Après des études de droit et de politique à Paris, Agathe Parmentier s'est lancée dans la presse où elle est devenue rapidement chroniqueuse sous le nom d'Ismène de Beauvoir et a publié un document sur la génération Y, Contre-culture confiture (éditions FYP, 2013).
Agathe passe deux ans en Australie. Puis elle part vivre en 2014 au Japon, alterne entre les leçons de japonais et les castings pour faire de la figuration dans des publicités afin de pouvoir payer son loyer et en rapporte ce récit de voyage, Pourquoi Tokyo ?On y apprend qu'il faut constituer une réserve de lessive anti-moisissures pour passer le cap de l'été chaud et humide sans que ses vêtements n'empestent. Il faut oser la comparaison entre le Japon et les Pyrénées-Orientales mais elle le fait, estimant que Tokyo en été serait équivalent à Prades.
Pour rester dans le domaine climatique, j'ai relevé les conseils sur la conduite à tenir en cas de typhon ou de désastre (p. 257) auquel la population s'entraine régulièrement. Vous pouvez vous doutez que la jeune femme aborde la situation avec humour. Il y a de bonnes idées à mettre en oeuvre comme le Cool Biz que l'on pourrait utilement copier : s'habiller légèrement l'été pour ne pas utiliser la climatisation à fond.
C'est un vademecum du gaijin autrement dit du parfait "étranger" qui ne s'extasiera pas devant les premiers washlets venus (p. 85) et qui pourra comme elle gagner sa vie comme figurant. Un métier que Pôle Emploi ne songerait pas à conseiller aux étrangers vivant en France.
Qui, s'il est tatoué, apprendra qu'il est de bon ton de cacher ses tatouages sur les plages. Nous ne partageons pas les mêmes codes de la beauté. Nous ne vivons pas non plus dans le même contexte de méfiance : on peut laisser son téléphone et son IPad sur la table d'un café le temps d'aller aux toilettes. Personne n'y touchera.
Et nous n'avons pas non plus les mêmes tabous ni ne sommes choqués par les mêmes comportements. Il est impoli de se moucher en public. Il faut renifler. Les love hôtels ont pignons sur rue mais si coiffer Sainte-Catherine est une fête en France, il ne fait pas bon devenir Kurisumasukëki, autrement dit avoir dépassé 25 ans sans être marié (p. 246).
Le livre d'Agathe Parmentier est un recensement de ses découvertes, et de ses désillusions, racontées toujours avec une certaine distance. Il ne doit pas être compris comme un guide touristique, pas davantage qu'un guide culinaire même si le sujet est largement traité. J'y ai appris que le daikon n'est rien d'autre qu'un radis blanc (utile à savoir pour une bloggeuse culinaire). Elle fait saliver quand elle nous parle des oniguri et surtout des kakigori (p. 92), qui sont des sortes de sorbets.
Son nom ne figure pas dans les premières pages mais il finit par apparaitre (p. 173) : Amélie Nothomb est une référence incontournable. C'est une des premières européennes à avoir levé le voile sur les codes sociaux du Japon. Agathe va peu plus loin, sans prétendre être intégrée et il est probable qu'elle ne le sera jamais (p. 109) même si on devine qu'être français est plus souvent un avantage qu'un handicap.
Son livre s'achève sur un lexique qu'il ne faudrait pas zapper. On pourra aussi prolonger en retournant sur le blog qu'elle a tenu sur son expérience. Pourquoi Tokyo ? créé la surprise que l'on ait ou non le projet de nous y rendre. Et cela a commencé pour moi dès l'ouverture du livre, rempli d'une poussière étonnante ...
Pourquoi Tokyo ? le carnet de voyage d’Agathe Parmentier, Au Diable Vauvert, en librairie depuis le 11 février 2016