
L'arrière-arrière grand-père est l'un des fondateurs de la ville de La Tuque. Il est colonisateur et fait la traite des fourrures ainsi que la livraison de celles-ci, en canot le long de la rivière Le Bostonnais. Des rues portent encore aujourd'hui le nom de l'arrière-arrière grand-père à La Tuque.

Un Étatsunien de Boston possédait des terres de chasses autour de la rivière ancestralement et les autochtones, Abénakis, ceux-là, l'avaient surnommé le bostonnais, ce qui a donné son nom à la rivière.

L'arrière-arrière grand-père, était un homme occupé et influent. Un jour d'été, il devait régler d'importantes transactions hors de la ville. Mais il devait aussi, question de rendement économique, livrer des fourrures expressément et personne de ses aides n'était en mesure de venir l'aider pour ses transports en canot.
Il confia donc la tâche à son plus vieux, E., le grand-père de ma mère, mon arrière-grand-père...
...12 ans.

La mère n'aimait rien de tout ça, mais faisant confiance à son homme. Si il leur confiait la tâche, c'était parce qu'il jugeait que c'était dans le domaine du possible.

Son flair de mère lui a fait verser une larme lorsqu'elle a aidé les deux jeunes à remplir leur canot un matin aux aurores.
Les 13 premiers kilomètres sont calmes. Au kilomètre 83 toutefois, une section plus sportive commence. La météo se jour-là réservait aux deux jeunes une surprise, Ils allaient vivre Joseph Conrad. 27 kilomètres de pur enfer. Une rivière qui rugissait, des vents qui sifflaient, de la pluie qui fouettait, un tonnerre qui grondait, une lueur sombre et pâle d'éclairs qui perçaient la nue.

La rivière traversait des forêts et des zones non urbanisées avec absence presque totale de chalets ou d'espace de campement. On y voyait de la perspective des deux jeunes entraînés dans une dérive que rochers et courants forts.
Puis, comme si le ciel leur offrait une accalmie de quelques secondes afin qu'ils trouvent une solution à leur lutte contre la nature, E. a aperçu un bout de rivage au loin.



Aucun doute, ils s'étaient noyés. Et si on les avait trouvés sur la rive, endormis durs, on les auraient aussi cru morts.

De retour en amont, une journée plus tard. les fils prodigues ont donné l'impression d'être plus grands que nature. Ou du moins de l'avoir domptée. On les pleurait déjà depuis des heures maudissant les rares bulletins météos et l'instinct atikamekw qui aurait dû prévoir les intempéries.
Mais c'était aussi la part de l'Atikamekw en eux qui les avaient fait triompher de la nature.

Mes soeurs, leurs enfants, et ma mère ont maintenant leurs cartes d'autochtones certifiées.
Le beau-frère en est très excité car c'est un chasseur qui voit maintenant ses quotas de gibier disparaître si ma soeur s'y présente.
Ne reste que ma carte, et celle de mes deux mousses à obtenir. Ce qui ne devrait pas être excessivement compliqué puisque mon nom est déjà dans l'arbre familial produit par les trois autres demandes.