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Soutenues par les entreprises, les grandes écoles réussissent leur virage numérique

Publié le 25 mars 2016 par Pnordey @latelier

A l’heure où la plupart des entreprises se penchent sur leur transformation digitale, les grandes écoles françaises suivent le mouvement pour préparer leurs étudiants à un environnement du travail toujours plus digital.

L’Ecole polytechnique lancera en juin 2016 une formation certifiante, spécialisée dans les objets connectés et destinée à un public de managers et d’ingénieurs. Les premières séances seront orientées vers la théorie avant d’inciter les élèves à passer à la pratique. Une quarantaine d’étudiants ont été sélectionnés sur dossier pour bénéficier de cette formation.

Les entreprises, fer de lance de la transformation des grandes écoles

En parallèle à cela, l’école a aussi lancé un nouveau diplôme de niveau Master spécialisé dans l’Internet of Things. Frank Pacard, le directeur de l’enseignement et de la recherche de l’école Polytechnique explique: “Nous faisons en sorte que ce qui se développe dans le centre de recherche ait un impact sur l’enseignement. Tout cela est aussi très lié aux chaires d’enseignement et de recherche qui sont chapeautées par des entreprises sur différentes thématiques. Il y a par exemple une chaire sur la transformation du métier d’assureur, avec Axa pour mieux gérer tous les changements actuels de la société et adapter les réponses du secteur.” L’X a aussi créé une chaire en partenariat avec Orange, Thales et Keyrus pour former des data scientists. Les entreprises manquent de spécialistes de ce secteur, pourtant en plein développement. “Ce qui fait notre force, c’est surtout notre proximité avec les entreprises, cela nous permet d’être beaucoup plus à l’écoute de leurs besoins, que peuvent l’être certaines universités qui n’ont pas toutes ces chaires par exemple. Nous sommes aussi une petite structure ce qui nous permet d’agir rapidement et de manière agile. Les adaptations se font donc relativement facilement à Polytechnique.”

L’école avait d’ailleurs été pionnière dans le lancement des MOOCs, ces cours ouverts à tous et disponibles en ligne, en 2014. “Ce sont d’abord des étudiants revenus des Etats-Unis et qui avaient découvert ce format là-bas qui m’en ont parlé. Nous avons ensuite décidé de lancer la même chose dans l’école; la première année s’est déroulée en mode “startup”. Peu de professeurs connaissaient encore bien ce système. Et il fallait se débrouiller avec les moyens du bord. Mais ce format a très bien marché et maintenant certains professeurs voient le nombre d’étudiants à suivre leurs cours augmenter d’un facteur 100 grâce aux MOOCs,” raconte Franck Picard.

Des formations “Learning by Doing”

Mais Polytechnique n’est pas la seule à prendre le train de la transformation numérique. CentraleSupelec a aussi initié de grandes nouveautés pédagogiques ces derniers mois. Renaud Monnet, directeur du Digital Institute de l’école, explique : “Nous avons lancé une chaire d’innovation digitale pour aider les entreprises françaises à se transformer en leur proposant les bonnes méthodes mais aussi les formations adaptées à leurs collaborateurs. Ceux-ci doivent de plus en plus apprendre à travailler en mode ouvert, par exemple. A coté de cela, nous avons lancé en 2015 la Digital Tech Year qui cherche à développer le potentiel des meilleurs étudiants de l’école dans le domaine du digital. Ceux-ci sont amenés à passer une année entière rythmée par la mise en place de prototypes avec des entreprises de tous les secteurs confrontées à des problématiques de transformation numérique. Ces périodes de prototypage durent 6 semaines et les étudiants sont à temps plein sur ces projets. En 2015, nous avons travaillé sur une trentaine de prototypages avec une vingtaine d’entreprises différentes. Ce programme apporte un bénéfice mutuel, à la fois aux entreprises et aux étudiants.

Et les projets sont variés. L’école a ainsi travaillé avec PSA pour la fabrication d’un drone qui permet de prendre les véhicules d’occasion en photo, industrialisant ainsi cette étape. “Pour le groupe La Poste, nos étudiants ont réfléchi à un prototype qui permet à une famille de déconnecter ses objets connectés, pour passer du temps de qualité ensemble. Des entreprises de toute taille nous sollicitent, grands groupes comme startups. Et ces programmes rencontrent aussi beaucoup de succès auprès de nos étudiants”, ajoute Renaud Monnet.

Et cet élan des grandes écoles n’est pas prêt de ralentir, maintenant que les comités de direction se sont emparés du sujet. Et Renaud Monnet de conclure, “A l’horizon 2017/2018, nous pensons que les entreprises travailleront avec des “plateaux projets” en dépêchant certains de leurs salariés en dehors de l’entreprise, dans des environnements de travail différents de leur quotidien, pour mener à bien des projets de courte durée. Cette méthode mise sur l’intelligence collective et évite d’avoir à faire du reporting à la hiérarchie, qui peut ralentir un projet. C’est maintenant à nous de faire en sorte de nous adapter et de leur proposer les formats qui leur conviennent, tout en assurant bien sûr la meilleure formation à nos étudiants.


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