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La filière afghane par Pierre Pouchairet

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir
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En fait, j’ai assez peu de mérite à avoir écrit ce livre. Il ne s’agit pas d’un récit documenté puisqu’il est illustré en grande partie par mon propre passé. Il y a beaucoup de moi dans Gabin. J’ai été pendant douze ans à la tête d’un groupe de la police judiciaire de Nice chargé de la lutte contre le trafic de drogue et quatre ans et demi en Afghanistan en temps qu’attaché de sécurité intérieure. Je m’occupais de la coopération entre la police française et la police afghane. Pour écrire ce livre il m’a donc souvent suffit de me laisser porter par mes souvenirs.

Le « coup d’achat » de Gabin dans la cité de l’Ariane, je l’ai vécu, même s’il ne s’est pas passé à cet endroit. Les lieux qu’il visite en Afghanistan, je les connais tous, qu’il s’agisse du laboratoire de la police scientifique ou de l’académie anti-drogue, que la France a créé, ou encore les lieux de détente, les bars réservés à la communauté expatriée, ou l’hôtel Serena.

Pour les personnages, c’est un peu la même chose. Le ministre anti-drogue afghan et ses collaborateurs ressemblent beaucoup à ceux que j’ai connus. Il a depuis été tué dans un attentat suicide. Tous les attentats décrits se sont d’ailleurs déroulés durant les quelques années que j’ai passées là-bas. Cela se déroulait parfois à quelques centaines de mètres de mon domicile. A ce titre mon livre est certainement le plus sanglant que je n’écrirai jamais. Cela ne tient pas à un choix, l’Afghanistan est confronté à une violence presque quotidienne qu’on finit par banaliser lorsqu’on y vit.

Le vrai problème que m’a posé ce livre et ce fut à posteriori a été d’y aborder le sujet du jihadisme. J’ai voulu parler de la fascination de la jeunesse pour cet engagement dangereux pour eux comme pour notre société. Là encore je pouvais illustrer cela par mon expérience. Terminé fin 2014 le sujet n’était pas encore d’actualité. Après Charlie Hebdo j’ai eu peur qu’on puisse penser que j’avais voulu surfer sur cette terreur alors qu’il n’en était rien. Il est pourtant vrai, et encore plus depuis novembre, que La filière afghane a un côté tristement prémonitoire.

Je crois, et j’espère, que mon livre permet au lecteur de découvrir un monde qu’il connaît peu tout y est « presque » vrai ou possible mais c’est avant tout un bouquin d’aventure ou les temps morts sont limités pour laisser peu de place à l’ennui.


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