droits de la série de livres mettant en scène les personnages fétiches de Franck – Franck Sharko et Lucie Henebelle – eh bien, malgré tout cela, Franck est resté un homme très simple, proche de son public, allant à sa rencontre lors de salons et dédicaces.

Mais il est aussi un homme de cœur, s’engageant pour certaines causes

En mai de cette année, vient de paraître aux éditions de l’Atelier Mosésu, un recueil de nouvelles : “Irradié“(1); Franck Thilliez est le parrain du recueil, auteur d’une des nouvelles. Lui et les douze auteures engagées à ses côtés ont fait cession de leurs droits pour l’association “Nord-Pas-de-Calais Tchernobyl“, une association du Nord de la France regroupant des familles qui chaque été vont accueillir chez eux un enfant de la zone de cette catastrophe du 26 avril 1986. Il faut savoir que, plus de trente ans après, la radioactivité est toujours présente en quantité trop élevée, la zone est plus que contaminée, et des enfants vivent non loin de là…

Sébastien Mousse : Bonjour, Franck, bienvenue dans le magazine Revivre ! Tu as accepté de faire une nouvelle pour les enfants de Tchernobyl, pour leur donner un peu de bien-être, tu es le parrain de ce recueil, une cause qui te touche ?

Franck Thilliez : Ce thème me touche vraiment. Il y a plus de 10 ans, mon épouse et moi-même, nous avons justement accueilli une petite fille par le biais de cette association, sur la durée d’un mois d’été. Ce fut une expérience extra, pour nous, pour l’enfant, mais ça m’a aussi beaucoup fait réfléchir. Comment des enfants qui n’avaient pas connu l’explosion de la centrale de Tchernobyl (1986) pouvaient être atteints de graves maladies liées à la radioactivité ? C’est pour cette raison que j’ai écrit “Atomka“ en 2012, j’avais envie de creuser le sujet en profondeur. Remettre le couvert avec une nouvelle pour “Irradié“ était pour moi une nouvelle occasion d’en parler…

SM : Revivre, c’est le magazine du don d’organes et de la greffe, FRANCE ADOT œuvre pour informer et sensibiliser sur la cause du don d’organes, de tissus et de moelle osseuse. Un sujet malheureusement parfois difficile et tabou auprès du grand public. Il me semble avoir lu sur ton site, que “[ANGOR]“, ton roman qui sortira en octobre aux éditions Fleuve Noir, est axé autour de ce thème ?

FT : Effectivement, le thème du don d’organes est au cœur même de mon histoire, puisque l’un de mes personnages, Camille, une jeune gendarme, est une greffée du cœur depuis un an. Malheureusement, l’organe est en rejet chronique et Camille a besoin d’un nouveau cœur. L’histoire que j’ai imaginée traite de tous les aspects de la greffe d’organes, je ne peux pas trop en dire, au risque de dévoiler l’intrigue, mais je voulais que les lecteurs comprennent bien comment toute la chaîne du don fonctionne, et j’espère convaincre quelques lecteurs qui se posaient des questions à devenir des donneurs potentiels.

SM : Le don d’organes, entre autres, est aussi un sujet qui te tient à cœur ?

FT : Oui, bien sûr. L’exergue de mon roman est “À ceux qui sauvent des vies“. En écrivant cette dédicace, je pensais aux donneurs d’organes, mais aussi à toutes les équipes médicales, de secours, qui sont engagées dans ce combat, cette course contre la montre. Le point fort des romans policiers est qu’il permet à leurs auteurs de faire passer des messages, des convictions par l’intermédiaire de leurs personnages. L’enquête n’est qu’un prétexte, finalement, pour apporter des idées sur des sujets qui nous émeuvent, nous heurtent, nous mettent en colère. Le don d’organes, c’est tout cela à la fois. D’un point de vue purement “romanesque“, le sujet des greffes est très fort pour un roman à suspense. J’ai le sentiment qu’on tombe immédiatement en empathie avec un personnage greffé, qui est bien conscient qu’il est vivant parce qu’un anonyme a fait ce geste d’une incroyable solidarité : offrir ses organes pour que d’autres personnes vivent.

SM : Toi-même, es-tu donneur ? As-tu une carte, as-tu dit si un jour… Peu de gens osent le dire, je me souviens que, personnellement, lorsque j’ai pris la carte il y a plus de vingt ans, ma femme n’a pas aimé, comme si cela était une geste de pessimisme et non d’espoir, de solidarité.

FT : Je suis donneur, je n’ai pas de carte, mais mes proches le savent. Et finalement, “Angor“ est ma carte de donneur !
Dans ce roman, je soulève les nombreuses interrogations que l’on peut se poser sur le don. Au cours de l’histoire, je cite, à un moment, une anecdote qui, pour moi, est représentative de l’un des grands problèmes du don d’organes : un jour, un jeune homme, aux portes de la mort, reçoit un cœur qui lui permet de reprendre une vie normale. Coup du sort, il meurt d’un AVC deux ans plus tard. Ses organes sont viables, le cœur peut à nouveau être donné. Et là, les parents refusent tout don d’organes de leur fils chéri, parce que c’est “leur“ fils, et qu’ils ne supportent pas qu’on touche à son corps, son cœur, ses yeux…
Et pour finir, je citerai la phrase de l’un de mes policiers dans le roman : “Nous, les flics, on a des métiers à risques, ce serait important d’en parler entre nous, à notre famille. Clairement exposer notre position face au don d’organes. Mais on ne le fait pas…“

SM : Franck, je te remercie de cet entretien. Je tiens à préciser que le recueil 2015, qui sera donc en vente dans un an, aura pour thème le don d’organes, et que FRANCE ADOT sera l’association bénéficiaire des droits d’auteurs. Les auteurs, me demanderez-vous ? Eh bien, il vous faudra attendre encore quelques mois avant qu’ils ne soient dévoilés !

Sébastien Mousse


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