Un souffle, une ombre de Christian Carayon 5/5 (18/03/2016)
Un souffle, une ombre (540 pages) sort le 14 avril 2016 dans la collection Fleuve Noir des Editions Fleuve.
L’histoire (éditeur) :
Il faisait particulièrement doux ce soir-là.
Nous étions en été, un samedi soir, la fête annuelle de la base nautique des Crozes avait battu son plein toute la journée.
Justine avait demandé à ses parents, également présents, de pouvoir passer la nuit avec sa cousine et deux copains de classe sur l’îlot des Bois-Obscurs, au centre du lac. Un camping entre pré-adultes. Une récompense pour le bon travail fourni toute l’année. Promis, ils seraient de retour le lendemain, à 10 heures au plus tard.
Le dimanche matin, les adolescents se font attendre. L’un des parents, de rage, parcourt la distance à la nage. Sur l’îlot il découvre l’étendue du massacre : les corps meurtris, outragés, dénudés.
Les familles des victimes, des accusés, la région, tous vont connaître le chaos et le déclin.
Ma vie d’enfant a basculé ce jour-là. Quelqu’un – quelque chose –, au visage indéfini, malveillant, a pris possession de mon imaginaire, de mon âme.
Vingt ans après le drame, l’occasion de dépasser ce traumatisme collectif s’offre à moi.
Je vais enfin pouvoir donner un visage à mes peurs.
Mon avis :
Si vous cherchez un bon roman noir, enrobé d’une écriture belle et soignée, n’hésitez pas à découvrir le 14 avril prochain Un souffle une ombre, le nouveau roman de Christian Carayon.
Marc-Edouard Peiresoles (le narrateur) est maître conférencier en histoire contemporaine à l’université de Toulouse. Sa vie perso bat de l’aile, sa vie professionnelle commence elle aussi à perdre de sa superbe, il se sent médiocre et sait au fond de lui que quelque chose de profond l’empêche de vivre sereinement et qu’une peur l’habite depuis toujours. Alors la nécessité de se lancer dans un nouveau projet ne le quitte plus. Celle de reconstituer le drame d’août 1980 qui a marqué la région durant son enfance. Il tente ainsi de mettre un nom sur cette chose tapit au fond de lui (sur cette ombre nommée Konitz qui le poursuit depuis toujours), d’essayer de comprendre comment cet événement a peu être à l’origine du déclin de la vallée et surtout de savoir ce qui est vraiment arrivé cette nuit-là.
Un souffle une ombre est un récit méthodique, méticuleux et long qui s’évertue à nous présenter, de manière journalistique, les événements de l’époque à mesure des souvenirs, des réponses et des découvertes que fait Marc-Edouard.
Christian Carayon nous transporte littéralement ! On a la sensation d’être assis en face du narrateur à l’écouter attentivement et en un claquement de doigts on se retrouve en 1980 pour partager avec lui ce qu’il prend soin de reconstruire. Et bien que ce soit une fiction, l’auteur prend un tel soin à décrire les lieux que l’on a vraiment la sensation d’être sur place avec le narrateur. Les descriptions sont pointilleuses et longues, mais le récit est tellement hypnotisant, l’atmosphère tellement envoûtante et la quête si intrigante qu’on ne peut plus en sortir.
Même s’il s’agit d’une enquête et que la recherche du coupable prend peu à peu le dessus, on n’est pas ici dans un roman policier mais bien plus dans un roman noir et un roman d’ambiance où les lieux et les personnages portent l’intrigue. C’est fort ! Les faits se construisent sous nos eux et ce voyage dans le passé, très réussi, devient de plus en plus intense, stressant et inquiétant.
Bref, Un souffle une ombre est un roman très accrocheur qui nous fait vivre l’histoire aux cotés des personnages de manière forte et troublante. Le rythme lent n‘a rien de pénalisant car il devient presque fascinant et se voit régulièrement balayer par des scènes d’une intensité surprenante, qui vous empêche de relâcher l’attention.