Histoire atelier bric à book numéro 20

© Leiloona

Un visage qui se détache sur le ciel morne, vestige d’une civilisation ancienne. La mémoire comment elle se transmet, se perd, se retrouve ? A quoi sert-elle comme l’Histoire ?Qu’est ce qui m’a amené à être fasciné par les vieilles pierres, les légendes  et l’Histoire avec un grand H.

Retour dans le passé, première émotion historique avec le bicentenaire de la Révolution, découvrir quand on est petite que non l’égalité, la liberté et la fraternité ça n’existait pas dans l’ancien temps. Etre étonnée,révoltée ,se dire que c’est étrange que des choses qui nous paraissent évidentes n’aient pas toujours existé. Premier choc dans la petite construction personnelle.

Autre souvenir d’ado, un film, une claque, une envie de vomir et un malaise persistant pendant toute la journée. Comment comprendre l’innommable ? Comment accepter ces images des camps de la mort, de ces personnes qu’on assassine sur fond de pellicule noir et blanc. Envie de révolte, d’espérer que l’histoire sert au plus jamais ça. Encore un autre souvenir en écho: une petite dame toute fragile, proprette, un peu vieille, très  vielle pour mes yeux de petite fille avec un étrange matricule sur le bras. Comprendre des années après et pleurer.

Autre bond dans le temps, les adultes qui parlent plus fort, ont l’air content, disent que c’est historique, à la télé un mur coupé et un violoncelliste qui joue. Ne pas bien comprendre le moment mais l’enregistrer dans sa mémoire.

Une guerre mais ça n’existe plus à part  dans les livres d’histoire, première guerre télévisuelle avec la 1ere guerre du Golfe. Oh les images satellites avec elles, on a presque l’impression d’un jeu vidéo grandeur nature et pourtant c’est bien réel. Alors ça ressemble à ça une guerre moderne!

Dernier choc qui remet en cause la notion même de progrès, 2 tours qui s’écroulent en 2001, une fascination morbide pour ces images au retour de la fac. Avoir du mal à s’en remettre. Et tant d’autres, pleins d’évènements qui seront qualifiés d’historiques et qu’on perçoit ou pas.

Des chocs et des interrogations en cascade voilà l’histoire, mais en grandissant, on se rend compte que savoir ne suffit pas. Au départ, on se dit que non ce n’est pas un eternel recommencement et pourtant, la crise comme celle de 1929 ? L’homme apprend il de ses erreurs ?

J’ose à croire que oui mais pas tous malheureusement, alors tous les ans je recommence à enseigner la découverte des valeurs humanistes, des grandes découvertes, la Révolution, et tant d’autres moments entrés au panthéon scolaire, en espérant un changement. Mais est ce suffisant dans un monde qui va à cent à l’heure et dont la télé parle à longueur de journée de moments historiques et qui n’a plus de mémoire ? N’est ce pas courir contre des moulins à vents ?

Face à ces ruines, je me dis que finalement l’Histoire c’est à la fois ces vestiges, ces traces mais c’est surtout ce que l’on en fait. Que loin du fatalisme ambiant, c’est nos actions, nos rêves qui la modèle et que tout peut arriver, après tout avant mai 1968 on disait bien que la France s’ennuyait non ?

©eirenamg