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La famille belier - 8/10

Par Aelezig

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Un film de Eric Lartigau (France) avec Louane Emera, François Damiens, Karin Viard, Eric Elmosnino

Adorable !

L'histoire : Paula grandit dans une famille un peu originale ; ses parents et son frère sont sourds-muets, et ils parlent entre eux la langue des signes. Paula est le trait d'union entre eux et le monde "normal". Ce qui lui fait des journées chargées... En plus du lycée, elle aide ses parents à vendre les produits de leur ferme sur les marchés, elle traite avec les fournisseurs... Et voilà que son père se met en tête de se présenter aux élections municipales... Inscrite un peu malgré elle (elle accompagnait une copine) à la chorale du lycée, elle est repérée par le professeur qui décèle un talent unique. Il veut la faire travailler pour qu'elle auditionne à un concours de Radio France qui lui donnera accès à un école de musique. La jeune fille refuse : elle n'a pas le temps et ne veut pas abandonner ses parents, qui comptent tellement sur elle. Mais elle découvre qu'elle adore chanter et que les cours avisés de son enseignant l'aident vraiment à exprimer ce don et cette passion qui dormaient...

Mon avis : Et bien voilà ! Ca existe, les bons films français. Et je ne suis pas étonnée car Eric Lartigau m'a déjà fait souvent bien rire : Prête-moi ta main, Mais qui a tué Pamela Rose... J'avais donc bon espoir dans ce film, tout en étant effrayée par l'ENORME succès public, qui n'est pas toujours signe de qualité, hélas... 

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J'ai tout de suite marché à fond ! Cette famille est délicieuse, complètement folle, et donc très attachante. C'est un peu les bisounours, mais c'est pas grave, ça fait drôlement du bien...  Cette jolie ferme, qui marche bien ; ce couple parental foldingue et amoureux ; les ados, normaux, parfois ronchons, mais le plus souvent mignons comme tout... Et bien sûr cette particularité : ils sont sourds et muets, sauf la fille. Qui, entièrement dévouée à sa famille, passe énormément de temps à les aider, en plus du lycée : faire les traductions, à la maison, au marché, appeler les fournisseurs au téléphone, etc... D'où son désarroi lorsque, en plus de cet emploi du temps surchargé, son prof de chant exige plus de boulot encore... La gamine est formidable. La voyant partout ces derniers mois, à la une de tous les magazines, invitée à toutes les émissions, sortie d'album, etc... elle m'agaçait bien, cette petite Louane. Et puis révélation : elle le vaut bien ! Jolie comme un coeur, actrice en devenir (quelques petits progrès à faire, mais quelle énergie, quelle personnalité, quelle fraîcheur !), d'autant qu'elle avait un texte énorme, puisqu'elle parlait aussi pour ses parents et son frère. Et puis cette vraie jolie voix, avec un grain très particulier. Que de talent et quelles promesses !  

Le réalisateur a découvert cette pépite en regardant The Voice. Moi aussi je regarde The Voice, j'adore. Ben oui, chacun ses petites faiblesses. Moi j'adore les "voix", donc forcément je suis fan de ce genre de télé-crochets. Je l'avais donc vue, la petite Louane, toute timide, avec son petit filet de voix, qui pour ma part ne m'avait pas scotchée (elle a vachement progressé depuis...). Elle était tombée dans l'oeil (et dans l'oreille) du juré Louis Bertignac, et est allée jusqu'aux demi-finales. Bébert doit être content !

Les gags s'enchaînent et beaucoup m'ont vraiment fait rire. Principalement générés par les comportements des parents, merveilleux Karin Viard et François Damiens, et d'autant plus épatant qu'il y a de temps à autre un poil d'humour pas toujours politiquement correct ! Quant à la fin... ben j'ai carrément eu la larme à l'oeil. Et c'est franchement pas tous les jours !

Sans compter sur la tribune offerte sur le handicap, en général. Sans mélo, sans pathos, tout dans l'humour.

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C'est marrant de constater que les acteurs principaux, sauf Louane, n'ont bien sûr aucune ligne de dialogue... fastoche... mais qu'ils ont par contre dû apprendre une langue : celle des signes. Moins fastoche. Et ça donne envie de l'apprendre ! J'y ai d'ailleurs songé lorsque mes problèmes d'oreilles ont commencé ; je ne supportais plus aucun bruit, même pas les conversations, même pas ma propre voix qui me résonnait dans la tête... j'ai dit que j'allais l'apprendre et l'enseigner à mon entourage. Et puis quand j'ai arrêté de travailler, les mois passant, la souffrance s'est enfin apaisée, jusqu'à devenir "supportable" et j'ai donc abandonné. Mais je suis fascinée de les voir signer et de constater l'immense richesse de leur vocabulaire.

Ceci dit, le film a créé la polémique dans la communauté des sourds. Il paraît que le film a été diffusé avec des sous-titres tant les acteurs signaient mal... Lorsqu'on lit l'article d'Allociné, ils précisent qu'ils ont appris avec un sourd-muet... moldave. Quelle drôle d'idée ! N'y avait-il aucun professeur français ? Car comme toutes les langues, la langue des signes a ses particularités locales...Par ailleurs, certains ont déploré qu'on associe la musique au monde des sourds : ridicule, parce qu'ils se fichent éperdûment de la musique. J'ai pourtant toujours entendu le contraire...  Je me souviens notamment de cette actrice sourde, Emmanuelle Laborit (elle fait surtout du théâtre aujourd'hui) qui dit adorer la musique ; aux journalistes surpris, elle expliquait que les sourds sentent les vibrations et apprécient, ou non, tel ou tel rythme, telle ou telle chanson, à leur façon. Et dans le film, on voit bien que les parents ont du mal à piger, certes, mais dans une scène François Damiens met sa main sur la gorge de sa fille pour sentir lesdites vibrations. D'autres encore ont reproché aux producteurs de ne pas recruter des acteurs vraiment sourds...

Un truc bizarre par contre dans le film - messieurs les garçons fermez vos oreilles dégoûtées - Paula a ses règles pour la première fois ; or elle a seize ans. Pas en avance la gamine ! Je me demande pourquoi avoir introduit cette anecdote qui ne correspond pas à la norme, en plus. Y a-t-il un message caché ? Une famille hors normes à tous points de vue ?

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Amusant : toutes les chansons choisies par le professeur sont de Michel Sardou ; "Michel Sardou est à la chanson populaire ce que Mozart est au classique." dit-il. Et toc. Après quelques secondes où notre snobisme nous fait froncer du sourcil, rapidement on se rend compte que oui, ces chansons font partie de nous, qu'on les connaît toutes, et que c'est sympa de faire vivre cette partie de notre culture.

Mon cher et tendre a été un peu moins emballé que moi. Il a trouvé ça un peu cliché par-ci par-là. C'a m'a d'autant plus surpris qu'il est généralement très sentimental et toujours touché par ces histoires tendres et pures. Et puis des clichés, il y en a forcément partout... Je n'ai donc pas pour ma part été gênée, il n'y en avait pas tant que ça. C'est cependant, il est vrai, l'écueil sur lequel s'accroche les quelques rares réfractaires au film.

Le film a enchanté les critiques et le public. 7.500.000 entrées. No comment. C'est peut-être un peu exagéré, mais c'est mérité. C'est du joli travail, bien fait, charmant, drôle. Un feel-good movie.


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