Un exemple de l'art classique français, une belle réalisation pleine de rigueur et de clarté ... et nul besoin, pour nous, de faire des kilomètres : il nous suffit de traverser le boulevard Saint-Michel !
En ce moment, on ne voit rien de la façade de cette église, en rénovation. C'est bien dommage ....
Mais la visite vaut la peine d'insister. Il faut montrer patte-blanche et laisser en gage une pièce d'identité - nous sommes dans une enceinte militaire - pour voir de l'intérieur cet édifice qui fut une sorte de palais-monastère et qui renferme aussi un musée consacré au service de santé des armées. De celui-ci, je ne dirai pas grand chose car il ne répond plus exactement aux principes modernes de la muséographie et semble laissé en deshérence avec de nombreuses vitrines vides, malgré un intérêt évident ...
On sait que la reine Anne d'Autriche, épouse de Louis XIII, désespérait d'une grossesse qui ne survînt qu'après 23 ans de mariage, avec la naissance de Louis-Dieudonné en 1638.
Elle réalisait alors enfin son voeu d'édifier un sanctuaire magnifique, dédié à la nativité, au coeur d'un couvent de bénédictines où elle venait souvent se recueilir.
La première pierre de l'église fut posé par le jeune Louis alors âgé de 7 ans en 1645.
François Mansart avait commençé à établir les plans, puis Jacques Lemercier, Pierre Le Muet et Gabriel Le Duc s'y attelèrent.
L'église fut terminée en 1667, ainsi que les bâtiments conventuels avec le cloître à deux étages.
A l'intérieur, où éclate généreusement la lumière à travers les espaces ménagés par la voûte en berceau à lunettes pénétrantes, on pense immanquablement à Saint Pierre de Rome, grâce à l'énorme baldaquin soutenu par des colonnes torses.
La filiation est évidente avec l'art baroque italien (Le Bernin ...) mais avec la rigueur toute classique propre au XVIIème siècle français. Pas de profusion de dorures, sauf pour le maître-autel, et une clôture très sévère, presque moderne, pour séparer les moniales des fidèles.
On admire le pavage de Nicholas Pasquier, d'un graphisme mathématique enthousiasmant, et les quatre évangélistes qui occupent les pendentifs du dôme ovale décoré d'une belle fresque de Mignard.
On reconnaît dans ces sculptures de marbre blanc Luc et le taureau, Marc et le lion, Jean et l'aigle et Matthieu et l'homme. Le long de la nef, des allégories des vertus théologales ...
Naturellement un décor très classique, mais l'harmonie des volumes, la cohérence des formes, la beauté des sculptures emportent l'admiration.
Et aussi .... le calme.
L'impression de visiter un lieu éloigné de la foule, comme il était situé au moment de sa conception, à la campagne ...
Eglise et musée de l'histoire du service de santé des Armées du Val de Grâce - ouverture : mardi-jeudi et samedi-dimanche, 12h-18h, 5€.