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Nicolas de staël

Publié le 31 mars 2016 par Aelezig

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Nicolas de Staël (prononcer stal, baron Nicolaï Vladimirovitch Staël von Holstein), né le 5 janvier 1914 à Saint-Pétersbourg, mort le 14 mars 1955 (suicide) à Antibes (Alpes-Maritimes), est un peintre français originaire de Russie. La carrière de Nicolas de Staël s'étale sur quinze ans — de 1940 à 1955 —, à travers plus d'un millier d'œuvres, influencées par Cézanne, Matisse, Van Gogh, Braque, Soutine et les fauves, mais aussi par les maîtres néerlandais Rembrandt, Vermeer et Hercule Seghers.

Par son style évolutif, qu'il a lui-même appelé évolution continue, il reste une énigme pour les historiens d'art qui le classent aussi bien dans la catégorie de l'Ecole de Paris, que dans les abstraits ayant inspiré les jeunes peintres à partir des années 1970, ou encore dans la catégorie de l'art informel. Il a maintes fois créé la surprise entraînant derrière lui des artistes d'un nouveau mouvement d'abstraction parmi lesquels Jean-Pierre Pincemin, et les artistes du neo-formalisme new yorkais, ou de l'expressionnisme abstrait de l'Ecole new-yorkaise, parmi lesquelles se trouve notamment Joan Mitchell.

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Issu d’un milieu militaire, son grand-père dirige la deuxième division de cavalerie du tsar et termine sa carrière comme général de corps d’armée en 1861, et son père sert dans les rangs des cosaques et des Uhlans de la garde impériale. Il devient général major, vice-commandant de la forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg en 1908, jusqu'en 1917. C'est un homme pieux et austère. Sa mère est issue d'un milieu très fortuné où l'on s'intéresse à l'art. 

À la suite de la révolution de 1917, comme de nombreux Russes blancs, la famille est contrainte à l’exil en Pologne en 1919. Les parents de Nicolas de Staël y meurent. Orphelin, il est confié par sa marraine en 1922 à une famille de Bruxelles, les Fricero, avec ses deux sœurs, Marina et Olga. Les Fricero sont une famille d'origine sarde qui a hérité de la nationalité russe au XIXe siècle. 

Nicolas se passionne pour la littérature française et les tragédies grecques. En même temps il s'intéresse à la peinture, il découvre dans les musées et les galeries Rubens et les peintres belges contemporains James Ensor, Permeke. Sa vocation de peintre inquiète son père adoptif, Emmanuel Fricero, qui souhaite voir Nicolas s'orienter vers les sciences et le pousse à entreprendre des études d'ingénieur. Mais dès ses études terminées, Nicolas commence sa formation de peintre.

Après avoir visité les Pays-Bas en juin, et découvert la peinture flamande, il entre en octobre 1933 aux Beaux-Arts de Bruxelles. Il se lie d'amitié avec Madeleine Haupert qui a fréquenté les Beaux-Arts de Paris et qui lui fait découvrir la peinture abstraite. Il s'inscrit aussi à l'Académie des Beaux-Arts de Saint-Gilles où il suit les cours d'architecture. Dans cette même académie, il suit dès 1934-35 les cours de décoration en compagnie de Georges de Vlamynck qu'il assiste par la suite pour la réalisation de peintures murales du pavillon de l'agriculture de l'Exposition universelle de Bruxelles de 1935.

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Il voyage ensuite dans toute l'Europe. Dans le midi de la France et à Paris où il découvre Paul Cézanne, Pierre Matisse, Chaïm Soutine, Georges Braque, puis il va jusqu'en Espagne où il est séduit par la beauté des paysages. Il envoie une abondante correspondance à De Vlamynck, produit quelques aquarelles qu'il vend à Barcelone. 

À Marrakech, en 1937, Nicolas de Staël rencontre Jeannine Guillou ; bretonne d'origine, elle est mariée depuis six ans à un Polonais, Okek Teslar dont elle a un fils, Antek. Les Teslar se séparent élégamment lorsque Jeannine part avec Nicolas. Elle a étudié aux Arts décoratifs de Nice et est déjà un peintre affirmé. À Fès, en 1935, un critique d'art a couvert d'éloges son travail et son talent « viril et nerveux ». Nicolas, lui, cherche encore son style.

Staël est fasciné par l'Italie. En 1938, il entreprend avec Jeannine un voyage qui les conduit de Naples à Frascati, Pompéi, Paestum, Sorrente, Capri. 

Cette année-là, les relations avec les Fricero se détériorent. La famille d'accueil s'inquiète pour la carrière de Nicolas qui rompt tout lien avec la Belgique et décide de s'installer à Paris avec Jeannine. Il suit pendant une courte période les cours de l'académie Fernand Léger et il essaie d'obtenir un permis de séjour tout en copiant les œuvres du Louvre. Il fait la connaissance de l'historien d'art suisse Pierre Courthion qui aura un rôle important par la suite. Pendant cette année, Nicolas peint énormément et détruit beaucoup de ses œuvres. 

Pour gagner un peu d'argent, il retourne en Belgique, à Liège, où il travaille sur les fresques du pavillon d'exposition de la France pour l'Exposition internationale de la technique de l'eau.

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Le 19 janvier 1940, il est mobilisé et il rejoint le dépôt des régiments étrangers où il est affecté au service des cartes d'Etat-major à Sidi Bel Abbès, en Algérie. Il est ensuite envoyé au 1er régiment étranger de cavalerie à Sousse en Tunisie. Là il travaille au service géographique de l’armée en mettant à jour les cartes d’état-major du protectorat. Il est démobilisé le 19 septembre 1940.

Nicolas de Staël rejoint Jeannine qui vit alors à Nice. Là il rencontre Alberto Magnelli, Maria Elena Vieira da Silva, Jean Arp, Christine Boumeester, Sonia et Robert Dalaunay. Les artistes se retrouvent à la librairie Matarasso, avec Jacques Prévert et Francis Carco. C'est surtout grâce à son ami, le peintre Félix Aublet, qu'il sera introduit dans ces cercles artistiques et qu'il va orienter sa peinture vers un style plus abstrait. Aublet lui vient encore en aide lorsque le jeune peintre ne peut gagner sa vie avec sa peinture, lui fournissant de petits travaux de décoration.

De son côté, Jeannine signe un contrat avec le marchand de tableau Mockers, à Nice, ce qui permet au couple de vivre alors que les restrictions alimentaires commencent à peser terriblement. Antek, son fils, se débrouille au marché noir. Nicolas troque des bibelots contre de la nourriture. Le 22 février 1942, le couple donne naissance à leur fille Anne. Nicolas voudrait épouser sa compagne mais les complications juridiques du divorce avec Olek Teslar, injoignable, le découragent.

Il commence à rencontrer ses premiers amateurs. Dès 1942, il peint ses premières toiles abstraites. Nicolas et Jeannine sont très proches de Suzie et Alberto Magnelli, installés à Plan-de-Grasse. 

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En 1943, sous l'occupation nazie, le couple retourne à Paris. Les années de guerre sont très difficiles.

Magnelli présente à Staël un ami de Piet Mondrian : César Domela qui insiste pour que Nicolas de Staël participe à l'exposition qui réunit lui-même, et Vassily Kandinsky. L'exposition a lieu le 15 février 1944, mais personne n'achète les tableaux. La critique, sans doute influencée par le préjugé selon lequel l'art abstrait est un art dégénéré, fait preuve d'indifférence, voire de mépris. La galerie l’Esquisse organise le 12 mai de la même année une exposition personnelle Staël. Quelques dessins y sont vendus. Georges Braque manifeste sa sincère admiration pour le jeune peintre. Staël va devenir un proche du maître avec lequel il noue des liens d'amitié très étroits.

Mais le peintre se débat dans de terribles difficultés financières, malgré l'aide de Félix Aublet. La situation familiale est désastreuse. Jeannine est en mauvaise santé et elle le cache à sa famille. Elle rentre à l'hôpital afin de subir un avortement thérapeutique mais meurt le 27 février 1946.

Quelques mois après la mort de Jeannine, Nicolas épouse Françoise Chapouton que le couple avait engagée à l'âge de dix-neuf ans pour s'occuper des deux enfants, Anne et Antek. Staël aura encore trois enfants de sa nouvelle femme : Laurence (1947), Jérôme (1948), Gustave (1954).

Malgré ses difficultés matérielles, Staël refuse de participer à la première exposition du Salon des réalités nouvelles fondé par Sonia Delaunay, Jean Dewasne, Jean Arp et Fredo Sidès parce que la progression de sa peinture le conduit à s'écarter de l'abstraction la plus stricte. Staël a horreur de s'aligner sur un courant quelconque, tout comme Braque auquel il rend visite régulièrement. Il s'écarte de l'abstraction pour former des figures identifiables

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Staël rencontre un marchand de tableaux américain : Theodore Schempp qui fait circuler son œuvre aux États-Unis. Grâce au père Laval, le peintre est exposé dans le couvent des dominicains du Saulchoir, à Etiolles, en compagnie de Braque, Henry Laurens et Lanskoy. Jacques Laval est un dominicain passionné de peinture. Il avait déjà tenté en 1944 d'exposer des toiles abstraites de Staël, mais il avait été obligé de les décrocher sur ordre de ses supérieurs scandalisés. Cette fois l'exposition est acceptée et le père Laval achète un tableau de Staël pour le réfectoire du couvent Saint-Jacques à Paris.

Staël commence à vendre ses œuvres et la critique voit en lui le peintre représentatif d'un renouveau artistique. Léon Degand l'invite à montrer ses œuvres à l'exposition inaugurale du Museu de Arte Moderna de São Paulo. 

En avril 1948, Nicolas de Staël est naturalisé français.

1949 est une année importante pour Staël qui participe à plusieurs expositions collectives à Lyon, Paris, Sao Paulo, Toronto. Dès 1950, Staël est un peintre qui compte, on parle de lui dans la revue new yorkaise Art and theatre. En France, Christian Zervos lui consacre un très grand article où il compare l'artiste aux grandes figures de l'histoire de l'art. L'exposition personnelle qui lui est consacrée chez Dubourg du 1er au 15 juin obtient un succès d'estime et le fait connaître des personnalités du monde des arts.

L'année 1952 est riche en création, elle voit naître plus de 240 tableaux, grands et petits formats. 

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Le 26 mars 1952 a lieu au Parc des Princes le match de football France-Suède auquel Staël assiste avec sa femme. Le peintre ressort du Parc transformé, habité par les couleurs qu'il veut immédiatement porter sur la toile. Il y passe la nuit, commençant une série de petites ébauches qui vont devenir Les footballeurs, sujet qu'il traite avec de très vives couleurs dans plus d'une dizaine de tableaux. Staël se livre tout entier à sa passion des couleurs et du mouvement. Lorsqu'il expose son Parc des Princes au Salon de mai de la même année, le tableau est ressenti comme une insulte tant par ses confrères que par la critique. Le Parc apparaît comme un manifeste du figuratif qui a contre lui tous les partisans de l'abstraction. Staël est déclaré coupable d'avoir abandonné ses recherches abstraites.

Mais le galeriste new yorkais Paul Rosenberg va imposer Staël aux Etats-Unis dès l'année suivante et lui proposer un contrat d'exclusivitéMais la vie à New York lui paraît difficile. 

Quelques mois plus tard, Staël trouve une nouvelle source d'inspiration dans la musique. Alors qu'il est invité le 5 mai à un concert chez Suzanne Tézenas, à la fois héritière et mondaine, le peintre découvre les "couleurs des sons". De cette période d'inspiration musicale naîtront de nombreuses toiles. 

Il loue pendant un mois une magnanerie près d'Avignon, à Lagnes, où les couleurs de sa palette vont devenir éclatantes. Puis il met toute sa famille dans sa camionnette et il l'emmène en Italie puis en Sicile. Peu après, Staël achète une maison dans le Luberon, à Ménerbes, le Castelet. Il continue à fournir inlassablement Rosenberg qui affirme dans un journal américain qu'il considère Staël comme une des valeurs les plus sûres de son époque, le marchand d'art prépare une exposition : Recent Paintings by Nicolas de Staël qui aura lieu dans sa galerie en 1954. Elle va se révéler un très grand succès commercial.

Après avoir fasciné par Suzanne Tézebas, Staël à partir de 1953, Staël s'entiche d'une autre femme : Jeanne Mathieu. Elle est une femme mariée et réside près de Nice. Pour être plus près d'elle, le peintre loue un appartement à Antibes où il vit seul, sans sa famille et où il installe son atelier. Il se sépare définitivement de Françoise. 

Jeanne Mathieu se montre très distante, Staël a réuni toutes les lettres de Jeanne et va les rendre à son mari en lui disant : « Vous avez gagné. »

Le 16 mars 1955, après avoir tenté la veille d'ingurgiter des barbituriques, le peintre sort de son atelier referme la porte, monte l'escalier qui conduit à la terrasse de l'immeuble, et de là, se jette dans le vide. 

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D'après Wikipédia


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