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Serge Gainsbourg-Confidentiel-1963

Publié le 25 mars 2016 par Numfar
Serge Gainsbourg-Confidentiel-1963

DECEMBRE 1963

Depuis quelques mois, et pour la seule fois de sa vie, Gainsbourg a formé un groupe. Un trio de jazz solide avec le guitariste Elek Bacsik et le contrebassiste Michel Gaudry.

Plus de percussions, plus de guitares, plus de saxophones...

Après quelques concerts, le trio enregistre le premier 30 cm de Gainsbourg: le jazzy, minimaliste, intimiste et tout simplement magique "Confidentiel" qui sera publié à la fin de l'année.

Chez les yé-yés (Serge Gainsbourg)

Sait-on jamais où va une femme quand elle vous quitte(Serge Gainsbourg)

Le talkie-walkie(Serge Gainsbourg)

La fille au rasoir(Serge Gainsbourg)

La saison des pluies (S.Gainsbourg-E.Bacsik)

Elaeudanla Téitéia(Serge Gainsbourg)

Scenic railway(Serge Gainsbourg)

Le temps des yoyos(Serge Gainsbourg)

Amour sans amour(Serge Gainsbourg)

No no thanks no(Serge Gainsbourg)

Maxim's(Serge Gainsbourg)

Negative blues(Serge Gainsbourg)

"Chez les yé-yés" est tout simplement la confession d'un désir cher à Gainsbourg: réaliser son fantasme du mythe de pygmalion.

"Non rien n'aura raison de moi,

J'irais te chercher ma Lolita,

Chez les yé-yés"

"Sait-on jamais où va une femme quand elle vous quitte" est à la fois incroyablement romantique et en même temps totalement cynique, puisqu'il cite une phrase prononcée par Landru.

"Sait-on jamais où va une femme quand elle vous quitte?

Qui disait cela?

C'est ce que tu n'as jamais su.

Sait-on jamais où va une femme quand elle vous quitte?

Moi je le sais,

C'est au cours de son procès, Landru."

"Le talkie-walkie" est une chanson sur la jalousie et l'erreur de vouloir espionner la femme aimée. On peut même y voir un avant-gout de "L'homme à tête de chou".

"J'entendis des soupirs dans le talkie-walkie,

Des mots d'amour.

Et puis son prénom que murmurait dans la nuit,

Un inconnu.

De ce jour tous les plombs de mon pauvre compteur ont sauté,

Mais je la vois dans mon obscurité."

"La fille au rasoir": passion fétichiste d'une femme pour un objet métallique et histoire d'amour malheureuse pour son compagnon.

"Le rasoir élécrique, 

Me rendait dingue mais Clara,

N'prenait au tragique,

Ni mes angoisses ni mes amours,

Un jour quand même, je lui ai dit je t'aime.

Sous l'rasoir électrique,

Tu n'as rien entendu Clara..."

"La saison des pluies" est peut-être la plus belle chanson du disque, avec une mélodie signée Elek Bacsik.

"C'est la saison des pluies,

L'adieu des amants,

Un autre viendra qui d'un baiser effacera,

Le rimmel au coin de ses lèvres."

"Elaeudanla Téitéia" ou Gainsbourg joue avec les lettres d'un prénom.

"Sur ma Remington portative,

J'ai écrit ton nom Laetitia,

Elaeudanla téitéia.

...

C'est ma douleur que je cultive,

En frappant ces huit lettres-là,

Elaeudanla téitéia."

"Scenic Railway": Gainsbourg troc son costume scénique pour un costume cynique, et décrypte la chanson variétoche facile.

"Ouais, je t'emmènerai sur le scenic railway,

Mais ces émotions-là,

C'est facile.

...

Ouais, je vais te sembler un peu cynique ouais ouais,

Y a pas que les machines,

Pour s'envoyer en l'air."

"Le temps des yoyos" est nostalgique et montre bien le virage radical que Gainsbourg est en train de prendre.


"Le temps des yoyos est désaccordé,

J'ai mis mon banjo au temps des yé-yés.

Le temps des yoyos c'était l'andante,

C'est l'andantino, le temps des yé-yés."

"Amour sans amour" est un autre texte de génie.

"Combien j'ai connu d'inconnues,

Toutes de roses dévétues.

Combien de ces fleurs qu'on effleure,

Et qui s'entrouvent puis se meurent.

Que de larmes et de colliers,

Au pied de mon lit ont roulé,

Que de comédies, que d'ennuis,

Pour de si frêles pierreries."

"No no thanks no": Gainsbourg prend les traits d'un musicien black et junkie de Harlem.

"No no thanks no, je ne fume que de la marijuana,

No no thanks no, à quoi bon insister?

No no thanks no, ma dernière cigarette.

No no thanks no, est déjà refroidie."

"Maxim's": fantasme de grand luxe.

"Ah! Baiser la main d'une femme du monde,

Et s'écorcher les lèvres à ses diamants."

"Negative blues" est ma chanson préférée de tout l'album. L'histoire d'un photographe ayant donné des complexes à sa copine qui depuis la quitté.

"Où est ma petite amie?

Elle est dans mon Rolleiflex.

Je le regarde perplexe,

Dois-je le foutre aux orties?

...

Je revois la petite chérie,

Posant pour mon Rolleiflex,

Un p'tit machin en lastex,

Lui donnait un peu d'esprit.

Où est ma petite amie?

Elle est dans mon Rolleiflex.

J'y ai filé des complexes,

Elle a filé cette nuit."

Vous l'aurez compris, Gainsbourg vient de publier l'un de ses meilleurs albums, l'un de mes préférés en tout cas, un disque au charme unique.

Malheureusement, l'album est un  flop absolu, encore un.

Ses échecs perpetuels vont l'amener à bientôt abandonner définitivement le jazz.

Néanmoins, le trio Gainsbourg-Bacsik-Gaudry va encore se produire sporadiquement jusqu'en 1965, année où Gainsbourg décidera d'arrêter la scène.

© Pascal Schlaefli

Urba City

25 Mars 2016

Du même auteur:

Serial Angel Vol.1:

Anastase & Perfidule (2014-gratuit sur Itunes)

The Blacksouls (2015)

Serial Angel Vol.2:

Runaway Suzi (à paraître)

 Blog: Serialangel.centerblog.net

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