Je me suis prise d'affection, comme rarement au cinéma, pour un personnage : celui du petit frère, Jo, à qui il manque un œil. Un jeune homme patron d'un bar, à la vie un peu débridée, mais au fond à la recherche de stabilité et de sécurité. Un personnage touchant car profondément gentil, ouvert, enclin à pardonner, toujours, et à tout le monde. Sa douceur tranche avec le milieu dans lequel il évolue et surtout avec la vitalité brutale de son grand frère.
Lui a cette stabilité dont Jo rêve, mais sabote tout, sans s'en rendre compte. Il boit, il se drogue, trompe sa femme, ne respecte plus personne. On assiste à sa déchéance, un peu impuissant, tant elle est ici normalisée par le milieu de la nuit et ses dérives. Lui n'est pas attachant, il est inconséquent, égoïste, violent. Il ne pardonne pas, et surtout pas à son père qui n'a jamais été présent pour lui. Pourtant (et peut être à cause de cela), il fait pareil avec son propre fils. Il détruit tout et va trop loin, mais nous tient en haleine durant tout le film, tant on ne connaît pas ses limites. Il y a une vraie tension, car on s'attache aux personnes qui l'entourent et on a peur pour eux.
Je vous le disais, ce film m'a été un peu pénible, et pourtant je crois que je l'ai trouvé excellent dans la façon subtile qu'il a de nous présenter les problèmatiques des personnages et les relations qui les lient, à l'image des deux frères. Il m'a incommodée mais m'a laissé des "marques" et j'y repense encore après une semaine. Cela faisait longtemps que je n'avais pas été dérangée de cette manière par un film. Rien que pour cela, je conseillerais à ceux qui n'ont pas peur du cinéma un peu "destroy" de tenter l'expérience.