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A most violent year - 6/10

Par Aelezig

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Un film de J.C. Chandor (2014 - USA) avec Oscar Isaac, Jessica Chastain, Alessandro Nivola, David Oyelowo

Un peu déçue.

L'histoire : New York. Abel et son épouse dirigent une entreprise de distribution de fuel. Prospère. Ils viennent d'ailleurs d'acheter un nouveau terrain pour s'agrandir. Mais le secteur d'activité est gangrené par une mauvaise réputation : corruption, trafics, et Abel, qui se veut intègre, en souffre. Ses camions sont attaqués par des gangs pour voler le fuel et le revendre, son personnel commence à prendre peur. Et un policier zélé décide de lancer une procédure visant à examiner les comptes de la société de fond en comble, persuadé que, comme les autres, il cache de sombres magouilles. 

Mon avis : D'abord, il y a ce filtre jaune que je n'aime pas. Je n'ai jamais aimé ce type d'artifice, ici pour donner un air rétro vu que ça se passe au début des années 80. Ce n'est pas naturel, et ça m'a toujours agacée de recourir à ces fantaisies qui voilent les détails, noient l'image et provoquent chez moi un certain endormissement... J'aime que la vie fuse, qu'elle rayonne, dans toutes les splendeurs des couleurs de la nature. D'autant plus paradoxal que le cinéaste montre la New York de ces années-là, déchue, phagocytée par le crime, banlieues totalement pourries... le filtre a presque tendance à gommer tout ça, et du coup ça perd en réalisme. Et j'ai eu un peu de mal à me faire au contraste entre l'entreprise dans ce quartier lugubre et moitié en ruines... et les fort proprets Abel et Anna, toujours tirés à quatre épingles, leurs camions rutilants et leur maison luxueuse.

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Ensuite l'histoire... Elle est assez banale, et quelque peu ambiguë ; je n'ai jamais trop compris de quel côté de la barrière était vraimemnt ce couple d'entrepreneurs, d'autant qu'on insiste lourdement sur le beau-père, comme si c'était un mafioso connu, mais sans nous donner plus de précisions. C'est peut-être le message : aucune entreprise ne peut être totalement clean et Abel sous sa façade d'homme honnête manipule tout le monde. Pas gai. Mais, si c'est ça, on est parfaitement dans le trip de Chandor qui a déjà dénoncé les méthodes capitalistes dans Margin call, un film très réussi... hélas suivi par le ridicule All is lost avec ce marin d'eau douce qui m'avait bien fait rigoler. 

La balle au centre avec ce métrage. Attendons le prochain Chandor.

Les médias semblent classer ce film dans les thrillers. Je ne vois pas trop pourquoi. Rien de haletant, rien d'effrayant, rien d'énigmatique. 

Les critiques sont excellentes : audacieux, complexe, intelligent, remarquable, d'une précision chirurgicale, génial, malin, brillant, séduisant... Y en a même un qui parle de la thématique de la "persévérance" que l'on a déjà pu voir dans All is lost. Ah ben comme référence, super !

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Je n'ai trouvé que deux trublions qui comme moi restent perplexes : "Misère de ce cinéma d’imitateur sans souffle et d’où n’émerge qu’une douloureuse conclusion : même si J. C. Chandor traite film après film du thème de l’intégrité, on en vient à douter de la sienne." (Les Cahiers) ; "le film véhicule finalement une bien maigre idée du cinéma classique" (Critikat). 

Ce n'est pas que j'ai trouvé ça mauvais, mais comme eux, j'ai vu ça en pensant "imitation" et "classique". Rien de transcendant. Le film n'a d'ailleurs pas affolé les salles : 173.000 entrées.


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