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« Et le silence sera ta peine » d’Elodie Geffray

Par Douceurlitteraire

silence

Un thriller aujourd’hui mais pas un thriller comme on a l’habitude d’en lire. En effet, ici nous connaissons le meurtrier dès le départ et l’originalité du roman résulte dans le fait que c’est un innocent qui va de son plein gré endosser un meurtre commis par un autre.

Une très bonne lecture que je vous argumente de ce pas.

Une première version de ce roman est parue en 2014 aux Editions Chemin Vert sous le nom de « Les somnambules se réveillent tard ».

Quatrième de couverture:

« D’un côté il y a le jeune Nicolas, fils de ministre, qui a commis l’irréparable mais dont le père trouvera toujours le moyen d’arranger les choses. De l’autre il y a Dominique, un chômeur battu par la vie, qui accepte d’endosser l’irréparable. 

Etre libre…ne plus l’être…

Et si se faire accuser d’un crime qu’on n’a pas commis pouvait conduire à la liberté? 

Elodie Geffray signe un thriller construit d’une main de maître, implacable, palpitant. Un auteur est né! »

Mon avis:

Elodie Geffray nous offre ici un roman très intéressant et poignant. Il n’est pas très long (229 pages), se lit très facilement et surtout on s’y laisse emporter très rapidement.

Nicolas, jeune lycéen et tête brûlée, enchaîne les bêtises, tout en sachant que son père, ministre, le sauvera toujours de ses casseroles.

Mais un jour, Nicolas va trop loin et tue une jeune fille. Grâce à son père, le meurtre est maquillé, Nicolas est disculpé mais est assigné à résidence, en dehors de ses heures de cours, par son père. Cette punition est là pour lui faire prendre conscience de sa faute et se remettre en question.

Parallèlement, un des hommes de main du Ministre tâche de trouver un homme au fond du trou qui accepterai d’endosser ce meurtre, moyennant rémunération et quatre vingts jours pendant lesquels ses rêves seraient réalisé avant d’aller en prison.

Dominique va être cet homme là. Chômeur, perdu, sans famille, il accepte et son rêve à lui est de passer ces fameux quatre-vingt jours dans une ferme au calme. L’homme de main du ministre et Dominique s’en vont donc dans la ferme de Martine s’isoler du monde extérieur que Dominique a en horreur.

Deux choix de vie, l’un par dépit, l’autre par peur de la prison. Deux destins qui se croisent, deux hommes que ces quelques jours vont transformer.

Dominique va redécouvrir les plaisirs simples de la vie et sa nature candide et vraie vont lui ouvrir les yeux sur ce qu’il voudrait vraiment.

Quant à Nicolas, ce jeune garçon dont les règles et les devoirs étaient le cadet de ses soucis va, de par son isolement imposé par son père, se laisser envahir par l’horreur de son acte  et s’enfermer peu à peu dans un silence que seul la culpabilité explique.

J’ai beaucoup aimé lire ce premier roman d’Elodie Geffray car, hormis le fait que ce soit un thriller avec un enquête policière, c’est surtout l’aspect psychologique de nos deux personnages qui ressort de cette lecture.Comment vivre avec un meurtre sur la conscience? Comment en arriver à devenir un assassin aux yeux des autres pour sortir de sa précarité? Comment continuer à vivre normalement alors que les démons du passé nous hante?

Un très bon roman, une analyse fine et minutieuse du tréfonds de ces deux âmes, un dénouement dans lequel culpabilité et dévoilement de soi s’entrecroisent. Une réflexion sur les choix que l’on peut faire dans la vie et sur ce qu’ils peuvent nous apporter.

Un livre sur la liberté sous toutes ses formes.

Je conseille vivement cette lecture et remercie beaucoup les Editons Belfond pour cette belle découverte.

Elodie Geffray fera désormais partie de ces auteurs que je vais suivre de près.

Petit extrait:

« Mais s’il pouvait feindre d’ignorer l’affaire Sparadrap devant ses amis, les tourments que lui causaient les images toujours imprimées sur sa rétine n’envahissaient que plus cruellement ses moments de solitude. Il se sentait comme ce Raskolnikov dont il avait finalement lu la destinée, pour tuer le temps et tromper le désespoir, et pas plus que pour le personnage de Dostoïevski, il ne voyait de fin optimiste à son histoire. Les circonstances avaient beau être sensiblement différentes – il n’y avait eu, dans son cas, ni préméditation ni choix délibéré de tuer- , il ne reconnaissait que trop nettement ses peurs et son malaise grandissant dans ceux de ce prophétique personnage. Et cela ne faisait qu’alimenter son angoisse: arriverait-il un jour à retrouver la paix, la joie de vivre? Arriverait-il à se libérer de ce fantôme pernicieux? L’assurance et l’insouciance qui le caractérisaient par le passé l’avaient quitté. A présent, c’étaient le doute et la peur qui le taraudaient. »

Et le silence sera ta peine, Elodie Geffray, Belfond, Février 2016. 


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