Depuis quelques années, les noms de domaines sur internet se font rares. Et pour cause, la plupart des combinaisons de mots attractives a déjà trouvé preneur. Un marché juteux pour les investisseurs mais parfois compliqué pour les jeunes entrepreneurs qui peinent à se faire une place sur la toile.
Depuis qu’internet existe, la grande majorité des noms de domaines « évidents », c’est-à-dire contenant des combinaisons de mots classiques, faciles à retenir et simples à écrire, a déjà été créée et a donc un propriétaire. Une récente étude de l’université de Cambridge a calculé que depuis 2007, la création de noms de domaines a chuté. En revanche, le prix à la revente a augmenté de 63% entre 2006 et 2012. A cause de cette spéculation, les nouveaux venus, qui sont souvent des entreprises, ont le choix entre trouver un nom de domaine dérivé de celui qu’elles auraient aimé avoir et donc se retrouver en bas des résultats de recherches sur internet, racheter un nom préexistant au prix fort et avoir plus de trafic, ou bien trouver un nom très original.
Désengorger le système
Le professeur Thies Lindenthal, qui a dirigé l’étude, estime que le manque à gagner est énorme. Sur 294 millions de domaines existants en 2015, 73 millions de plus auraient pu être créés si les demandes avaient abouti. L’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) a décidé, il y a peu, d’autoriser la création de nouveaux noms de domaines de premier niveau, auparavant très règlementée. Ces derniers, appelés en anglais les « not-coms » (en référence au très usité « dot-com », ou « .com ») peuvent désormais contenir des mots ou des expressions entières. Les communes ont sauté sur l’occasion d’acheter leur propre nom afin qu’il ne soit pas usurpé, comme « .miami » et « .berlin ». D’autres noms cherchent encore preneur, comme « .sanfrancisco », nettement moins catchy.
Avec 350 millions de dollars investis dans les noms de domaines en 2013, on peut dire que le marché est réel. Et comme le langage n’est pas une chose infinie, même les extensions de deuxième génération finiront par s’épuiser et la spéculation ne faiblira pas. Aux chefs d’entreprises et aux communicants digitaux de s’assurer du meilleur référencement pour leur site et d’opter pour un nom de premier niveau original afin d’optimiser la rentabilité.
Pour rappel, un nom de domaine, c’est l’identifiant d’un domaine, autrement dit, d’un lieu, d’un site, sur internet. Ce système est très hiérarchique : le nom de domaine de premier niveau est le mot ou abréviation situé tout à droite de l’adresse – « .fr », « .com » ou encore « .gouv », il définit le groupe auquel se rattache le site comme la France, le commerce, ou le gouvernement ; le nom de domaine de deuxième niveau est, lui, un sous-domaine du domaine de premier niveau – par exemple, « atelier.net » est un sous-domaine de « .net », un domaine rassemblant les réseaux (« networks »).
Quiconque désire créer un site internet doit acheter le nom de son domaine pour une période allant de six mois à dix ans. Cela se passe auprès d’un revendeur ou du registre lui-même. Pour éviter le « cybersquat », il est recommandé aux entreprises d’acheter tous les noms de domaines se rapprochant de près ou de loin au leur : le même sous-domaine dans le maximum d’extensions possibles – « .com », « .net », « .info », « .co », etc. – et les mêmes mots avec différentes orthographes, tirets ou points.