Marcus Malte est un poète du noir. Sa plume est légère et douce comme une brise, lourde et violente comme une tempête. Sa poésie s’échappe de chaque mots, une fine brume les enveloppe et ils s’envolent, emportés malgré eux, comme des aigrettes poussées par le souffle de l’auteur.
Elle prête aux rêves et aux cauchemars, prend le pire pour en tirer le beau et laisse chaos le pauvre lecteur qui aura eu l’audace de faire sien ce roman étrange.
Ce récit schizophrène et sa construction mettent à mal, bousculent, déstabilisent…Les questions fleurissent et les réponses éclosent. On ne sait qui est qui, ni qui écrit encore moins qui détient la vérité. Perdu dans un dédale fou, le vrai et le faux se mélangent puis s’imbriquent. Du grand art.
Roman sur les regrets et les remords, sur la culpabilité , sur l’expiation et le châtiment… « Garden of love » propage la prose et cultive le goût des belles phrases. L’héritage laissé par Marcus Malte est un hymne à l’amour et à la vie. Le legs de la résilience et de l’acceptation de la perte est si marquant qu’il insuffle force et courage, montre le chemin qui mène vers le deuil.
« Alors je me tournai vers le jardin de l’amour
Qui portait tant de fleurs exquises
Et je vis qu’il était rempli de tombes »
Inspiré par un poème de William Blake, j’y ai trouvé comme un fantôme du Grand Meaulnes,comme un hommage à la fascination et à l’envoûtement. Impression subjective, peut-être…Néanmoins, il était là, sorte de gardien d’un jardin et d’un château révolus.
Mimétisme absolu d’un auteur doté de tant de talent, sa prose m’étreint et abuse de ma verve mais en serait-il autrement que mon âme n’aurait pas été effleurée par ce roman. Ce fut le cas et comme j’ai aimé cette étreinte.