Le violoncelliste Tonycello (de son vrai nom : Antoine Payen) assurait la première partie du spectacle. Il faut posséder une parfaite maîtrise de son instrument pour le traiter de manière aussi peu orthodoxe... Tonycello se réclame, sans doute avec raison, de Pierre Etaix et de Buster Keaton - il est vrai qu’il y a en lui du mime, du poète et du clown ; pourtant, dès son entrée en scène, sa fausse maladresse, sa distraction calculée font immanquablement penser à Jacques Tati. Sous le regard étonné des spectateurs, l’artiste se joue en effet de son violoncelle et de son pupitre à la façon d’un Monsieur Hulot qui aurait, pour un instant, abandonné sa pipe.
Après l’entracte qui, comme l’avait défini Tristan Bernard et pour rester dans le ton, « vide les baignoires et remplit les lavabos », c’est Frédéric Fromet, accompagné de François Manier à l’accordéon et Rémy Chatton à la contrebasse, qui occupa la scène. J’ai déjà écrit, dans ces colonnes, tout le bien que je pense de ce chanteur facétieux qui, chaque vendredi, conclut l’émission de Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek « Si tu écoutes, j’annule tout » sur France Inter. A le voir face au public avec lequel il sait créer une belle complicité, on comprend pourquoi il n’aime rien tant que se produire dans une salle. Auteur prolifique, il fait alterner titres désormais « classiques » et nouveaux textes tout aussi décalés, inspirés de l’actualité ou de l’observation au scalpel des mœurs de notre société - deux chansons ayant Internet pour thème en témoignent, ainsi que Tout, tout pour ma Syrie, hilarant pastiche du vieux succès de Michel Polnareff.