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Agapé

Publié le 13 mars 2016 par Le Journal De Personne
Il paraît qu'une charité bien ordonnée commence par soi-même. Si c'était le cas, je la préférerais désordonnée... passionnée plutôt qu'arraisonnée.
- Une charité bien ordonnée commence par soi-même. Si c'était le cas, c'est un peu idiot de le rappeler, tout ego le sait et ne cesse de se l'appliquer.
- Une charité bien ordonnée commence par soi-même. Si c'était le cas, je serais au fond de moi-même irritée d'apprendre que ma morale est limitée et sans longue portée... une morale pour des niais qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
- Une charité bien ordonnée commence par soi-même. Si c'était le cas, c'est la morale qui saperait les fondements de la morale, c'est la morale qui se moquerait de la morale en la réduisant à quelque chose de très peu reluisant : l'instinct animal.
- Une charité bien ordonnée commence par soi-même. Si c'était le cas, j'assimilerais désormais tout ordre à un présupposé, tout principe à une arrière- pensée et toute morale à un intérêt. On ne parlerait plus de conflit de devoirs mais de conflit d'intérêts. La morale recule devant le calcul. Comme quoi, il n'y a pas plus malin que les mesquins, ni plus mesquin que les malins.
- Une charité bien ordonnée commence par soi-même. Si c'était le cas, je vous rassure d'emblée, elle ne commence pas seulement, elle recommence toujours selon ses convenances et finit par soi-même parce que l'égoïsme est partout le même, il n'a jamais fini de commencer parce qu'il n'en a jamais assez.
- Une charité bien ordonnée commence par soi-même. Si c'était le cas, elle cesserait d'être ce qu'elle est : charitable... aimable... amiable. Les Grecs distinguaient entre "Eros, Philia et Agapé" pour indiquer qu'Agapé, la charité n'est pas la base mais le sommet de l'amour : celui de celui qui s'oublie. Encore une fois, pour l'amour de soi, nul n'a besoin de loi.

- Une charité bien ordonnée commence par soi-même. Si c'était le cas, ce ne serait pas le commencement mais la fin de la morale. Avec la bénédiction de toutes les mains sales. On atteindrait un fond immoral exprimé sous forme de préférence nationale : les miens d'abord et les autres par dessus bord.
- Une charité bien ordonnée commence par soi-même. Si c'était le cas, on dirait au revoir à la morale : il n'y aurait plus de devoir-être, mais des êtres imbus de leur pouvoir être qui se marchent les uns sur les autres en vertu de leur bon vouloir. C'est bien la morale de toute histoire, la morale dans l'histoire. Comme quoi le mal nous est beaucoup plus familier que le bien. Parce qu'on n'a pas besoin de le faire, il est déjà fait. Le mal de proximité, de promiscuité plutôt que le bien qui reste étranger.
- Une charité bien ordonnée commence par soi-même. Si c'était le cas, même le frère nierait son frère. C'est le diable qui serait favorisé et non le bon Dieu. On dresserait un mur pour séparer l'identité de la différence. On creuserait un fossé pour empêcher nos enfants de jouer ensemble. On dessinerait une grande frontière entre le ciel et la terre.

Un mot pour conclure sans levain ni levure : permettez-moi de substituer à la médiocratie de l'heure, l'aristocratie du cœur en citant quelqu'un:

"c'est à celui qui donne de remercier celui qui a bien voulu recevoir".
Merci.


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