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Vingt et une heures, d’Hélène Duffau

Par Lacritiquante

Je n’ai jamais lu aucun livre de l’école des loisirs (à ma connaissance) et c’est pourtant une maison d’édition qui compte dans le paysage livresque français. Je me devais de réparer cette erreur, et ça tombait plutôt bien, je connaissais une auteure qui venait tout juste de sortir un nouveau roman chez eux : Vingt et une heures d’Hélène Duffau.

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21 heures, c’est le temps que Pauline et Emilien vont passer seuls dans cette maison au bord de la mer. Ils attendent leur mère, encore et encore. Au lieu de disparaître une petite heure à la boulangerie, les enfants doivent faire sans elle pendant presque une journée entière. Pauline réfléchit, se pose des questions. Elle regarde son frère qui agit bizarrement. Il ne se lève pas. Et dès qu’ils sont sortis, elle découvre qu’il est trop proche de cet océan gris. Les heures vont s’étirer dans une sorte de pause temporelle hors du monde.

« Je suis au pain », c’est le mot que j’ai trouvé en me levant ce matin. Un mot de ma mère laissé en évidence sur la table du salon. J’ai ouvert la porte à l’arrière de la maison et, sans craindre le sol détrempé par la pluie fine qui avait accompagné notre installation la veille, je suis sortie en boxer short et tee-shirt dans la cour. Pour humer l’air. Regarder le ciel. Ma peau s’est couverte de picots. J’ai frissonné, mais même pas froid ! Le temps était très doux, bizarre pour un début d’hiver. J’ai réfléchi au réchauffement climatique, et j’ai opiné du bonnet. Les choses changeaient au fil des années. Les écarts de température augmentaient, passant d’un froid intense à une douceur suspecte.

C’est un livre vraiment étrange et je trouve cela très bien de proposer ce genre de littérature à la jeunesse. C’est un avant-goût romans plus posés, plus dans l’émotion, dans la réflexion, qu’ils auront tout le loisir de découvrir par la suite. Les personnages sont très attachants, surtout celui de Pauline, et comme elle, on se pose des questions à propos d’Emilien qui a un comportement étrange et inquiétant, qui n’est pas dans ses habitudes.

tom_sandberg_untitled_2002J’ai trouvé que ce roman était également le lieu propice au non-dit, aux choses que l’on sait sans avoir pour autant besoin de les exprimer clairement. C’est une lecture très rapide, toutefois, je l’ai parfois trouvé un peu longue. Il est vrai que l’action et le rythme trépidant, ce n’est pas le fort de ce livre. Mais ce n’est pas ce que l’on recherche ici, soyons d’accord. Et même avec cette lenteur, cette langueur, une tension légère apparaît. Pas celle qui effraie et fait paniquer mais plutôt celle qui invite à l’introspection. Je crois qu’il faut se laisser balader au rythme des vagues et des souvenirs dans ce roman. Vingt et une heure nous plonge dans une famille que l’on découvre au fil des pages, une famille sans père, une famille où la fraternité et l’amour sont des évidences.

C’est un roman très pudique où l’on sent ourler toutefois des sentiments infinis et des réflexions profondes. La temporalité est traitée de telle façon qu’on ne s’ennuie jamais et qu’on complète le puzzle de cette histoire par va et vient. Dans ce livre, il y a le choix d’une écriture à la première personne, idéale pour mieux s’immerger dans les pensées d’un personnage, en l’occurrence Pauline, toutefois cela m’a complètement sortie de l’histoire. Pourquoi ? Parce que la langue ici est très riche, très belle, très élégante, et par moment trop recherchée pour une jeune fille de l’âge de notre héroïne. Il y a des mots que je n’ai pas trouvés crédibles dans sa bouche, et où je percevais clairement la voix de l’auteure. Cela a mis quelques blocages dans ma lecture, mais c’est vraiment la seule imperfection que j’ai personnellement trouvé à ce roman.

Vingt et une heures est un histoire à découvrir, elle traite avec une plume sensible des sujets qui ne sont faciles qu’en apparence. Un bien beau roman.

Hélène Duffau, Vingt et une heures, l’école des loisirs, 12€80.



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