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L'affaire Tournesol, par Hergé

Par Mpbernet

Pour rester en symbiose avec nos voisins belges ...

L’affaire Tournesol a été publiée en 1956, juste après le dyptique « Objectif Lune » et « On a marché sur la Lune », les héros étant encore nimbés de l’aura des découvreurs.

L’épisode se déroule en Suisse, en Bordurie et en Syldavie, pays balkaniques qui se combattent de façon immémoriale, par services secrets interposés, selon les règles de la guerre froide tellement d'actualité à l'époque. Coup de chapeau à l’auteur pour sa clairvoyance géopolitique et sa préscience d’une cible future du terrorisme : la cité de New-York !

tournesol

A vrai dire, de toute la saga des aventures de Tintin, ce 18ème album – pourtant considéré comme le sommet de l'oeuvre par nombre de spécialistes - n’était pas celui qui m’avait le plus captivée.

Pas très exotique, en effet, l’aéroport de Cointrin ou l’hôtel Cornavin … Cependant, à l’aide de la grille de lecture fournie par Renaud Nattiez, j’ai relu une nouvelle fois l’ouvrage et y ai découvert de nouvelles pépites. Et une confirmation : la construction de l’intrigue répond bien aux canons d’Hergé …

Tout commence par des jours tranquilles à Moulinsart. A part le professeur Tournesol qui œuvre dans le secret de son laboratoire, Tintin et le Capitaine se promènent dans le parc « Tout ce que je désire à présent, dit le Capitaine, c’est le calme, le repos et le silence. » Las, cela ne va pas durer ! Deux événements vont se bousculer : l’inexplicable phénomène d’explosions de verre et de porcelaine – y compris le verre de whisky qu’il s’apprête à boire – et l’invasion burlesque de Séraphin Lampion, l’agent d’assurances calamiteux. Le bris de glaces constitue le fait anodin qui débute toute aventure tintinesque. Le fait déclencheur sera l’irruption violente d’un agent bordure dans le laboratoire du professeur. Milou lui arrache la poche de sa gabardine, il en tombe un paquet de cigarettes sur lequel a été griffonné le nom de l’hôtel de Genève où doit séjourner Tournesol. Suit la phrase-signal de Tintin : « Capitaine, quelque chose me dit que Tournesol est en danger à Genève, je pars le rejoindre ! ».

sparadrap

La série d’épreuves commence alors pour tenter d’empêcher les sauveurs de contrecarrer l’enlèvement par les espions – tant bordures que syldaves – du professeur afin de l’asservir à leur cause destructrice. Avec, comme à l’accoutumée, force récapitulations et gags dont certains vont faire le tour du monde comme celui du sparadrap du Capitaine, qui réapparaîtra dans « Vol 714 pour Sydney », un épisode « non-canonique » pourtant …

La boucle sera bouclée par le professeur lui-même qui, à l’image d’Albert Einstein, refusera que sa découverte ne tombe entre des mains belliqueuses. C’est lui qui réalise le gag de fin, dès le retour au calme ponctué par le départ de la famille Lampion, et l’image idyllique de Milou souriant à gueule déployée à son ennemi héréditaire : le chat siamois du Capitaine …

Une énième relecture pleine de surprises malgré les années, un ouvrage à la construction rigoureuse. Du grand Hergé !

L’affaire Tournesol, 15ème épisode des aventures de Tintin par Hergé, chez Casterman, 62 p. 10,95€


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