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Jim Harrison (1937-2016)

Publié le 28 mars 2016 par Hunterjones
Jim Harrison (1937-2016) "Je ne comprends le monde que lorsque je l'écris" disait-il
L'apprentissage est terminé.
La force de la nature est morte.
Le commun des mortels l'aura connu comme l'auteur de la nouvelle qui a produit le film Legends of the Fall.
D'autres l'auront connu comme moi par ses romans comme A Good Day To Die, The Farmer's Daughter ( 3 novels)  ou Dalva.
Certains auront visité son univers sans le réaliser en visionnant les films Cold Feet, Revenge ou Wolf.
Les plus informés l'auront connu par sa poésie, généreuse, riche et dense.
Les plus ivrognes reconnaîtront un chum de brosse d'Ernest Hemingway et de Thomas McGuane.
C'est McGuane qui justement, suite à un accident de chasse, suggère à Harrison d'écrire un roman pendant sa période de convalescence. Ce livre sera Wolf: A false memoir publié en 1971. Issu du Michigan rural, fils d'un père et d'une mère mordus de lecture et lui-même brièvement assistant-enseignant en anglais à la State University of New York; écrire pour vivre semble une bonne idée.
Jim Harrison (1937-2016) Il décide dès lors de devenir écrivain.
Son univers sera toujours partagé dans des paysages ruraux ou des villages qui lui sont chers. Les collines de sable du Nebraska , la haute péninsule du Michigan, les montagnes du Montana et la frontière de l'Arizona et du Nouveau-Mexique sont ses décors préférés.
Harrison se considère d'abord poète. La poésie lui sort par les pores de sa peau. Il prétend être en mesure de cesser l'écriture d'un roman pendant quelques instants mais de ne pas répondre aux muses de la poésie lui est impossible. Il écrira sur la tradition zen, sur l'histoire des États-Unis, sur la nature, beaucoup et toujours. Il est constament inspiré par la nature. Aveugle de naissance d'un oeil, il a maitrisé un regard tout à fait personnel sur le monde qui nous entoure et a écrit sur le déclin de l'écosystème des États-Unis 20 ans avant l'heure.
Jim Harrison (1937-2016)
Il est marié en 1959 à Linda King avec laquelle il aura deux filles. Ceci ne l'empêche pas de partir en virée avec Hemingway, Brautigan ou McGuane en voyage de pêche où il y a autant d'alcool qu'il y a d'eau dans l'océan. The Shape of the Journey publié en 1998, réunit les 8 premiers recueils de poésie de Harrison. Une collection qui selon lui, représente toute l'essence de l'auteur.
Maitre de la forme et de la perception, il tombe régulièrement en totale admiration face à ses dieux: les chiens, les poissons, les oiseaux. Il ne cesse pas de s'en amuser et écrit formidablement bien sur les bêtes.
Jim Harrison (1937-2016) Il publie un livre par année depuis les années 2000 se permettant même un livre pour enfants. Ne reculant devant aucun type d'écriture il aura écrit de son vivant des romans, des poèmes, des essais, des récits, des critiques et même des commentaires culinaires.
Malgré les saumons, les chiens, les trucks de type pickups, le whisky, les cowboys, les indiens et les histoires de guerre, sous les airs bourrus et les fictions viriles de Jim Harrison, se cache un grand romantique dont les héros sont burinés dans la masculanité brute. Les héroines du genre ont typiquement d'immenses impacts sur le désir. Sous la plume d'Harrison, les mâles sont généralement plutôt ordinaires mais sont porteurs de tous les possibles. Que ce soit un freluquet de 12 ans ou une vieille peau de 70 ans, les héros masculins d'Harrison flairent le potentiel charnel d'une femme. L'homme, la bête et la nature réunis sous le même crayon.
Son style aura été comparé à ceux de William Faulkner et d'Ernest Hemingway. Les personnages de pionniers d'Amérique qui auront peuplé ses livres auront confrontés leur monde rural avec le monde dit civilisé tout en en soulignant les excès et en tentant de vivre leur vie du mieux qu'il le pouvait.
Pendant que l'on trinquait samedi soir, Harrison trépassait. Il avait 78 ans.
Sa femme Linda l'avait précédée en octobre dernier dans la mort.
Jim Harrison (1937-2016) Seashore, seashore,
Death has been spoken for
Take this body and wrap it in your boisterous water
Mother Nature's son is gone forever
Have a drink on me là-haut, Jimbo.

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