article repris du site de l’Observatoire des inégalités
12 février 2016 - La pauvreté est une question de revenus, mais aussi de conditions de vie. Etre pauvre, c’est également être victime de privations matérielles. Près de 13 % des Français sont dans ce cas.
Malgré la crise économique [1], la pauvreté en conditions de vie (voir encadré ci-dessous) diminue selon les statistiques officielles (lire notre article). Son taux a baissé de près de deux points, de 14,6 % en 2004 à 12,8 % en 2013 [2], selon les déclarations des Français publiées par l’Insee [3]. Connaître ce dont les individus déclarent manquer pour bien vivre complète l’approche monétaire habituelle de la pauvreté. Pour comprendre l’évolution de cette forme de pauvreté, nous avons retenu le taux de pauvreté en conditions de vie de l’Insee et treize éléments de l’« indicateur de privations matérielles [4] » élaboré par l’institut, parmi les vingt-sept qui le composent.
Les conditions de logement se sont améliorées. En 2013, les difficultés concernaient 6,6 % des personnes interrogées, contre 10,1 % en 2004. Si l’on considère les privations matérielles détaillées - dont la dernière année disponible est 2012 (voir deuxième tableau) - 24 % des Français déclaraient vivre dans un logement bruyant en 2004, contre 17,4 % en 2012. 15,6 % habitaient dans un logement trop petit, critère cité par 10,6 % des personnes en 2012. Les retards de paiements ont aussi diminué de trois points entre 2004 et 2013 (de 11,5 % à 8,3 %). Les restrictions de consommation en raison du manque de moyens financiers sont également moins citées : 13 % contre 14,2 % en 2004. Parmi elles cependant, « ne pas avoir pu prendre un repas au moins une journée dans les deux dernières semaines » et « ne pas pouvoir maintenir son logement à bonne température » sont les deux indicateurs qui ont légèrement augmenté cependant, respectivement de 0,4 et 0,5 point entre 2004 et 2012. En matière de loisirs, si 28,4 % des personnes interrogées déclarent ne pas avoir suffisamment de revenus pour se payer une semaine de vacances une fois par an en 2012, ils étaient près de 1,5 fois plus en 2004 (34,8 %). Seul le critère « insuffisance des ressources » a connu une légère hausse : 14 % en 2004 contre 14,7 % en 2013.
Plusieurs raisons expliquent que l’on peut constater une amélioration des conditions de vie alors que la pauvreté augmente. Tout d’abord, les difficultés économiques ont pour partie été amorties par notre système de prestations sociales et d’allocations. Cela ne sera pas toujours le cas, notamment parce que de plus en plus de chômeurs perdent leurs droits à indemnisation. Ensuite, ces données sont des moyennes : le mal-logement par exemple porte sur une partie de la population, notamment les jeunes. Enfin, il s’agit de déclarations. En période de crise, il est logique d’ajuster ses réponses et de s’estimer finalement « pas si mal lotis ». Inversement, on devient plus exigeant en période de reprise. Ces données sont donc trop générales et encore trop anciennes pour retracer les effets économiques de la montée du chômage.
Photo / ©LeRefs PHOTOGRAPHIE- FlickR
Notes
[1] Voir « Pourquoi l’indicateur de pauvreté en conditions de vie baisse malgré la crise économique ouverte en 2008 ? », Insee, Documents de travail n°F1502, février 2015.
[2] Données provisoires pour 2013.
[3] « Pauvreté en conditions de vie », Développement durable - Dossiers - Février 2015, Insee.
[4] En France, la pauvreté en conditions de vie mesure la proportion de ménages qui déclarent connaitre au moins huit restrictions parmi les 27 répertoriées conventionnellement. Ces restrictions sont regroupées en 4 domaines : consommation, insuffisance de ressources, retards de paiement, difficultés de logement. Voir les données complémentaires sur la page de l’Insee « Pauvreté en conditions de vie ».
Date de rédaction le 12 février 2016
article repris du site de l’Observatoire des inégalités
12 février 2016 - La pauvreté est une question de revenus, mais aussi de conditions de vie. Etre pauvre, c’est également être victime de privations matérielles. Près de 13 % des Français sont dans ce cas.
Malgré la crise économique [1], la pauvreté en conditions de vie (voir encadré ci-dessous) diminue selon les statistiques officielles (lire notre article). Son taux a baissé de près de deux points, de 14,6 % en 2004 à 12,8 % en 2013 [2], selon les déclarations des Français publiées par l’Insee [3]. Connaître ce dont les individus déclarent manquer pour bien vivre complète l’approche monétaire habituelle de la pauvreté. Pour comprendre l’évolution de cette forme de pauvreté, nous avons retenu le taux de pauvreté en conditions de vie de l’Insee et treize éléments de l’« indicateur de privations matérielles [4] » élaboré par l’institut, parmi les vingt-sept qui le composent.
Les conditions de logement se sont améliorées. En 2013, les difficultés concernaient 6,6 % des personnes interrogées, contre 10,1 % en 2004. Si l’on considère les privations matérielles détaillées - dont la dernière année disponible est 2012 (voir deuxième tableau) - 24 % des Français déclaraient vivre dans un logement bruyant en 2004, contre 17,4 % en 2012. 15,6 % habitaient dans un logement trop petit, critère cité par 10,6 % des personnes en 2012. Les retards de paiements ont aussi diminué de trois points entre 2004 et 2013 (de 11,5 % à 8,3 %). Les restrictions de consommation en raison du manque de moyens financiers sont également moins citées : 13 % contre 14,2 % en 2004. Parmi elles cependant, « ne pas avoir pu prendre un repas au moins une journée dans les deux dernières semaines » et « ne pas pouvoir maintenir son logement à bonne température » sont les deux indicateurs qui ont légèrement augmenté cependant, respectivement de 0,4 et 0,5 point entre 2004 et 2012. En matière de loisirs, si 28,4 % des personnes interrogées déclarent ne pas avoir suffisamment de revenus pour se payer une semaine de vacances une fois par an en 2012, ils étaient près de 1,5 fois plus en 2004 (34,8 %). Seul le critère « insuffisance des ressources » a connu une légère hausse : 14 % en 2004 contre 14,7 % en 2013.
Plusieurs raisons expliquent que l’on peut constater une amélioration des conditions de vie alors que la pauvreté augmente. Tout d’abord, les difficultés économiques ont pour partie été amorties par notre système de prestations sociales et d’allocations. Cela ne sera pas toujours le cas, notamment parce que de plus en plus de chômeurs perdent leurs droits à indemnisation. Ensuite, ces données sont des moyennes : le mal-logement par exemple porte sur une partie de la population, notamment les jeunes. Enfin, il s’agit de déclarations. En période de crise, il est logique d’ajuster ses réponses et de s’estimer finalement « pas si mal lotis ». Inversement, on devient plus exigeant en période de reprise. Ces données sont donc trop générales et encore trop anciennes pour retracer les effets économiques de la montée du chômage.
Photo / ©LeRefs PHOTOGRAPHIE- FlickR
Notes
[1] Voir « Pourquoi l’indicateur de pauvreté en conditions de vie baisse malgré la crise économique ouverte en 2008 ? », Insee, Documents de travail n°F1502, février 2015.
[2] Données provisoires pour 2013.
[3] « Pauvreté en conditions de vie », Développement durable - Dossiers - Février 2015, Insee.
[4] En France, la pauvreté en conditions de vie mesure la proportion de ménages qui déclarent connaitre au moins huit restrictions parmi les 27 répertoriées conventionnellement. Ces restrictions sont regroupées en 4 domaines : consommation, insuffisance de ressources, retards de paiement, difficultés de logement. Voir les données complémentaires sur la page de l’Insee « Pauvreté en conditions de vie ».
Date de rédaction le 12 février 2016