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Mr turner - 5/10

Par Aelezig

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Un film de Mike Leigh (2014 - UK) avec Timothy Spall, Paul Jesson, Marion Bailey, Lesley Manville, Dorothy Atkinson

Anecdotique, dommage.

L'histoire : Les 25 dernières années du peintre Joseph Mallord William Turner (1775-1851). Son père, assistant dévouée, sa servante dévouée puis sa compagne dévouée. Ah... un peu de peinture aussi.

Mon avis : Passionnée d'art, j'attendais beaucoup de ce film, pour lequel Timothy Spall a reçu le prix d'interprétation masculine à Cannes. D'autant que Turner est un de mes peintres préférés, dont je contemple encore et encore, inlassablement, les toiles qui diffusent une prodigieuse lumière, absolument inégalée. Et j'ai été plutôt déçue...

D'abord pourquoi n'avoir retracé que la fin de sa vie ? C'était intéressant de faire un biopic complet. Turner a commencé la peinture très tôt, il a fréquenté les plus grandes écoles, beaucoup voyagé pour voir les maîtres et s'inspirer de la nature et des paysages, il s'est temporairement destiné à l'architecture, puis sur les conseils de ses professeurs, a finalement choisi de se consacrer à la peinture. D'où les merveilles de bâtiments qu'il a pu peindre avec une perspective soignée. Là, on ne voit qu'un homme vieillissant, qui se tape sa servante vite fait dans les coins, bougon (ce qu'il était) et très laid (ce qu'il n'était pas). Ce qui n'aide pas à aimer le personnage. 

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Le film d'ailleurs prend quelques libertés avec ce que l'on sait de Turner. Je n'ai jamais entendu parler de cette servante, par exemple. Ce ne serait pas grave, car c'est tout à fait plausible à l'époque. Mais on a décidé de l'affubler d'une maladie de peau, ce qui lui donne de l'importance et pose des questions, qui resteront sans réponse. Allergie aux composants ? Les pigments qui servaient à l'époque étaient pleins de saloperies et beaucoup de peintres, et leur proche entourage, en sont même morts, intoxiqués.

Il a eu une liaison avec une femme, dont on suppose que les deux filles étaient de lui. Dans le film, elle est présentée comme son ex-femme (faux, il ne s'est jamais marié) et les filles SONT de lui. Bon.

Et puis pourquoi Timothy Spall ? Et pourquoi ce prix ? Il est très bien, certes, comme d'habitude. Mais il est très laid, ce monsieur, ce n'est pas une nouveauté. Or a priori, Turner n'était pas moche. Il était même plutôt mignon si l'on en croit un autoportrait très célèbre. Peut-être s'était-il arrangé ? On devrait le savoir pourtant... car dans le film, il se fait prendre en photo, seul d'abord, puis avec Madame Booth. Elles sont où, ces photos ? Dans l'imagination de Mike Leigh, peut-être. Bref, Timothy est un bon acteur, que je respecte infiniment, mais il est encore enlaidi (perruque, ventre énorme, dents jaunes) dans le film, il grogne tout le temps, et tout cela ne déclenche guère la sympathie... Mais ce n'est pas ce qu'on demande en premier à un peintre...

Or... les toiles qu'on nous présente sont loin d'être représentatives et ce ne sont pas les plus belles (à part celle ci-dessous). Son obsession pour la lumière est à peine évoquée : principalement dans une scène où il analyse avec des amis le spectre lumineux et les propriétés étranges du violet. Mais à peine abordé, le sujet est vite évacué ; nous n'en saurons pas plus. Il y avait pourtant là, techniquement et historiquement parlant, LA passion et LA caractéristique de Turner. Pas vraiment non plus d'insistance sur l'avant-gardisme de sa peinture, qui annonçait les impressionnistes... et même plus loin encore : l'abstraction. Et on ne sent même pas dans l'interprétation de Spall le génie, la fièvre, l'obsession de la création. Il est là, il prépare ses toiles, son père les pigments, il peint... mais on dirait un peintre du dimanche, juste content de ce petit loisir agréable.

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Bref, on n'apprend pas grand chose, on ne voit rien, on se pose des questions... J'imagine que - si moi, passionnée de Turner, je me suis ennuyée - qu'est-ce que ça doit être pour les autres ! Et c'est très long : 2h30 !

Mais je ne peux totalement renier ce film, étant archi fan de peinture. 

Critiques super élogieuses. Télérama dit même que c'est bouleversant. Ah bon ? Parmi les rares détracteurs, Les Inrocks donne un excellent conseil : "Allez plutôt voir les oeuvres de Turner" !

300.000 entrées en France. Pas mal. Forcément, avec des critiques aussi élevées... Et bien au final, il semble qu'ils aient été déçus aussi car les commentaires sont beaucoup moins dithyrambiques que ceux des professionnels... Ca ne m'étonne pas.


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