réalisé par Roschdy Zem
avec Omar Sy, James Thierrée, Clotilde Hesme, Olivier Gourmet, Frédéric Pierrot, Noémie Lvovsky, Alice de Lencquesaing, Olivier Rabourdin, Héléna Soubeyrand...
Drame, biopic français. 1h50. 2014.sortie française : 3 février 2016
Du cirque au théâtre, de l'anonymat à la gloire, l'incroyable destin du clown Chocolat, premier artiste noir de la scène française. Le duo inédit qu'il forme avec Footit, va rencontrer un immense succès populaire dans le Paris de la Belle époque avant que la célébrité, l'argent facile, le jeu et les discriminations n'usent leur amitié et la carrière de Chocolat. Le film retrace l'histoire de cet artiste hors du commun.
Chocolat est le quatrième long-métrage de l'acteur Roschdy Zem après Mauvaise Foi, Omar m'a tuer et Bodybuilder (je n'en ai vu aucun, au moins j'ai découvert de quoi il est capable ou non derrière la caméra). Je me suis un peu renseignée sur les autres films en question et le thème du racisme est omniprésent dans cette petite filmographie. Cette question me semble nécessaire surtout face à de nombreux débats relancés récemment (notamment avec les récentes nominations aux Oscars). Je reviendrai plus tard sur le traitement de ce thème. Pour le scénario, Roschdy Zem a adapté le livre de l'historien Gérard Noiriel, Chocolat, clown nègre : L'histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française (2012). Il précise qu'il a tout de même pris quelques libertés avec la réalité historique. Cela dit, pour le scénario, il s'est beaucoup documenté et cela se ressent lorsqu'on découvre ce long-métrage. Pour ma part, je ne connaissais pas du tout ce clown de son vrai nom Rafael Padilla (et apparemment pas grand-monde sur le tournage, même Zem et les deux acteurs principaux) qui a pourtant bouleversé le monde du spectacle pour la nouveauté qu'il a pu apporter à la comédie clownesque grâce à l'artiste britannique George Foottit et surtout pour avoir mis en avant une personne de couleur dans un milieu artistique malgré le racisme omniprésent à l'époque. Pour moi, le but d'un film n'est pas de faire apprendre des choses aux spectateurs mais je dois reconnaître qu'il s'agit d'une bonne chose de mettre en avant un personnage aussi peu connu du public alors qu'il a apporté tant de choses ! On aime ou on n'aime pas ce film mais il a le mérite d'être nécessaire. Pour ma part, la bande-annonce m'attirait et en même temps je m'en méfiais un peu sans en connaître la raison précisément. Je suis allée le voir totalement par hasard finalement avec une copine (petite dédicace à elle si elle passe par là) qui m'a suggéré d'aller le voir avec elle. L'ensemble m'a plutôt convaincue même si le film a selon moi certains défauts, mais pour ceux qui hésiteraient encore à aller le voir, on va dire que je ne le déconseille pas. Comme je le disais, le long-métrage veut mettre en avant un personnage peu connu. Il a alors un côté très pédagogique qui n'est pas forcément déplaisant même si du coup j'ai trouvé la mise en scène certes pas mauvaise mais un peu trop sage et lisse (alors que le sujet demandait selon moi quelque chose de moins scolaire) et la seconde partie en dessous de la première, tombant peut-être un peu trop dans l'exercice du biopic qu'on n'aime pas forcément (vous savez du genre : " découverte du talent-gloire-melon-chute ").
Les dernières minutes, pourtant tragiques et émouvantes, m'ont provoqué un rire nerveux dans la salle (c'était un peu gênant mais bon parfois c'est difficile de se contrôler !) : quand le film se termine est écrit sur un fond noir un truc du style " Rafael Padilla est mort en novembre 1917. Chocolat et Foottit ont révolutionné le monde du cirque blablabla ". L'information n'est finalement plus information puisqu'on a vu cinq minutes avant (même moins) la date en question et surtout tout le long du film, disons qu'on avait compris le rôle qu'ont joué les deux personnages dans l'histoire du cirque ! Vous allez me dire que ce n'est qu'un détail mais je le vois plus comme la fin d'une série de maladresses qui empêche le film de gagner en intensité et en grandeur (et même en émotion, malgré quelques scènes qui font leur effet) et c'est dommage vu son potentiel. Je crois que c'est à force de souligner son propos autour du racisme et du combat autour que le film ne parvient pas à convaincre totalement. Pourtant, le pire, c'est que je n'ai pas envie de dire du mal de ce film qui a l'air d'être sincère (ce qui est à noter pour ce type de production assez grand public). Je veux dire, le film est intéressant, divertissant même, on rentre vite dans le sujet, les thèmes nous touchent. De plus, il y a une belle reconstitution de la Belle Epoque qui nous permet de plonger facilement dans l'histoire. Puis surtout, Chocolat bénéficie d'un très bon casting. Omar Sy est très bon dans le rôle de Chocolat/Rafael Padilla, dans la lignée de ses interprétations habituelles. Son duo formé avec James Thierrée fonctionne formidablement bien car les deux acteurs (et leurs personnages) sont très complémentaires, le premier étant solaire, le second très sombre. Paradoxalement, même si le duo m'a totalement plu, je dois avouer que l'interprétation de Thierrée m'a plus emballée que celle de Sy. Peut-être que le rôle de Thierrée est peut-être mieux écrit (plus complexe à mon avis - qui a le mérite de ne pas avoir une vision trop manichéenne) que celui de Sy, peut-être aussi que je ne suis plus surprise par le jeu de Sy non plus (même s'il ne s'agit pas d'un réel reproche). Je connaissais en tout cas Thierrée pour être le petit-fils de Charlie Chaplin (honnêtement, il ne peut pas cacher son lien de parenté, il lui ressemble beaucoup !) et je savais également qu'il avait fait du cirque et du théâtre (il est notamment le lauréat de plusieurs Molière) mais je ne l'avais jamais vu jouer donc il s'agit finalement pour moi d'une excellente découverte ! Le reste du casting est également à la hauteur comme par exemple Clotilde Hesme en femme aimante et ouverte ou le toujours impeccable Olivier Gourmet en directeur d'un grand cirque parisien.