Toujours se méfier des doubles prénoms. Ils n'évoquent souvent rien de bon, au pire des serial killers (Émile Louis, Guy Georges, etc) au mieux le pire de la variété française (Franck Michael, Herbert Léonard, Claude François, François Valéry, Mireille Mathieu et j'en passe, la liste est longue comme le bras...) il doit y avoir un truc avec eux. Sauf que là, c'est un double double prénom, à l'image de François François, le chanteur ringard imaginé par Albert Algoud, du temps de la grande époque de l'esprit Canal et de "Nulle Part Ailleurs". Oui, Sylvain Sylvain - même si sur ce disque, il avait momentanément changé en Syl Sylvain -, ça ne fait pas sérieux. Le type est pourtant un ancien membre des New York Dolls, ce groupe de glam punk trop en avance sur son temps qui est devenu culte bien plus tard par le biais de fans respectés comme Morrissey. Peut-être qu'il en sera de même avec les deux albums solos de Sylvain Sylvain, sortis au tout début des années 80 et qui contiennent quelques irrésistibles tubes bubble pop, bien loin de l'image sulfureuse de son ancien groupe. "Formidable" - le chanteur traînait à l'époque ses guêtres à Paris et fréquentait régulièrement la salle du Gibus, d'où le français presque sans accent - est de ceux-là. Je vous mets au défi de vous l'enlever de la tête une fois que vous l'aurez écouté. Bien sûr, les éternels rabat-joie diront que c'est kitsch, niais et que sais-je. Même Sylvain Sylvain a dénigré depuis ces chansons-là, jugeant la production trop lisse. Mais en ces temps moroses, le moral en berne, écouter cette musique-là fait l'effet d'une revigorante tornade de fraîcheur. Et, mine de rien, on se surprend à y revenir, même pas honteux. Merci à maman pour cette charmante découverte : "tu es formidable, doudoudou...".