De nombreux acteurs tentent d’apporter des solutions en réponse au fléau des embouteillages dans les villes américaines. SPLT attaque la mobilité sous un angle différent de la concurrence, avec une offre de covoiturage destinée aux entreprises et à leurs employés.
D’après une étude menée par l’agence Wakefield Research, les Américains passent en moyenne 45 minutes, et dépensent 10$ par jour pour se rendre sur leur lieu de travail et en revenir. Pour ces déplacements, ils ont, sans surprise, une préférence pour la voiture, 77% d’entre eux privilégient ce moyen de transport, quand 21% choisissent le bus, 9% le métro et 8% le train. Nouvel arrivant dans la vallée, SPLT propose aux grandes entreprises (de plus de 1000 employés) son offre de covoiturage entre employés, et vient ainsi répondre à l’épineux problème de la mobilité entre le domicile et le bureau.
En pratique, l’entreprise fournit à SPLT la base de données anonymisée des employés et leurs adresses, permettant à la start-up de cartographier les domiciles pour optimiser les trajets. L’entreprise propose ensuite à ses collaborateurs la solution de covoiturage. Si le principe de covoiture s'adressant directement aux entreprises n'est pas quelque chose de nouveau (on peut citer des start-up comme Trajet à la carte, Covivo ou la SNCF qui le développe avec Ecolutis), on constate une véritable volonté de SPLT de se démarquer, à la fois par le service proposé avec la mise en place de principes de gamification et également en s'attaquant à un marché américain peu enclin à ce type de pratiques.
Des synergies à créer avec les politiques RH des entreprises
Une fois l’offre déployée dans l’entreprise, les collaborateurs sont récompensés par différents moyens : prime, emplacement réservé devant l’entrée, jours de vacances supplémentaires, aide mensuelle pour le coût de l’essence… Les avantages sont nombreux pour les conducteurs. Les passagers, eux, économisent de l’argent, du temps et tissent des liens avec leurs pairs. Et pour l’entreprise, quel intérêt ? L’amélioration de l’expérience-employé par la création d’une communauté en dehors du lieu de travail, communauté qui favorise les interactions entre collaborateurs de différents départements, ce qui tendrait à améliorer la productivité générale.
Du B2C au B2B, un virage nécessaire pour réussir sur le marché américain du covoiturage
En effet, si le covoiturage est rentré dans les moeurs en Europe et particulièrement en France grâce à des acteurs comme Blalacar pour les trajets longue distance ou encore Sharette pour les trajets courts et quotidiens, aux États-Unis et a fortiori à Détroit, la culture du covoiturage n’est pas vraiment répandue « les américains sont attachés à leur voiture, ils n’imaginent pas partager un trajet avec un autre conducteur, ils ne leur font pas confiance », détaille Sebastian Steinbach, responsable du business development chez SPLT. En passant par les accélérateurs CleanTechOpen et TechStars à Détroit, la jeune pousse a du revoir son business model pour s’adresser au marché des grandes entreprises et les aider à gérer la mobilité de leurs employés. Grâce à ce positionnement B2B, SPLT invite les utilisateurs à partager un trajet uniquement avec leurs collaborateurs, palliant ainsi le manque de confiance lié au trajet avec un inconnu. Leur positionnement aujourd’hui : « aider les entreprises à diminuer le nombre de voitures sur les routes ».
La Silicon Valley, un terreau fertile pour solutionner les problèmes de congestion
Après avoir démarré ses activités à Détroit en 2014, SPLT vient tout juste de s’installer à San Francisco, y voyant là une belle opportunité de croissance, d’abord parce que San Francisco est la 2ème ville des Etats-Unis la plus touchée par les embouteillages, mais aussi parce que « la Silicon Valley recherche activement des solutions pour résoudre ces problèmes de congestion. La législation est favorable aux modes de transport alternatifs et les gens sont plus ouverts d’esprit dans la région, plus habitués au concept de partage, Uber et Airbnb ayant ouvert la voie aux entreprises de l’économie du partage » nous indique Sebastian Steinbach. Les infrastructures même favorisent le covoiturage aux alentours de la ville de San Francisco, avec des voies dites de « carpooling » réservées aux voitures transportant au moins un passager, aux heures de pointe.
Quant au futur de SPLT, Sebastian analyse : « Je pense qu’à terme notre offre sera intégrée dans des applications de navigation comme Swiftly, il n’existe pas de solution unique pour répondre au challenge de la mobilité en ville, la clé de la réussite sera un effort conjoint des différents acteurs » Une vision qui s’inscrit bien dans la tendance de partage de données entre acteurs de la mobilité.