Il ne serait sans soute pas juste de mettre simplement au présent les propos de Walter Benjamin contenus dans ce petit livre, Paris Capitale du XIXe siècle. Pourtant, son analyse des transformations de Paris montre, s’il en était besoin, comment les changements opérés l’ont été au service du commerce, de la bourgeoisie contre les ouvriers. Ce sont les Passages, les travaux du baron Haussmann, l’agencement intérieur bourgeois… Le marché devient la priorité, les marchandises prennent le pas sur les relations, et l’exploitation des hommes s'affirme comme le mode de l’organisation sociale. Aujourd’hui, on voit ces aménagements urbains souvent sans penser à ce qui les a fait, comme si nous étions les touristes d’un bateau-mouche. Et le prix de l’immobilier parisien est anormalement élevé. Le présent n'est pas autre chose que le résultat de choix dans le passé, et les effets de ces choix se font sentir encore après plusieurs générations.
Sortant de Paris, on peut s’interroger sur l’utilité d’un aéroport près de Nantes, se demander à qui et à quoi il doit servir. On peut aussi s’inquiéter de voir des quartiers s’entourer de grilles et de barrières en interdisant l’accès. On peut aussi constater que des résistances existent, comme, par exemple, à Nanterre où la Cité des Provinces françaises, qui avait été rayée d’un trait de plume dans un projet à l’époque où le Ministre de l’Équipement se nommait M. Delebarre, est actuellement en cours de réhabilitation dans le cadre d’un aménagement enfin concerté.