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Room

Par Tinalakiller

réalisé par Lenny Abrahamson

avec Brie Larson, Jacob Tremblay, Joan Allen, Sean Bridgers, Tom McCamus, William H. Macy, Amanda Brugel, Cas Anvar, Joe Pingue...

Drame canadien, irlandais. 2h. 2015.

sortie française : 9 mars 2016

Room

Jack, 5 ans, vit seul avec sa mère, Ma. Elle lui apprend à jouer, à rire et à comprendre le monde qui l'entoure. Un monde qui commence et s'arrête aux murs de leur chambre, où ils sont retenus prisonniers, le seul endroit que Jack ait jamais connu. L'amour de Ma pour Jack la pousse à tout risquer pour offrir à son fils une chance de s'échapper et de découvrir l'extérieur, une aventure à laquelle il n'était pas préparé.

Room

Avant d'aller Room (on ne parle pas du merveilleux nanar de Tommy Wiseau, hein), je connaissais un peu le travail du réalisateur irlandais Lenny Abrahamson. Ainsi, je garde un excellent souvenir de l'émouvant Garage (avec l'excellent Pat Shortt) mais j'avais détesté What Richard Did (le sujet était sur le papier intéressant mais quel ennui...). Je n'ai toujours pas eu l'occasion de regarder Frank (avec Michael Fassbender) mais les critiques étaient mitigées me semble-t-il. Du coup, je ne savais pas trop quoi m'attendre malgré les (très) bonnes critiques que j'entends et que je lis depuis déjà quelques mois. Au début, c'est la promo autour des récompenses accumulées par son actrice principale, Brie Larson (encore assez méconnue en France, ce qui est regrettable), qui a fini par décrocher récemment l'Oscar de la meilleure actrice, ainsi que la bouille du jeune Jacob Tremblay qui fait le tour du web en posant avec le tout Hollywood. Puis, c'est en lisant plusieurs articles sur Emma Donoghue (également irlandaise), l'auteure du roman (qui signe également le scénario), qui m'a définitivement convaincue de foncer le voir dans lesquels elle expliquait ce qui l'avait motivée à écrire (et comment elle y a procédé) une histoire autour de l'amour inconditionnel entre une mère et son fils en s'inspirant d'horribles faits divers autour de la séquestration (notamment les affaires Elisabeth Fritzl, Natascha Kampusch, Jaycee Lee Dugard ou encore les trois séquestrées de Cleveland). Sur le papier, le film est glauque et pourtant à l'écran, malgré la difficulté du sujet (on ne peut pas rester insensible à la situation des personnages surtout quand on connait justement ces horribles faits divers), il ne s'agit pas du tout d'une oeuvre larmoyante. Effectivement, c'est vraiment la relation entre la mère et son enfant qui ressort. On comprend rapidement que cette histoire d'enfermement est un moyen métaphorique (la métaphore la plus présente est certainement l'allégorie de la caverne) pour parler d'une relation forte entre ces deux individus, malgré la manière dont le petit Jack a été conçu (même si des membres de la famille de Joy restent encore " rebutés " par cette idée au point de rejeter l'enfant).

Room

Il s'agit d'un amour fusionnel dans lequel chacun va pouvoir apporter quelque chose à l'autre, une " force ", à l'image de la scène avec les cheveux de Jack donnés à sa maman pour qu'elle puisse se reprendre. Le scénario, qui reprend la même structure narrative du roman (je ne l'ai pas lu mais je me suis renseignée), est assez malin en adoptant le point de vue du petit Jack. Tout d'abord, cela est un bon moyen de rester concentrer sur la réflexion autour de la maternité puis cela permet aussi d'atténuer l'horreur autour, en tout cas d'être plus dans la suggestion. En adoptant un point de vue en particulier, on aurait pu perdre celui de Joy (ou " Ma ") mais finalement, malgré le choix assumé, il y a bien une sorte d'opposition dans la réaction des personnages (jamais présentée lourdement). Je pense surtout à la seconde partie qui montre comment vivent les personnages dans le vrai monde : d'un côté, le petit Jack qui, malgré ses terribles cinq premières années qui le marqueront à vie, reste un être innocent qui a soif d'apprendre et de découvrir le monde, qui parvient aussi à avoir des réactions très matures (la dernière scène est un savant mélange entre cette innocence et la prise de conscience de devoir tourner la page); de l'autre, Joy a une vision plus sombre alors qu'elle est libre en culpabilisant. Le scénario, qui trouve un bon équilibre à partir de sa construction en deux parties (le monde dans la pièce / le monde extérieur) est également très réussi dans le sens où il parvient à mettre en avant la psychologie des personnages en avant de manière crédible et juste. Encore une fois, il n'y a pas de volonté de surajouter de l'émotion, le film est tout simplement bouleversant (personnellement j'avais la gorge nouée à plusieurs reprises) grâce justement à une apparente simplicité. Son sujet est sombre mais son traitement laisse place à des moments de grâce, de la fraîcheur même (Brie Larson a d'ailleurs été choisie car justement le réalisateur souhaitait une fille à la fois banale et drôle pour éviter un effet sur-tragique). Je crois que c'est ce contraste entre une situation immonde et l'innocence et l'éveil de Jack qui crée une véritable émotion.

Room

La mise en scène m'a également beaucoup plu. Rappelons que Lenny Abrahamson a été nommé aux Oscars dans la catégorie " meilleur réalisateur ". Lors de l'annonce des nominations, sans avoir vu le film, mais juste par rapport à mes souvenirs sur ses précédents longs-métrages, j'avoue que j'étais sceptique de voir Lenny Abrahamson nommer. Pas que je doutais de son travail pour Room mais pour moi, dans ce qu'il avait fait auparavant, je gardais le souvenir d'un travail assez amateur. Là, finalement j'ai eu droit à une bonne surprise, constatant selon moi de véritables progrès en ce qui concerne la mise en scène. Je trouve que le réalisateur a vraiment su répondre aux questions autour de l'espace grâce à une mise en scène assez ingénieuse, tout en continuant à prendre en compte le point de vue principal de l'enfant. Ainsi, le spectateur se retrouve parfois dans la peau de Jack. Comme je le disais, il y a une sorte d'avant/après " room " qui montre bien comment les personnages vivaient leur vie dans la pièce (devenu un monde à part) et comment cette perception de ce monde était différente de la réalité, encore plus sinistre. Ce n'était pas forcément évident de livrer ce contraste de ressenti mais encore une fois, la mise en scène permet aussi à sa façon de comprendre le comportement et les sentiments des personnages. Enfin, Room bénéficie d'un excellent casting. Brie Larson est vraiment excellente et mérite amplement son Oscar. Elle est toujours très juste et ne cherche pas à tomber à tout prix dans la performance. Il y a une sobriété et un naturel chez elle qui m'a réellement séduite. Son partenaire, le jeune Jacob Tremblay, est également bluffant, une interprétation criante de vérité et qui demande beaucoup de maturité. Je ne comprends absolument pas qu'il n'ait pas été nommé aux Oscars ! Les seconds rôles sont également très bons, que ce soit Joan Allen en grand-mère aimante et reconnaissante, William H. Macy en grand-père qui a davantage plus de mal à encaisser les choses ou encore l'effrayant Sean Bridgers.

Room

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