Je suis un grand fan de jumelles. J’ai toujours ma paire à coté de moi. Sur mon bureau, dans la boite à gants de la voiture (indispensable !) et bien sur, en sortie terrain. Vous savez, on a coutume de dire qu’un photographe devrait toujours avoir son appareil photo avec lui. Un photographe animalier devrait quant à lui rajouter une paire de jumelles !
Cet outil est juste incontournable dans la panoplie du parfait petit photographe nature. Oui, certains n’en ont pas et préfèrent identifier un animal en le photographiant au téléobjectif. Un coup de zoom dans l’image pour identifier le sujet et ça leur suffit. Pas moi. L’utilisation de jumelles me fait entrer véritablement dans la scène que j’observe. Et c’est irremplaçable à mon avis !
C’est pourquoi je suis très heureux de vous présenter ce test des jumelles Legend L 10×42 de la marque Bushnell.
La marque Bushnell
La Bushnell Corporation est une société américaine créée en 1948 par David P. Bushnell … au Japon ! C’est effectivement durant la période d’occupation du Japon par les USA au sortir de la Seconde Guerre Mondiale que cet entrepreneur américain créa la société éponyme.
Pour la petite histoire, c’est au cours d’un voyage au Japon avec sa femme qu’il acquiert ses premières paires de jumelles (qui ne devaient pas avoir grand chose à voir avec celles d’aujourd’hui !). À son retour en Californie, il réussit à en vendre 400 paires. Ce succès l’encouragea à développer ce business.
Le but de David P. Bushnell était alors simple : permettre pour la première fois à la classe moyenne américaine de l’époque de posséder un tel instrument. Au sortir de la guerre, les citoyens américains voulaient s’équiper en toutes choses. Sa stratégie fut de faire appel à des fabricants étrangers pour lui fournir des optiques selon ses propres critères.
David P. Bushnell, le fondateur de la société Bushnell
Pour revenir à une période plus récente, Bushnelle était en 2006 le premier fabriquant de jumelles aux USA. La société ne se contente plus aujourd’hui de produire et vendre des jumelles. C’est à présent une multitude de marques et de produits dédiés aux optiques de sport et de loisirs. Savez-vous par exemple que la marque bien connue des skieurs Bollé fait partie du giron Bushnell ?
Jumelles, donc, mais aussi lunettes terrestres, téléscopes, télémètres laser, piégeages photos sont au catalogue d’un des leaders mondiaux dans ce domaine. Quoi de mieux que cette marque pour ce premier test de jumelles sur le blog !
Fiche Technique des jumelles
La série Legend propose trois gammes de jumelles : E, L et M. Retenez que les E sont les entrées de gamme, les L le milieu et, fort logiquement, les M le haut de gamme. La principale différence entre ces trois modèles concerne le traitement des verres.
Mis à part le revêtement Rainguard HD ® permettant de transformer l’humidité et la condensation en de fines goutelettes d’eau, les E n’ont pas de traitement particulier de transmission de la lumière.
A l’inverse, les L et M bénéficient de verres en Fluorite ED Prime offrant une dispersion de lumière très basse, ainsi qu’une gestion des aberrations chromatiques accrue. Je vous rappelle qu’on retrouve cet apport de Fluorite dans les verres haut de gammes des objectifs photo. C’est, parmi d’autres paramètres, ce qui augmente les prix des verres !
C’est pourquoi je vous conseillerais vraiment de toujours choisir vos jumelles (Bushnell ou pas) en fonction de la présence ou non de Fluorite. La différence est flagrante !
Quelques explications pour mieux comprendre les chiffres et données qui vont suivre :
- Le grossissement (le 10 dans 10 x 42 mm) est simplement la puissance de rapprochement. Les jumelles testées aujourd’hui grossissent 10 fois. C’est idéal pour l’animalier. En dessous, ça ne servirait pas à grand chose, au delà, le suivi d’un oiseau deviendrait trop difficile et les tremblements trop importants à main levée. Concrètement, vous aurez l’impression de voir un renard 10 fois plus près : à 10 mètres au lieu de 100 !
- Le diamètre (le 42 dans 10 x 42 mm) est la taille exprimée en millimètres du diamètres des objectifs. Plus il est grand, plus il laisse entrer de la lumière et offre un large champ de vision. Revers de la médaille, plus le diamètre est important, plus le poids et l’encombrement sont conséquents ! Encore une fois, 42 mm est ici un excellent compromis pour l’observation animalière.
- Type de prisme. Il y a deux méthodes de construction des jumelles. Les prismes de Porro et les prismes en toit. Cette dernière alli compacité, légèreté et performances supérieures par rapport aux prismes de Porro.
- Champ de vision : c’est la largeur du champ observé. Si c’est 100 mètres, ça signifie que si vous regardez à 1000 mètres devant vous, vous ne verrez que 100 mètres de large. Plus ce chiffre est grand et mieux c’est évidemment.
Si ce sujet vous intéresse, le site Ornithomédia a écrit un guide complet pour bien choisir ses jumelles.
À présent voici les caractéristiques complètes des jumelles Legend L de Bushnell :
- Grossissement x Diamètre de l’objectif : 10 x 42 mm
- Type de prismes : en toit
- Champ de vision à 1000 mètres : 113 mètres
- Distance minimale de mise au point : 1, 9 mètres
- Verre Fluorite ED Prime
- Revêtement Ultra Wide Band
- Revêtement hydrophobe RainGuard® HD : traitement anti-humidité et anti-condensation
- Verre sans plomb
- Champ de vision ultra large
- Long dégagement oculaire
- Châssis léger en magnésium
- Fabrication étanche : indispensable pour les observations aimalières
- Verrouillage du réglage dioptrique
- Poids : 666 g
Déballage
Je ressens toujours une vraie excitation de gosse quand je déballe un nouveau joujou. Encore plus lorsqu’il s’agit d’objets liés à ma passion ! Ce doit être ma madeleine de Proust.
Les jumelles se trouvent classiquement dans une boite carton rectangulaire. Rien d’extraordinaire quand aux visuels figurant sur la boite. On retrouve la photo du produit et ses principales caractéristiques. Le carton est plutot robuste et protège bien l’intérieur.
L’ouverture se fait pas le dessus. Je découvre une housse de protection noire dans laquelle doivent se trouver les jumelles. Alors j’ouvre cette housse … et je trouve un étui en tissu gris. Les jumelles sont dedans. J’ouvre cet étui … et je vois une nouvelle protection en plastique. C’est le jeu des poupées russes !
Ces trois couches de protection sont évidemment une bonne chose. Rien de pire que de découvrir son nouveau jouet abîmé à cause d’une protection défaillante. Pas de risque ici, les couches successives assurent le coup.
C’est le premier bon point de ce test. J’apprécie particulièrement la housse de protection noir rigide ainsi que l’étui en tissu gris. Que ce soit lors d’un rangement prolongé ou pour le transport sur le terrain, les Bushnell Legend L seront constamment sous haute protection !
Bon, à part les jumelles, le carton contient :
- un manuel d’utilisation en français. Bien fait, bien imprimé et bien rédigé ! Qui n’a jamais pesté en se cassant les yeux sur un mode d’emploi mal fichu ? Ça n’est pas le cas ici. Les phrases sont en bon français, les photos d’illustration bien définies, la police d’écriture assez grande et les feuilles bien blanches. Alors les rares qui liront ce manuel seront contents.
- Une courroie pour mettre les jumelles autour du cou. J’en reparle plus loin.
- Un bulletin pour s’enregistrer en ligne … en anglais, donc bof. Vous ne raterez pas non plus grand chose.
- Un chiffon microfibre. Une petite attention qui fait plaisir ! Reste à savoir combien de temps je vais mettre pour le perdre !
- Une housse rigide noire
- Un étui en tissu
- Deux caches lentilles de protection
- Deux caches oculaires de protection
Voilà. Même si Bushnell ne révolutionne pas l’emballage des jumelles, tout y est !
Test
Prise en main des jumelles
J’avoue avoir parcouru en travers le mode d’emploi pour vite sortir l’objet du sac plastique. Je me concentre car je dois me souvenir de ma première impression. Quand je teste un produit, quel qu’il soit, cette première impression est déterminante, et souvent la bonne.
Les deux premiers mots qui viennent à l’esprit sont « Robustesse » et « Sérieux« . Plusieurs raisons à cela. C’est lié tout d’abord au revêtement utilisé pour l’habillage. Un caoutchouc idéal pour donner de l’accroche à la prise en main. Le contact sur la peau est en plus agréable.
La qualité du revêtement pourrait se suffire à lui-même, pourtant Bushnell a rajouté deux points visant à améliorer la prise :
- une encoche pour les pouces sous chacun des fûts. Classique mais bien vu. Mes deux pouces viennent pile s’y loger. Je pense que les vôtres feront pareil. La forme est rectangulaire, c’est bien.
- un aspect rugueux sur les cotés extérieurs des fûts. Mais la surface proposée n’est pas assez grande. Il aurait fallu recouvrir aussi une bonne partie du dessus en plus des cotés. Je sais pas vous, mais moi je tiens des jumelles avec le bout des doigts, lesquels se posent sur le dessus des fûts. Alors l’idée du changement de texture du revêtement est bonne. Ça rajoute une impression qualitative. Mais il en fallait un peu plus !
Voici un test important que je vous conseille de faire pour tout achat de jumelles. Enfoncez un ongle dans le revêtement pour mesurer sa capacité à absorber les chocs. C’est un peu comme le tableau de bord d’une voiture, plus ça s’enfonce mieux c’est ! Et pour les Legend L, aucun problème à ce point de vue. Elles pourront accepter sans broncher la chute depuis le haut de la tour Eiffel d’être malmenées.
Un autre facteur générant cette impression de sérieux est le poids. Tiens, prenez mes jumelles perso. Des Perl Escape 10 x 42 mm de 2008. Je les adore. Qualité d’image, prise en main, solidité, elles ont tout pour me plaire. Sauf une chose. Je les trouve trop légères. Oh, pas grand chose, quelques dizaines de gramme manquant sur la balance. Ces quelques grammes en plus que je ressens sur les Legend L. Elles ont pile le poids nécessaire pour ne pas fatiguer les bras tout en assurant la stabilisation.
J’ai beau avoir secoué les Bushnell dans tous les sens, je n’ai rien entendu ! Pas un bruit parasite, genre molette mal fixée ou vis mal … vissé. J’ai même tenté de les tordre dans des sens pas vraiment prévus, rien à faire, la bête ne bouge pas d’un pouce.
La molette de mise au point est faite de la même enveloppe caoutchouteuse. Des encoches longitudinales sont là pour empêcher le doigt de glisser pour la faire tourner. J’en reparle plus en détail dans la partie Utilisation.
Je l’ai dit au tout début de ce paragraphe, l’impression générale de fabrication est excellente. Autant visuellement qu’à la prise en main. C’est un produit bien fabriqué, qui respire la solidité. Ce qui ne doit pas être une option quand on sait ce que leur propriétaire leur fera subir sur le terrain.
Un petit mot sur la courroie (sangle autour du cou). Elle est fait 4 cm de large et 5 mm d’épaisseur. La matière du dessous (celle en contact avec votre cou) accroche bien. Ce doit être du néoprène. Cette sangle semble être bien conçue pour ne pas vous cisailler la nuque.
Utilisation sur le terrain
Vous ne trouverez pas dans les lignes qui suivent des tests faits en laboratoire. Pas de mires, de chromatisme mesuré, et j’en passe. Juste du ressenti d’utilisateur averti qui utilise des jumelles très souvent. Et c’est bien l’essentiel.
Avant de partir tête baissée sur le terrain, la première chose à faire avec des nouvelles jumelles est de régler la dioptrie. Le but étant de différencier les réglages de chaque lentille selon votre vue. En effet, nous ne sommes pas exactement symétriques ! C’est fréquent d’avoir un oeil plus ou moins fort que l’autre. La dioptrie permet de compenser cette différence.
Sur les Legend L, ce réglage s’effectue facilement sur l’oculaire droit. Il suffit de déverrouiller un anneau en tirant dessus puis de le tourner à gauche ou à droite pour faire le point. Une fois fait, hop, un clic vers le bas permet de bloquer la molette. Aucun risque de déréglement intempestif. C’est bien vu.
Deuxième étape, ajuster l’écartement des oculaires. Ben oui, sinon vous risquez, au choix, de voir double ou noir sur les cotés. Opération très simple à faire : il suffit de trouver le bon écart pour que les oculaires se placent sur vos yeux. J’avoue avoir été surpris par la dureté du mouvement. C’est doux, progressif, sans à coup, mais faut forcer ! Bien plus que sur mes Perl.
A la réflexion, c’est pas plus mal. C’est même mieux. Ça évite de devoir systématiquement ajuster l’écartement. Dans un sac à dos, ou même tenues à la main, cet écart change tout le temps sur mes jumelles. Avec les Bushnell, ça n’est pas le cas. J’ai donc apprécié de pouvoir plaquer les oculaires sur les yeux sans mettre le petit coup de poignet nécessaire. Le mécanisme est très solide, ça ne devrait pas se ramollir !
Troisième étape, la mise en place (ou non) des oeilletons pour les porteurs de lunettes. Je n’en ai pas alors je les tire vers moi. Pratique aussi les trois crans bien distincts pour adapter le positionnement des oeilletons à chacun. C’est le genre de détails qui prouvent que le fabriquant porte une attention particulière aux utilisateurs. On retrouve par exemple ce système de crans sur des marques très haut de gamme.
Quatrième étape, la mise au point. Elle se fait classiquement via la molette centrale. Je l’ai trouvée très onctueuse à actionner (je ne sais pas si on peut dire d’une molette qu’elle est onctueuse, mais vous m’avez compris ! ). J’ai ressenti un passage un peu plus dur mais rien de très embêtant. Elle est précise et permet de trouver le point facilement. La longueur de la course est d’un peu plus d’un tour et demi de butée à butée. C’est un demi-tour de moins que sur mes Perl. Et je préfère. L’intérêt étant de pouvoir accéder à la mise au point plus vite. Bon, clairement, ça n’est pas ce qui vous fera louper une observation. Mais ça compte !
Cinquième étape, regarder dedans. Enfin ! La forme et la matière (identique au reste) des oeilletons d’oculaires les rendent plutôt doux au contact de la peau. On peut les porter aux yeux longtemps sans ressentir de gêne.
Concernant le rendu des scènes observées, ces jumelles Bushnell Legend L sont d’un très bon niveau. Les images sont lumineuses et suffisamment contrastée. J’ai trouvé le piqué excellent. Comme d’habitude, il est sensiblement meilleur au centre que sur les bords, mais franchement, ça ne gêne en rien les observations.
Les couleurs restent fidèles à la réalité. Les mésanges bleues restent bleues et les rouges-gorges … oranges ! Oui, regardez bien le cou d’un rouge-gorge, c’est orange, pas rouge !
Les deux images ci-dessus ont été prises avec mon 50 mm directement collé contre l’oculaire gauche des jumelles. Ça n’a aucune valeur scientifique ! C’est juste pour pour vous donner une (petite) idée de l’image délivrée.
Il n’y a guère que dans des situations délicates que le rendu accuse un peu le coup. Ce fût typiquement lors de contrastes violents : oiseau perché sur une branche avec le ciel lumineux en fond. Là, le contour de l’animal présente quelques franges colorées. Rien d’excessif cependant.
En même temps, pour ne plus subir ce genre de défauts, il faudrait taper dans le très haut de gamme avec des traitements de verres excessivement coûteux. Les Legend L ne se situent pas sur ce marché.
Conclusion
C’est avec regret que je vais rendre les jumelles Bushnell Legend L. Elles auraient remplacé avantageusement les miennes. Leur utilisation est un vrai plaisir. Elles font ce qu’on leur demande : nous permettre d’observer la faune dans les meilleures conditions.
Au final, pour un prix sous la barre symbolique des 500 € vous avez là une paire de jumelles au rapport qualité-prix excellent. Donc si vous êtes à la recherche d’une première paire, ou si vous n’utilisez jamais les vôtres achetées 39,99 € à Auchan, ces Bushnell Legend L sont parfaites ! Testé et approuvé !
Sur Miss Numérique il y a en ce moment 11 % de réduction sur la version Camo (les mêmes que celles testées mais camouflées).
Points positifs
- Mise au point rapide et précise
- Construction solide
- Étanchéité totale à l’immersion
- Verrouillage du réglage dioptrique pratique et efficace
- Qualité optique (verres en fluorite)
- Crans de réglages des oeilletons
- Poids idéal et bien réparti
Points à revoir
- Aspect rugueux du revêtement trop court
- Apparitions de franges colorées lors de forts contrastes