Encore une réforme qui échappe à l'entendement.
Une réforme mal-entendue qui comporte un sacré sous-entendu. Sous-entendu selon lequel : c'est l'entreprise qui crée l'emploi et qu'à ce titre, c'est l'entreprise qui doit faire la Loi...
D'où la difficulté pour les sans-emploi de tirer leur épingle du jeu.
C'est la loi de la jungle : sauve qui peut.
Seuls les plus habiles survivront... les plus fortunés seulement. Les infortunés périront avec le temps et sans argent.
C'est extraordinaire politiquement, on ne peut pas faire plus cynique, puisque ce sont nos politiques qui se décident enfin à nous révéler qu'il n'y a pas d'autre pouvoir que le pouvoir économique et pas d'autre principe que le principe de réalité.
C'est éthiquement incorrect mais c'est politiquement correct.
Entendons-nous bien : toute chose a deux sens : un sens idéal et un sens libéral.
Si le premier nous désespère, le second nous libère... de l'état-providence et d'un tas de providences... du petit bonheur la chance.
La question que tout le monde se pose : pourquoi la France est elle toujours en retard d'une guerre ? Le chômage est partout en baisse, sauf chez nous, pourquoi ?
La réponse me semble pourtant très claire : parce que nous n'avons toujours pas compris qu'une réforme structurelle de cette ampleur n'est pas possible sans une réforme culturelle au préalable.
Ce n'est pas notre économie qui est en miettes mais nos visions et nos prévisions qui sont obsolètes.
Avant de changer de formation, il faut être formé pour le changement.
Il suffit d'examiner le contenu de ce projet de réforme pour ne plus se creuser la tête.
En gros : si l'entreprise française a du mal à embaucher, c'est parce qu'elle a du mal à débaucher. La droite l'a rêvé, la gauche s'apprête à le graver dans nos mémoires.
Elle vient de découvrir que l'inflexibilité est abominable, et que seule la flexibilité est rentable :
"La flex-sécurité" est plus indiquée pour relancer l'activité.
Qui l'eut cru ? Qui le croit ? Qui le croirait ?
Qu'entre l'employeur et l'employé, l'autorité va être rétablie. Le maître aura de nouveau le droit de dire à son serviteur : marche ou crève. Et on nous parle de négociation au cas par cas, entre employeurs et employés ou plutôt entre employeurs et sous-employés...
De qui se moque t- on ?
Ou tu te plies ou tu plies bagages...
Voilà ce qui t'attend au tournant. Et ce projet de réforme ne fait rien d'autre que renforcer la force de l'employeur en réduisant les droits de l'employé...
On nous dit quoi au juste ? Que le code du travail n'est plus adapté. Il est un peu trop complexe. Alors que l'essentiel peut être transposé sur un petit bout de papier :
Un : on rallonge le temps de travail sous peine de licenciement
Deux : on allège les conditions de licenciement
Trois : on plafonne les indemnités de licenciement
Judicieuse réforme de droit du travail qui n'est là que pour contester le droit ou peut être nous attester que le travail n'est plus un droit mais un fait particulier, le fait des plus adroits.
Évincez le code, c'est plus commode, même si vos convictions sont aux antipodes !