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Des Ogres qui dévorent à pleine dents le cinéma français de ce début 2016

Par Filou49 @blog_bazart
29 mars 2016

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 Le 14 mars dernier, soit deux jours avant sa sorties en salles, je suis allé à l'avant première organisé par l'UGC Confluence et Télérama autour du film "Les Ogres ". Voilà une oeuvre qui bruissait déjà  depuis plusieurs semaines d'une très flatteuse réputation dans le milieu, et j'avoue que si je m'attendais à aimer le voyage proposé par  Léa Fehner,, réalisatrice en 2009 du déjà formidable "Qu’un seul tienne et les autres suivront," avec notamment: Reda Kateb, Pauline Étienne et Marc Barbé, je ne m'attendais pas à prendre une telle claque et être autant bousculé et emporté par ce tourbillon d'émotions et ce grand huit émotionnel que sont assurément ces ogres magnifiques.

 Dans un cinéma français qui déçoit parfois par son minimalisme à tout crin, ainsi que son coté trop calculé et trop prévisible, les Ogres émerveille avant tout car il ne ressemble à aucun autre.

On pense certes un peu à Kechiche, un peu à Pialat, un peu à Tony Gatlif, un peu de  Cassavetes un peu de  Fellini un peu à Kusturica, mais le mélange de tous ces univers en fait une ambiance qui n'appartient qu'au film et font de ces ogres un bien beau tourbillon de couleurs, de sentiments et d'émotions,qui marqueront d'ores et déjà et à coup sur l'année cinéma 2016.

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Dès le début du film, on fait corps et âme avec cette troupe du Théâtre Davaï, cette compagnie itinérante qui propose, de lieu en lieu, un spectacle adapté de deux courtes pièces d'Anton Tchekhov, « L'Ours » et « La Noce » mélangeant théâtre musical et burlesque.
 
Totalement emportés, on colle sans cesse aux basques  de cette galerie de personnages totalement hauts en couleurs, et les deux heures vingt qu'on passe avec eux passent comme une lettre à la poste, tant la tranche de vie qu'on partage avec eux nous semble incroyable et inoubliables.

Un milieu que l'on connait assez mal et que la cinéaste en revanche cotoie depuis longtemps étant donné que c'est une enfant de la balle, et fille de Marion et François, les chefs de cete troupe et qui jouent leur propres rôles mais mélangés avec un peu de fiction, car Léa Fechner parvient à mixer avec intelligence et talent le réel et la fiction, emportant irrésistiblement le spectateur dans la ronde effrénée de leur passion ! 

 Dans cette troupe, on n'échange pas comme les personnes normales, on hurle, on on chante, onbraille,   on s'engueule, très peu de murmures et de sérénité, mais cette course à l'excès, ce torrent d'énergie qui pourrait fatiguer sur la longueur emporte tout sur leur passage et surtout entraine chez le spectateur un kadéleoscpope d'émotions qui ne le laisse pas indemne.

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Le nom de la troupe « Davaï », qui veut dire en russe « Vas-y ! », convient parfaitement à la frénésie des personnages qui nous est constamment montrée, ainsi qu'à la formidable mise en réalisation, toute en forcet et en mouvement d'une Léa Fehner qui ne laisse jamais le temps au spectateur de souffler. Toujours  en avant même lorsque les personnages vacillent car confrontés à des épreuves ou leurs démons intérieurs.

Le plus étonnant et le plus émouvant dans cette galerie de personnages brisés, c'est sans doute monsieur Deloyal qui l'incarne, ce personnage,  formidablement interprété par le trop rare  Marc Barbé  dont la vie a été brisée par un drame ; et  qui essaie tant bien que mal de reprendre gout à la vie avec sa nouvelle compagne,  interprétée par la  décidement sidérante Adèle Haenel, dans un rôle encore plus fort que dans les combattants.

Le film contient énormément d'instants de grâce pur, mais des moments non dénués d'humour et de tendresse.déchirante..  Car ces Ogres nous dévoilent la vie dans ce qu’elle a de plus intense, de plus dur et de plus beau, un vrai cadeau cinématographique...

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Ce qui interpelle le plus dans ce long métrage,  et qu'on ignorait, en tout cas dans une telle mesure, c'est combien il est délicat  de conserver un semblant d'intime quand on est membre d'une troupe de théatre mobile,  tant les comédiens semblent se donner en spectacle même en dehors de la scène..

La vie des membres de leur groupe est une représentation permanente,  et si cela peut déranger, cette impudeur et cette sincérité prennent aussi forcément  et férocement aux tripes : lorsque le chef de la troupe  fait appel à une ancienne amante pour remplacer une comédienne blessée et que sa femme crie sa souffrance et sa peine,  c'est forcément au vu et au su de tous les autres membres de la troupe, et ca sera aussi le cas lorsque la fille de François et Marion (Inès Fehner- et donc soeur de la réalisatrice) fait part  de sa souffrance  d'avoir le sentiment d'être méprisée par son père..

Bref, ces ogres racontés par  la caméra Léa Fehner sont tout autant attachants qu'agaçants, bref formidablement  humains. Mais difficile d'en dire plus tant les Ogres ne se racontent pas, et se vivent: du cinéma passion, organique, exalté et exaltant, voilà qui fait sacrément du bien et donne envie d'aimer autant le spectacle vivant que le cinéma!! Du bonheur en barre, on vous dit!! 

Bande Annonce "LES OGRES"


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