Le 22 mars 2016
Synopsis :
Enniscorthy, sud-est de l’Irlande, années 1950. Comme de nombreux jeunes de sa génération, Eilis Lacey, diplôme de comptabilité en poche, ne parvient pas à trouver du travail. Par l’entremise d’un prêtre, sa sœur Rose obtient pour elle un emploi aux États-Unis. En poussant sa jeune sœur à partir, Rose se sacrifie : elle sera seule désormais pour s’occuper de leur mère veuve et aura peu de chance de se marier. Terrorisée à l’idée de quitter le cocon familial, mais contrainte de se plier à la décision de Rose, Eilis quitte l’Irlande. À Brooklyn, elle loue une chambre dans une pension de famille irlandaise et commence son existence américaine sous la surveillance insistante de la logeuse et des autres locataires.
Mon avis :
J’ai découvert la plume de Colm Tóibín, cet automne, au moment de la sortie du Testament de Marie, livre qui m’avait vraiment marqué et plu.
Les Editions Robert Laffont m’ont donné la possibilité de découvrir Brooklyn, un autre roman de l’auteur, réédité pour son adaptation au cinéma. Je les en remercie d’ailleurs énormément.
Eilis est une jeune femme intelligente et timide qui vit avec sa sœur aînée Rose, et sa mère qui est veuve. Elle a également trois frères, mais ces derniers sont partis en Angleterre pour trouver du travail. Elles sont irlandaises et nous sommes dans les années 50. Eilis est en admiration devant sa sœur aînée, qui est une jeune femme dynamique, vive, très belle et à la mode. Eilis a un diplôme de comptabilité mais ne trouve pas de travail dans les contrées irlandaises, comme tant d’autres de son âge. Rose va prendre son destin en main, elle lui permet par l’entremise d’un prêtre Irlandais, expatrié à New York, de trouver du travail à Brooklyn. Eilis n’a pas le choix elle doit partir, quitter sa famille, sa région, tout ce qu’elle a toujours connu.
La-bas, elle se promet de réussir pour que le sacrifice de Rose ne soit pas vain. Mais la vie dans la pension de famille avec des colocataires assez originales, ne sera pas facile. Très vite, le mal du pays la gagne. En effet, c’est tout une culture qu’elle a perdu, aux Etats Unis. Brooklyn est un vrai melting-pot des origines. Pour Eilis qui n’avait jamais quitté sa famille, c’est un vrai choc. Mais elle va devoir s’y habituer.
Ce roman est une vraie pépite, il s’agit bien plus que d’une simple romance. C’est une histoire qui met en lumière les liens de la famille, de la culture et des origines.
L’écriture de Colm Tóibín est toujours aussi agréable et limpide. L’héroïne décrite dans ce livre est une jeune femme attachante. Mais elle est aussi très soumise et n’ose pas s’affirmer. Mais je pense que c’est le réel portrait des femmes des années 50. Il lui faudra du temps, pour prendre enfin ses propres décisions et agir comme elle l’entend. Le déclic sera lent. Eilis voit certaines de ses connaissances s’émanciper, se moderniser, elle les envie, mais n’ose pas. Mais en même temps, elle a un grand respect pour sa famille, c’est très important pour elle. Les personnages secondaires sont assez intéressants également, ils apportent une vraie dynamique à l’histoire, je pense notamment aux différentes colocataires d’Eilis.
Plus que le portrait d’une ville, c’est surtout le portrait d’une héroïne qui est mis en avant dans ce roman, celui d’une femme déracinée, privée de ses origines et de sa famille mais qui devra faire ses propres choix pour en quelque sorte s’émanciper, mais ça veut également dire blesser certaines personnes pour vivre sa vie, Eilis osera-t-elle franchir le cap ?
A découvrir aux Editions Robert Laffont dans la collection Pavillon depuis le 3 mars 2016. (Disponible également en poche dans la collection 10-18)