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[Critique] 10 CLOVERFIELD LANE

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] 10 CLOVERFIELD LANE

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Titre original : 10 Cloverfield Lane

Note:

★
★
★
★
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Dan Trachtenberg
Distribution : Mary Elizabeth Winstead, John Goodman, John Gallagher Jr….
Genre : Thriller/Science-Fiction
Date de sortie : 16 mars 2016

Le Pitch :
Michelle se réveille dans une cave après un violent accident de voiture. Elle fait rapidement la connaissance d’un homme qui lui explique l’avoir sortie de l’épave de son véhicule pour la conduire chez lui afin de la soigner. Il lui apprend également que le monde n’est plus comme elle l’a toujours connu et qu’il ne faut sous aucun prétexte qu’elle sorte du bunker dans lequel elle a en fait été conduite. Néanmoins, le doute persiste chez la jeune femme, qui songe à s’échapper…

La Critique :
J.J. Abrams a préparé la sortie de 10 Cloverfield Lane de la même façon que celle de Cloverfield en 2008. Annoncé via un premier trailer mystérieux deux mois avant sa sortie, alors que personne ne l’avait vu venir, 10 Cloverfield Lane s’est ainsi imposé quasi immédiatement comme l’un des films les plus attendus de l’année, en jouant sur une campagne virale de grande ampleur. Indices dissimilés ici ou là ou jeu en ligne, rien ne fut laissé au hasard pour offrir au long-métrage une rampe de lancement d’envergure, lui assurant de toucher un large public, dont la curiosité fut à n’en pas douter titillée par ce qui pouvait être un spin-off de Cloverfield ou bien une suite. Ou alors rien à voir. Seule certitude : les propos du réalisateur Dan Trachtenberg affirmant que le métrage faisait partie du même univers…

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Il est plutôt rare aujourd’hui de débarquer dans une salle de cinéma sans trop savoir à quoi s’attendre. Avec la profusion de bandes-annonces et autres spots TV, les films sont souvent déflorés avant même leur première projection. 10 Cloverfield Lane pour sa part, a su conserver son aura de mystère jusqu’au bout et c’est une excellente chose, tant il est agréable d’appréhender le spectacle sans aucune clé, si ce n’est l’impression qu’à un moment ou un autre, des aliens vont débouler. Il est d’ailleurs logique de se dire que si les personnages sont enfermés dans ce bunker profondément enterré sous terre, c’est justement pour échapper à une menace similaire à celle qui détruisit New York dans le premier film. Une certitude à double-tranchant tant il aurait peut-être été encore plus sympathique que le long-métrage ne dévoile pas immédiatement, via son titre, sa parenté avec Cloverfield, démultipliant ainsi les interrogations quant au destin des occupants du bunker. Cela dit, Dan Trachtenberg et ses scénaristes (dont Damien Chazelle, le réalisateur de Whiplash) arrivent quand même à brouiller les pistes et c’est là aussi que 10 Cloverfield Lane fait très fort…
Terriblement tendu dès le début, quand Mary Elizabeth Winstead est victime d’un violent accident de voiture avant de se retrouver chez John Goodman, enfermée et attachée au mur, l’intrigue se pose ensuite et instaure une ambiance à couper au couteau remarquablement bien emménagée.
C’est là qu’il faut saluer John Goodman. Quand il apparaît à l’écran, c’est lui qui prend les commandes. Imposant, charismatique, le comédien fait souffler le chaud et le froid avec une prestance folle, à tel point qu’on ne sait pas vraiment de quel bois est fait son personnage. Est-il un gentil sauveur prêt à tout pour le bien-être de ses deux hôtes ou un de ces survivalistes un peu tarés dont l’équilibre mental peut basculer du côté obscur d’un moment à l’autre ? À la fois terriblement effrayant et profondément touchant et empathique, John Goodman contribue très largement à rendre tangible la somme de thématiques que le film entend illustrer. Au début, alors que personne ne sait ce qui se trame à la surface, c’est lui qui explique que le monde a sombré et que l’air est devenu irrespirable et c’est donc lui qui installe les bases de l’intrigue, à grand renfort d’un jeu vraiment impressionnant, à la fois tout en retenue, mais aussi caractérisé par des accents viscéraux inattendus. Pas de doute à avoir : si 10 Cloverfield Lane est si bon, c’est aussi grâce à John Goodman.
Un acteur par ailleurs habitué à jouer les seconds couteaux, mais jamais enclin à tirer la couverture à lui. La dynamique qui anime le trio du film est en cela très bien pensé, étant donné que tout le monde a l’opportunité de s’exprimer sans se voir écrasé par les autres. Quand Goodman prend le contrôle, c’est voulu. Cela participe à la progression du récit. Ce qui n’empêche pas la brillante Mary Elizabeth Winstead, soit la véritable héroïne de l’histoire, de s’imposer tout doucement, au rythme de l’appréciation de la situation qu’a son personnage. Même chose pour l’excellent John Gallagher Jr. (un acteur vu dans la série The Newsroom), dont le rôle s’avère tout aussi déterminant.

Il est légitime d’être surpris par la nature intimiste de 10 Cloverfield Lane. Ce sont ici les comédiens qui mènent la danse dans ce qui s’avère être avant tout un huis-clos parfois très oppressant. Dan Trachtenberg se révèle d’ailleurs être un excellent directeur d’acteurs. Sa caméra met en valeur leur implication et ne perd rien des regards échangés en biais qui se font le vecteur des questions que les acteurs ne verbalisent pas forcément, tout en soulignant la tension inhérente aux silences, sans cesser de faire peser de manière exponentielle une authentique menace tout au long de l’histoire.

Pour autant, le film déconcerte alors que débute la deuxième partie. Le tournant qu’il opère n’est pas vraiment attendu et peut décevoir en cela qu’il joue sur une certaine accumulation, peut-être pour être certain d’en effet surprendre les spectateurs et assumer à fond son statut d’œuvre à twists, fidèle au mystère distillé par sa campagne promo. L’action s’emballe et le récit prend des airs horrifiques de plus en plus marqués. Toujours maître de la situation, le réalisateur prépare le bouquet final dans le chaos, pouvant faire regretter la nature intimiste et plus viscérale de la première partie. Le dernier tiers s’apparentant presque en cela à quelque chose de différent, s’inscrivant en effet dans une dynamique plus globale et faisant entrer 10 Cloverfield Lane dans un nouveau genre, à peine suggéré jusqu’ici.
Ceci dit, peu importe les choix que fait le long-métrage. Que l’on approuve ou non, la maîtrise est toujours au rendez-vous. Droit dans ses bottes, Dan Trachtenberg fait preuve d’un talent lui permettant de nous faire accepter les petites exagérations qui émaillent un climax plus conventionnel que tout ce qui a précédé.

Il est certain que cet étrange film s’avère un peu inégal. En premier lieu parfaitement puissant, exaltant et surprenant, il finit par se ranger (c’est néanmoins relatif), au prix de séquences plus spectaculaires visuellement. Lorgnant du côté d’une forme noble de divertissement, sans cynisme, articulé autour d’une trame à tiroirs plus opportuniste que prévu mais quoi qu’il en soit plutôt galvanisant, 10 Cloverfield Lane offre un panel de sensations que beaucoup d’autres productions échouent à garantir sur la longueur. Malin, roublard, flippant et parfois déconcertant, il s’avère de plus très intense, pour la simple et bonne raison qu’il assume toutes les directions prises, sans complexes, misant beaucoup sur ses acteurs, tous les trois parfaits.
Et de toute façon, il y a John Goodman. On a précisé à quel point ce type était impressionnant ?

@ Gilles Rolland

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  Crédits photos : Paramount Pictures France


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