Synopsis :Tireur d’élite des Navy SEAL, Chris Kyle est envoyé en Irak dans un seul but : protéger ses camarades. Sa précision chirurgicale sauve d’innombrables vies humaines sur le champ de bataille et, tandis que les récits de ses exploits se multiplient, il décroche le surnom de « La Légende ». Cependant, sa réputation se propage au-delà des lignes ennemies, si bien que sa tête est mise à prix et qu’il devient une cible privilégiée des insurgés. Malgré le danger, et l’angoisse dans laquelle vit sa famille, Chris participe à quatre batailles décisives parmi les plus terribles de la guerre en Irak, s’imposant ainsi comme l’incarnation vivante de la devise des SEAL : « Pas de quartier ! » Mais en rentrant au pays, Chris prend conscience qu’il ne parvient pas à retrouver une vie normale.
Clint Eastwood l’acteur c’est bien, mais Clint Eastwood le réalisateur c’est la grande classe. Plus de 35 réalisations à son actif, et pas grand-chose à jeter. A l’instar de son homologue Ron Howard, c’est une icône du cinéma qui a traversé les décennies, en acquérant énormément d’expérience tout au long de sa carrière. Il devint un maître de la réalisation à partir des années 1990, avec Chasseur blanc, Cœur Noir, Un monde parfait et Sur la route de Madison. Son dernier film, American Sniper, visite un tout nouveau genre. Celui des tireurs d’élites de la Navy Seal, et en particulier celui de Chris Kyle (Bradley Cooper), envoyé en Irak pour protéger le déploiement des troupes. De part ses nombreux résultats, il deviendra « la légende », ce qui lui vaudra d’avoir sa tête mise à prix par l’ennemi. L’histoire de Chris Kyle s’est réellement passée. Surnommé « le diable de Ramadi », il fut l’un des sous-officiers Marines revendiquant la mort de 255 personnes durant les conflits en Irak (chiffre contesté par le Pentagone et ramené à 160). Cela fit de lui le tireur d’élite le plus « prolifique » des USA.
Mais alors, est-ce que l’on nous ressert les codes habituels ? Un film de guerre avec pour seul décor des ruines de villes Irakiennes ? La fierté du drapeau américain portée aux nues ? Un nouveau genre de héros ? Non. Rien de tout cela. American Sniper repose en grande partie sur les tréfonds de l’être. Une cible, un viseur, et derrière ce dernier un homme, qui a le pouvoir de vie et de mort sur les autres. Et ce pouvoir est d’autant plus dangereux qu’il implique le choix d’être juge et bourreau à la fois. Que se passe-t-il dans son cerveau au moment de prendre la décision d’appuyer sur la détente ? En face, cela peut être un vieil homme, une femme ou un enfant, et la rapidité d’exécution de tous ces critères ne dépasse jamais les 5 minutes. A chaque initiative, le verdict tombe, et en son âme et conscience il doit être jugé par ses pairs, mais surtout par lui-même. C’est en cela qu’American Sniper tire sa puissance. La psychanalyse individuelle de Chris, et la réflexion sur les obstacles rencontrés afin de relativiser ses actes, et de ce fait leurs conséquences. Peut-il se regarder dans un miroir et se trouver des excuses ? Non, il ne peut que se focaliser sur les challenges suivants. L’heure du bilan arrivera lorsque tout sera terminé.
Le film est constitué en deux phases: le côté guerre et la partie psychologique du personnage. On regrettera cependant le sempiternel passage de la formation des militaires d’élites, dans les conditions les plus extrêmes, et quelques scènes de romances. Les batailles, dans les rues d’un Irak totalement détruit, sont remarquables de réalisme, et l’utilisation de plans rapprochés avec caméra à l’épaule nous permet de ressentir toute l’horreur vécue par les soldats dans ces dédales de ruines. L’ennemi pouvait surgir d’un toit, d’une voiture, ou d’une masure apparemment inoffensive. Grâce à l’exactitude de ces scènes, on mesure toutes les séquelles traumatiques qu’ont gardé les militaires sur ce conflit. Eastwood réussit à mettre en avant un outil aussi anodin qu’un cellulaire, lorsqu’au plus fort d’un combat, on voit Chris en communication avec sa femme, lui disant son envie de la retrouver elle et leurs enfants. Un passage puissant. On retrouve dans cette réalisation la confrontation du bien et du mal, la trame du film étant la traque d’un sniper d’Al-Qaïda par Chris Kyle.
Au fur et à mesure de ses missions, on assiste à la déchéance mentale du personnage de Bradley Cooper, criant de crédibilité dans ce rôle. Bien après la guerre, il ne trouvera le réconfort qu’auprès d’anciens militaires, totalement « cassés » comme lui. A la vérité, on ne ressort jamais indemne d’une sale guerre, et même le « héros » qu’il incarne est totalement dévasté. Alors oui, chapeau bas à Chris Kyle, mais à quel prix. Sans être une réussite totale, le film sent parfois la propagande, je conseille néanmoins American Sniper pour ne serait-ce que découvrir l’enfer de cette guerre étouffée par les médias.
Christian .
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