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« Faudrait pas que l’HP soit trop accueillant »

Publié le 07 mars 2016 par Lana

On entends souvent des soignants dire qu’il ne faut pas que l’hôpital psychiatrique soit trop accueillant, que le but c’est d’en sortir pas d’avoir envie d’y rester, qu’on n’est pas là pour se faire des amis, etc.

Que dire face à cette dureté?

Qui peut vraiment trouver un hôpital, dans l’état actuel des choses, trop accueillant? trop confortable? Je ne sais pas, mais sans doute pas quelqu’un à qui on prend ses vêtements pour le dépouiller de son identité, ni quelqu’un pour qui les autres sont un danger et qui se retrouvent à devoir vivre parmi eux, dans la promiscuité, sans même souvent une chambre à lui ni une salle-de-bains qui ferme à clé, certainement pas quelqu’un qui se retrouve à l’isolement dans une chambre vide et froide, ni encore quelqu’un qui se désagrège et pour qui le monde entier est hostile. A ceux-là, un endroit confortable et accueillant mettrait pourtant du baume sur leurs blessures.

On n’est pas là pour se faire des amis. C’est vrai, la maladie nous ayant coupé de beaucoup de monde, il ne faudrait surtout pas qu’on puisse retrouver un peu de chaleur humaine, ce serait contre productif. On est là pour réfléchir après tout, comme si réfléchir seul à ce qui nous arrive, on ne l’avait pas déjà assez fait. Comme si parler seul pendant des heures, on ne savait pas faire. Comme si « réfléchir », c’était guérir.  Il ne faudrait quand même pas que l’expérience des autres nous servent, qu’on reprenne plaisir à communiquer, qu’on se fasse quelques copains, voire de vrais amis ou pire, qu’on tombe amoureux. S’appuyer sur les autres, c’est bon pour les gens normaux, nous on peut juste parler à notre psy, le reste, ce serait se disperser.

Alors, c’est sûr, avec des raisonnements pareils, le but est atteint: on n’a pas trop envie de rester à l’hôpital. Mais est-ce cela le but de l’HP? Ne pas donner envie d’y rester? Ou est-ce soigner et donner la force de reprendre sa vie? Parce qu’avec ce genre de raisonnement, ce but-là ne risque pas d’être atteint.

Cette dureté, je crois que c’est encore une façon de théoriser la maltraitance.


Classé dans:Réflexions personnelles

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