Nous avons une fâcheuse tendance
à nous focaliser sur l'existence
plutôt que sur l'essence...
au point de les confondre.
Et cette confusion est lourde de conséquence.
Celui qui se met en colère
est aussitôt traité de colérique.
Celui qui avale quelques gouttes d'alcool
est pris pour un alcoolique.
Celui qui aime le sexe
est tenu pour un obsédé sexuel
pathétique voire pathologique.
Tous les moyens sont bons pour qualifier
ou disqualifier l'autre...
comme si pour l'approcher,
il nous fallait avoir quelque chose
à lui reprocher...
et qu'on ne peut s'y fier
avant de l'avoir identifié.
Ainsi vont les hommes...
Qui sont-ils au fond ?
Quelle est leur nature profonde ?
Leur identité remarquable ?
Leur caractère dominant ?
Leur trait saillant ?
À travers ce qu'ils font,
nous croyons cerner ce qu'ils sont.
À tort !
Et comme "le faire"
ne peut être détaché de "l'être",
nous finissons toujours par les fixer
et les asphyxier.
On tient celui qui nous a menti
pour un menteur.
On se dit que son mensonge
n'est pas un accident
mais une substance ou un extrait de naissance.
C'est très courant
comme mode de fonctionnement
ou de dysfonctionnement.
Pour avoir une prise sans surprise
sur les êtres et les choses
on fige l'existence
au lieu de s'ouvrir à l'essence
On existentialise
dans tous les sens
avec le risque constant
de passer à côté,
de forcer le trait ou de fausser le portrait.
Il faut se garder des mauvaises sauvegardes
en apprenant par exemple
à distinguer l'existence de la vermine,
de l'essence de la vermine.
Ce qui est "valable" un jour,
ne l'est pas toujours.
On peut se comporter comme une vermine
tout en étant d'essence divine...
hélas et heureusement.
Quand on se gargarise avec l'existence
on peut perdre de vue l'essence...
l'essentiel... le fond du ciel.
A titre d'exemple :
Tariq Ramadan est un rebelle
arabo-musulman
mais tout rebelle arabo-musulman,
n'est pas Tariq Ramadan.
Ce qui nous dérange en lui,
c'est qu'il nous dérange.
Pourquoi ?
Parce qu'il est lui et nous à la fois
et ça ne nous arrange pas...
parce que nous avons déjà du mal à être nous,
pour ne pas supporter quelqu'un
qui nous comprend plus que nous-mêmes.
Ce qu'il est,
c'est ce que nous sommes tous au fond de nous :
voisins du ciel.
On ne peut nous identifier les uns, les autres,
autrement qu'en disant que nous sommes
de race et de destination divine.
Il n'y a pas d'autre essence que celle-là,
même si nos existences
le passent sous silence.
Oui, j'ai bien entendu votre objection :
qu'est-ce qui m'autorise à parier
sur sa prétendue essence divine ?
Réponse :
C'est sa profonde aversion pour la vermine.
Et pourquoi
n'a t-il pas alors un droit de cité en France ?
Réponse :
Parce que la France
ne réclame pour l'islam
que des contre-exemples...
à ne pas suivre.