© Claude Huré
Le regard bienveillant de cette petite fille m’a accompagné longtemps après l’avoir vu. Sa bouille toute ronde, pleine d’avenir, confiante,innocente qui regarde droit dans l’objectif. Heureusement que les enfants sont encore là, en dehors de cette horreur quotidienne.
Cette peur qui emplie tout, pousse au rejet et à la fermeture, à la violence. Ce regard pur empli d’amour, lumineux. Cet avenir joyeux qui s’éclaire pour elle. Quel arc en ciel voit-elle comme Dorothy ? Quand on a son âge, on pense encore que le bien triomphe toujours. Que la justice règne, que quand on fait de son mieux, on est récompensé. J’avais peur du jour où cet éclat disparaitrait.
Le plus difficile en grandissant, c’est de ne pas perdre cette lueur. De garder le cap, malgré la noirceur, le stress qui rôde, les images qui tournent en boucle. Les tweets alarmistes, monstrueux qui tombent au fil des secondes.
Garder cette part d’enfance inscrite au fond du cœur. Garder la confiance en l’avenir même si on sait qu’il ne sera pas radieux. Croire que le meilleur est à venir. Se relever, reconstruire, cimenter, colmater, tendre la main. Rire aux éclats comme la gamine aux couettes qu’on était il y a longtemps. Pour transmettre encore que la beauté dans ce monde c’est l’échange, les regards bienveillants, les rencontres fortuites, le partage. Croiser encore des gens formidables, humains, amicaux qui font du bien à votre cœur. Ces instants bien plus précieux que la bêtise crasse, la violence et la destruction sur lesquelles on s’attarde à longueur de journée.
Retrouver les enfants perdus en nous, les rassembler et profiter de chaque instant car le temps passe si vite. Pour qu’au moment où la vie s’arrêtera, on n’est pas trahie l’enfant en soi. Qu’on puisse se retrouver et se regarder dans les yeux en souvenir de la petite fille qui riait aux éclats.
©eirenamg