Celui qui a moins de 900 euros par mois pour vivre ?
Non, car il y a plus pauvre que lui.
Celui qui a moins de 450 euros par mois pour vivre ?
Non plus, car il y a plus pauvre que lui.
Celui qui a moins d'un euro par mois pour vivre?
Même plus, car il y a plus pauvre que lui.
Celui qui a zéro euro par mois pour vivre ?
Peut-être bien que oui... peut-être bien que non.
Les paramètres dépendent des périmètres.
Le temps n'est pas le même pour un esclave ou pour un maître.
Qu'appelle-t-on "un pauvre" ?
Je viens de feuilleter un texte passionnant qui introduit l'absoluité au cœur de la relativité du roman religieux :
"Jésus bénissait les pauvres parce qu'ils étaient généralement sincères et pieux, il condamnait les riches parce qu'ils étaient généralement libertins et impies. MAIS il condamnait aussi les pauvres quand ils étaient impies et louait les hommes fortunés quand ils étaient pieux et consacrés".
Pour lui, c'est donc la piété qui fait le tri entre les pauvres et les riches. Par piété il faut entendre : non pas la quantité mais la qualité de la Foi, autrement dit, la vertu... la droiture à distinguer de la pourriture.
Qu'appelle-t-on "un pauvre" ?
Politiquement, nous n'avons plus la même acception ni la même conception qu'un siècle auparavant. On opposait les bourgeois et les prolétaires, les possédants et les possédés, les nantis à tous les damnés de la terre.
Et on parlait de lutte de classes qui ne sont jamais de guerre lasses... Mais cette lutte n'est plus ce qu'elle était.
La collaboration a pris le relai. On a mis tous les œufs dans le même panier.
Le pauvre ne crève plus, il marche et nous fait marcher.
Il ne refuse plus, il accepte le marché, même si on y vend son corps ou son âme.
Il réclame son sésame. Il exige sa part de gâteau. Il ne veut plus subir ou s'appauvrir mais agir et s'enrichir.
Le mal être le blesse, le bien être l'intéresse.
Il ne croit plus à sa vocation d'agent de lutte contre la pauvreté mais à son ambition de prétendre à un tout autre BUT : devenir riche... un pauvre capitaliste.
Plus d'autre idéal que le capital, la capitalisation... même au prix de la plus sordide capitulation.
La droitisation est extrême et sans auto-culpabilisation.
La gauche est vidée de sa moelle osseuse, elle devient creuse.
Elle s'est considérablement appauvrie, devenue très pauvre... miséreuse ou oiseuse.
La misérable n'a plus d'espérances nourricières sur la table. Elle écologise ou économise en vain sans parvenir à sauver sa mise.
Elle est devenue impopulaire surtout dans les couches populaires... Son universel est devenu particulier... car le peuple ne croit plus au peuple, il s'est émancipé en changeant de main son épée. Il est droitier, intéressé, il ne veut plus envier mais être envié, enviable. C'est plutôt drôle comme réponse : le pauvre ne supporte plus l'étranger, le réfugié, le va-nu-pieds... pour une question de concurrence déloyale.
Il n'est pas plus xénophobe, islamophobe ou homophobe que le riche. Il veut tout bêtement se payer les plus belles robes.
Ça rime avec tous nos microbes.