Cet article, j’ai du l’écrire 10 fois sans jamais le publier. L’effacer, recommencer, changer le titre, l’orientation, le plan, pour finir par jeter ce que j’avais dans la tête et le coeur, un peu en vrac.
J’espère qu’il ne sera pas trop décousu, pas trop moralisateur, pas trop alarmiste, pas trop barbant non plus. J’espère qu’après ça certains ne changeront pas leur regard sur moi (je parle de mon entourage, ceux que je connais, bref, ceux pour qui le blog est totalement transparent).Mais surtout je n’attends rien, pas de consolation, pas de « mais non tu es une super maman », rien, vraiment. J’espère pouvoir enfin atteindre mon but et devenir une meilleure mère. Me recentrer, accepter certaines choses et changer radicalement beaucoup d’autres.
Et surtout aimer mes enfants comme elles le méritent, comme je devrais.
Quand je lis « parent toxique » quelque part, je prends peur. Parce que l’expression fait peur, parce que c’est malheureusement une réalité pour beaucoup trop d’enfants et d’adultes, mais aussi parce que j’ai peur d’être concernée, en tant que maman.
D’être toxique pour mes enfants.
Voilà la vérité vraie : je ne suis certainement pas la mère que je voudrais être la plupart du temps. L’amour et l’osmose sur instagram, parfois, c’est du vent. Bien sur que je les aime, je mourrais 100 fois pour elles, la question ne se pose même pas. L’amour que je leur porte est immense, la question n’est pas là. (Mais c’est un bon début, je crois)
La plupart du temps, je crie, je blesse verbalement, je m’énerve, la cocotte déborde, la pression fuit partout. Je suis à bout de nerfs, agressive, en colère. Contre elles parfois, contre les circonstances, la fatigue, les soucis. Contre moi, naturellement. J’ai cette colère qui bout en moi, cet agacement, ces nerfs en pelote. Les dents serrées, les yeux injectés de sang, les poings fermés et les jointures blanches. Si je me croise dans le miroir je crois que je prends peur. C’est déjà arrivé, ça arrivera surement encore, et si c’est ce qu’il faut pour une prise de conscience alors soit.
Les gros mots, bien trop souvent. La violence verbale qui devient commune. La prise de conscience est bien là et c’est ce qui me rend malade : je sais quels dégâts je pourrais faire, je connais l’importance du dialogue, de montrer le bon exemple, d’appliquer les principes d’une éducation moins négative, plus bienveillante.
Mais si je n’étais pas quelqu’un de bienveillant ?
Si tout ce stress, cette négativité, impactaient ma relation avec mes filles, les « traumatisaient » à long terme ?
Et si j’était TOXIQUE ?
Et si elles méritaient mieux ? (c’est évident)
Et si je n’en étais pas capable, et si je n’y arrivais pas ?
Je déteste cette boule de nerfs qui crie, tape du pied, s’énerve à la moindre contrariété. Et non je ne parle pas de ma petite dernière, qui a de qui tenir c’est évident.
Je déteste ces réactions, ces cris, cette violence dans les mots, cet état de stress permanent, sur le fil, jamais au repos.
Je déteste cette personne que j’ai l’impression d’être et je souhaite très fort que ce ne soit qu’une impression.
Mais la clé, ils nous disent, ne serait ce pas de s’aimer et de lâcher prise pour arriver à être bienveillant ?
Si c’est ça je suis vraiment mal barrée, mais il y a du vrai la dedans.
Alors je me dis, un jour à la fois. Ne retenir que l’amour, ne pas oublier de réparer à chaque fois. En espérant que ça soit tous les jours un peu moins souvent. D’être sur la bonne voie.
Je pense à la méditation, au sport, à la psychothérapie. A la thérapie par l’amour et la simplicité aussi (oui ça fait très cumbaya, si tu savais comme je m’en tape, je cherche surtout à être meilleure)
Oui voilà je veux être meilleure. Envers moi, lui, elles. Etre moins à cran, laisser couler, accepter qu’il y ait des choses qu’on doit laisser couler, laisser faire. Faire confiance aussi. A moi, à lui, surtout à elles.
Le truc bête : hier soir pour détourner Liloute d’une énième crise de nerfs, au lieu de laisser la colère me submerger, j’ai aussi voulu détourner. Je l’ai emmenée avec moi dans la cuisine et je l’ai laissée couper et éplucher des légumes. J’avais peur, je voulais aller vite, j’étais tentée de l’arrêter et prendre le relais. Mais devant cette fierté dans ses yeux, le calme qui s’était installé, la complicité qu’il y avait entre nous, j’ai laissé faire. Petite victoire. Un premier virage peut être, je ne sais pas.
Toujours est il que j’étais en paix avec moi, avec elle, avec nous deux. Il y a beaucoup de problèmes non résolus dans ma tête et je crois que je ne peux pas tous les résoudre. Qu’il faut laisser tomber certains d’entre eux pour mieux se concentrer sur d’autres.
Accepter les « rechutes », les erreurs, les retours en arrière. Arrêter de me dire que voilà, tu vois, je n’y arriverai jamais, c’est perdu d’avance. Vouloir grandir en même temps qu’elles et enfin aimer celle que je suis au fond. Arrêter de lui en vouloir pour tout et tout le temps.
En fait ce n’est pas forcément changer que je veux. C’est me débarrasser de ces réactions inutiles et blessantes pour tout le monde. M’autoriser à être enfin moi même avec mes « avec » et mes « sans ». Je ne minimise pas mes coups de nerfs quand j’en ai, la gravité de la situation quand je m’emporte sur de tous petits êtres que je suis censée protéger. Je ne maximise pas non plus en pensant que je suis un parent violent et toxique, qu’il faut me les retirer (oui, bien sûr que je l’ai pensé !!!).
Le tout c’est de trouver ce fichu juste milieu. J’ai l’impression qu’il bouge tout le temps, Ou alors c’est moi, je ne sais pas.
Comme d’habitude je me pose 13498 questions, je ressens le besoin de l’écrire ici et cette fois ci je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir fait avancer la chose…
Un jour à la fois, donc.
Et aimer, aimer, aimer encore. Dire oui, non, tant pis. Et le fameux « ce n’est pas grave ». Parce qu’en fait j’ai l’impression que tout est grave, crutial, capital. Alors que j’ai juste envie d’être légère, aimante, de me centrer sur les priorités, les vraies.
D’être HEU-REU-SE sans que la manière de l’être n’importe. Au foyer, au travail, en freelance, maman, en free kids, quand je crie mais que je m’excuse et que je câline (pas trop souvent quand même !), quand je réussis à passer une journée avec elles sans m’énerver, quand j’arrive à chuchoter au lieu de crier, quand je trouve la force de fuir ma colère dans une autre pièce au lieu de la beugler à mes enfants…
De sourire et puis c’est tout. Le temps dont on dispose avec ceux qu’on aime est bien trop court.
Il n’y aura pas de petites victoires. Et ce n’est pas moi que je dois combattre. Peut être que c’est moi aussi que je dois éduquer avec bienveillance ? Peut être que ça commence par là ? Tout ce que je lis, ce que je pense, les idées pour détourner et accueillir la colère et la frustration de mes enfants, est ce que ça ne pourrait pas AUSSI s’appliquer d’abord à moi ?
C’est le début de quelque chose, qui couve depuis des semaines, des mois. D’une envie de mieux, de plus simple, de plus essentiel. A beaucoup de niveaux, mais surtout celui là. Ne pas être un parent toxique ni mon propre souffre douleur. J’ai envie de le voir comme un début et non une fin, quelque chose en mouvement et pas un constat figé. J’ai envie de croire en moi au lieu de me lapider mentalement. J’ai envie de les aimer et puis c’est tout, sans me poser de questions, me demander si je n’aurais pas pu mieux faire. Je ferai mieux, un jour, pour l’instant j’en suis là, et j’avance. Je ne crois pas, j’en suis sûre. Toutes ces questionnements n’auront pas été vains.
M’autoriser à être un peu enfant moi aussi, parfois. Pour me souvenir qu’il n’y a pas meilleure solution qu’un câlin. Ce qu’elles semblent avoir compris depuis longtemps…
Heureusement l’amour est un médicament…