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J'ai rencontre le diable - 6/10

Par Aelezig

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Un film de Kim Jee Woon (2010 - Corée du Sud) avec Lee Byung Hun, Choi Min Sik

Ultra violent, ultra gore... est-ce bien utile ?

L'histoire : Une jeune femme est sauvagement agressée par un psychopathe, qui finit par la découper en morceaux. Lorsqu'on les retrouve... son fiancé, Soo Hyun, dévasté, se lance à la recherche du tueur et va lui livrer une guerre sans merci et le faire souffrir "dix mille fois plus" que ce qu'il avait lui-même fait endurer à sa victime.

Mon avis : Je savais que ce film était violent, très violent, mais j'en avais entendu tant de bien que j'avais très envie de le voir. Ce n'est pas mal, mais somme toute, l'histoire reste relativement banale : vengeance. Ce qui l'est moins, c'est effectivement le côté gore absolu, qui éloigne l'oeuvre du thriller pour le rapprocher du film d'horreur ! Et encore, certains sont moins sanglants. Ici, on ne nous épargne rien, le gros taré taille même ses victimes en petits bouts et son copain les bouffe en carpaccio. A la limite, on dirait que le réalisateur se fout du scénario, il veut de l'insoutenable, et là, moi je dis : mais pourquoi donc ? A ce niveau, je me demande s'il est aussi malade que son personnage et si les gens qui aiment le film sont de la même graine.

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OK, OK, je vous entends, vous qui avez apprécié... mais il va falloir m'expliquer. Et me donner du lourd. Parce qu'autant dans Martyrs, qui m'avait profondément marquée, cette histoire de "souffrance ultime" et d'analyse scientifico-ésotérique sur le concept, faisait sens... autant ici, je ne vois pas. Ca me semble extrêmement gratuit. J'aime le cinéma qui dérange, mais s'il amène à se poser des questions.

Alors oui, on a une vague réflexion sur la douleur, la peur... ça vient sur la fin, quand notre pauvre serial-killer commence à ne plus supporter. La souffrance engendre la peur... celle de souffrir encore plus... jusqu'à réclamer la mort. Mais la mort devient alors un soulagement... Spoiler Notre vengeur ôte à notre psychopathe cette consolation, en le menant toujours jusqu'à la dernière extrémité, mais - et la victime le lui dit - il a perdu, car de toutes façons, il va finir par mourir de ces mauvais traitements ; d'ailleurs Soo Hyun a imaginé un ultime stratagème pour finalement l'achever. Il a donc bel et bien perdu la partie. D'autant que maintenant sa vie est foutue, il va passer le reste de sa vie en prison... ou en asile psychiatrique. Tout ça n'est pas bien cohérent. On se dit qu'il est un peu con, dans le fond, non ? Est-ce cela le message : la vengeance, c'est mal ; la vengeance, ça ne sert à rien ; la vengeance, ça attire des ennuis ? Notre "héros" a aussi provoqué d'autres morts... et il plonge dans l'effroi et le traumatisme trois autres innocents (comme dirait Patriiiiik : qui a le droit, qui a le droit, qui a le droit de faire ça, à un enfant ?) ; pas bien joli tout ça, ça laisse un goût amer en bouche... Fin du spoiler

Donc je reste très perplexe sur ce film, dont j'ai dû voir seulement la moitié en net, car je baissais mes lunettes constamment (je suis hyper myope... comme ça je vois les scènes hard floutées). A noter : ce périple sanglant dure 2h30.

Quelques incohérences aussi : mais que fait la police ? Soo Hyun trouve tout tout de suite, on ne voit jamais les flics (sauf à la fin... ah ben il serait temps, les gars !). Et que deviennent les jeunes femmes qu'il libère au fur et à mesure, pourquoi ne partent-elles pas immédiatement chercher les secours ?

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Interprétation remarquable, encore une fois de Choi Min Sik (mais est-ce qu'on pourrait voir cet homme dans un rôle romantique SVP ?). Et le beau Lee Byung Hun est vraiment très très charmant... quand il ne joue pas les tortionnaires. 

28.000 entrées en France. Oups. Malgré les excellentes critiques, on dirait que les gens ont eu peur. Si la plupart des commentaires sont extrêmement élogieux, vantant la maîtrise de la mise en scène (ouais, ouais, mais c'est pas franchement ça qui marque en premier), la sincérité du propos (ah ouais, il est bien malade, alors ?), les interrogations que suscite forcément cette histoire et donc son intelligence... je citerai moi Le Monde : "L'humour, la répétition presque burlesque de certains moments de cruauté, les gags horrifiques qui, paradoxalement, neutralisent la violence et font que les coups et les mutilations semblent ne plus faire mal au-delà d'une certaine dose, transforment le film en une sorte de dessin animé, de cartoon sadique, amusant mais inoffensif et fatalement à côté de la plaque lorsqu'il semble vouloir poser des questions sérieuses." qui me semble bien plus proche de la réalité que j'ai vue, et Critikat : "Affreusement premier degré, d'une complaisance éprouvante, "J'ai rencontré le diable" s'impose comme une énorme faute de goût dans la filmographie de son auteur" . J'ai en effet beaucoup entendu de louanges aussi à propos de A bittersweet life et il faudra que je le voie.

Les internautes sont tout aussi enthousiastes que les professionnels. Je me demande quand même pourquoi la torture réjouit les gens à ce point... Ca pose question, je trouve.

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Kim Jee Woon explique : "une fable sur le thème de la souffrance partagée. Il prend aussi une dimension religieuse si on l'analyse à partir de la lutte contre le diable. Il touche à nos consciences, à notre idée de la morale, du bien et du mal, en posant la question de la légitimité de se faire justice soi-même." 

Le film s'ouvre aussi sur une citation de Nietzsche "Que celui qui lutte avec des monstres veille à ce que cela ne le transforme pas en monstre. Si tu regardes longtemps au fond de l’abîme, l’abîme aussi regarde au fond de toi.”

Ouais, OK. On sait. Depuis le XIXe siècle, on a eu le temps d'y réfléchir, merci Nietsche. Et la preuve en images, on l'a déjà eue dans une multitudes de livres, de films, ou... de JT. Cette citation me paraît comme une sorte de petite "justification" pour montrer de la viande coupée au hachoir.

Hum... je pense que ce film va susciter le débat dans les commentaires... A vos marques prêts partez...

Il entre dans mon Challenge, pour la rubrique Réalisateur asiatique.

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NOTA : Pour les illustrations, je n'ai mis que de l'hyper soft.


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